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lundi 8 septembre 2025

The Damned de Þórður Pálsson (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Alors qu'avec un titre pareil l'on aurait été en droit de penser que The Damned abordait pour une énième fois un cas de possession avec comme conclusion, son exorcisme, le récit n'a en fait aucun rapport. À vrai dire, le tout premier long-métrage du réalisateur et scénariste islandais Þórður Pálsson s'inscrit dans un sous-genre de l'horreur appelé Folk Horror. Un type de long-métrage auquel certaines œuvres lui ont offert ses plus belles lettres de noblesse. Et parmi elle, le mythique The Wicker Man de Robin Hardy qui demeure plus de cinquante ans après sa sortie comme l'un de ses plus remarquables représentants. Plus récemment, nous citerons les excellents The VVitch de Robert Eggers en 2015, Apostle de Gareth Evans en 2017 et Midsommar d'Ari Aster l'année suivante. Pour ses premiers pas au cinéma après avoir réalisé quatre courts-métrages puis autant d'épisodes de la série Les meurtres de Valhalla, Þórður Pálsson se repose sur un script écrit de sa propre main ainsi que celle du scénariste Jamie Hannigan, lequel a également débuté dans l'écriture et la réalisation de courts-métrages avant de scénariser son premier film cinéma avec Pilgrimage de Brendan Mudlowney en 2017. D'une durée de quatre-vingt neuf minutes qui lui aurait sans doute permis de gagner en intensité s'il avait été écourte de dix ou quinze d'entre elles, The Damned demeure pourtant une œuvre très intense. L'action se déroule lors de l'équinoxe et dans un village de pêcheurs retenus sur place par les rigueurs d'un hiver particulièrement rude. Neige et glace recouvrent le paysage tandis qu'Eva, la gouvernante Helga, la timonier Ragnar et une poignée d'hommes s'inquiètent de n'avoir sans doute pas de quoi tenir jusqu'à la fin de l'hiver. Tandis que le groupe de pêcheurs s'apprête à reprendre le chemin de la mer pour tenter de trouver du poisson, au large un bateau a chaviré et les survivants demandent qu'on vienne les sauver. Mais selon Ragnar (l'acteur écossais Rory McCann), aller les secourir est la certitude de condamner tout le groupe à une mort certaine. Et pour cause : les ressources diminuent dangereusement et ajouter des bouches à nourrir serait selon lui une erreur. La décision appartient alors à Eva de choisir s'ils doivent aider les naufragés qui risquent de mourir de froid ou non. Suivant les conseils de Ragnar, la jeune femme doit se contraindre à suivre son conseil, condamnant ainsi les naufragés à une mort certaine par le froid...


Un soir, alors qu'ils décident tous de se rendre sur le lieu de l'accident afin de récupérer des vivres qui se seraient échouées, Eva, Ragnar et les autres tombent sur des rescapés qui les supplient de les aider. Mais là encore, nos pêcheurs s'y refusent et la scène tourne mal. L'un des naufragés se retrouve la mâchoire fracassée avant de s'enfoncer sous les flots. Attaqué, Ragnar est lui-même attiré par le fond et disparaît sous les eaux. De retour à la station, Eva et le reste des pêcheurs, désarçonnés, s'apprêtent alors à vivre les pires moments de leur existence... The Damned n'ayant donc aucun rapport avec une quelconque emprise démoniaque, le long-métrage de Þórður Pálsson nous plonge dans une ambiance éthérée, glaçante, parfois effroyable (la vision de ce corps qui disparaît sous les flots ou la vomitive éviscération pratiquée sur la plage) mais aussi et surtout d'un esthétisme absolument remarquable. Éclairé semble-t-il à la bougie, le film est une succession de tableaux dont la magnificence est due au remarquable travail effectué par le directeur de la photographie islandais Eli Arenson auquel on doit une enluminure, une colorimétrie et un grain très particuliers. Austère et anxiogène, mais d'une beauté à couper le souffle. Un long-métrage qui prend son temps, sur un rythme langoureux mais non dénué de mystère, avec une Odessa Young très convaincante dans le rôle d'Eva, jeune veuve qui va être au cœur d'une malédiction qui ne sera pas sans rappeler un certain The Fog de John Carpenter signé trente-cinq ans auparavant. En effet, The Damned ressemble à ce qui pourrait figurer comme étant les préliminaires de l'aventure que vécurent les personnages du film culte du cinéaste américain alors assiégés par les fantômes d'un capitaine de navire et par ses hommes qui selon la légende auraient été abandonnés à leur triste sort alors qu'ils désiraient se réfugier à Antonio Bay, petit village de pêcheurs où se situait l'action de The Fog. Ajoutant d'autres similitudes comme le pillage du navire en question, l'Elizabeth Dane, la proximité entre les deux récits est troublante. Cependant, le traitement est radicalement différent. Malgré un brouillard là encore similaire à celui que l'on pouvait remarquer durant le récit de The Fog, visuellement, The Damned ne doit ses qualités artistiques à personne d'autre que son directeur de la photographie. Þórður Pálsson signe avec son premier long-métrage, une véritable œuvre d'art. Angoissante, ancrée dans le folklore islandais et superbement interprété par Odessa Young, Rory McCann, Siobhan Finneran, Joe Cole et le reste du casting...

 

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