Je n'ai jamais vraiment
réussi à comprendre l'emballement autour de Jackie Berroyer.
Personnage sympathique, il est vrai, mais bon, côté ''acting'',
faut quand même pas pousser l'adoration au point de le considérer
comme un excellent interprète ! Après, le pauvre, sans doute n'y
est-il pour rien dans cette manière sans cesse hésitante,
chevrotante qu'il a d'incarner les rôles qui lui sont offerts au
cinéma. Cependant, l'on pourra en contrepartie affirmer que cette
vision toute personnelle de l'art de se fondre dans la peau de
certains personnages lui sied à ravir lorsque le génial Fabrice Du
Welz l'emploie sur le tournage de Calvaire
en 2004. Incarnant Bartel, un type totalement perché qui accueille
dans son antre Marc Stevens (excellent Laurent Lucas), chanteur
ringard pour maisons de retraites (la séquence d'ouverture située
dans un hospice situé dans les Ardennes belges demeure d'ailleurs
l'une des plus inconfortables qu'ait tourné le cinéaste) avant de
le confondre avec son épouse regrettée... Sept ans auparavant et
sur un ton nettement plus léger, la réalisatrice Harmel Sbraire
l'engageait sur le plateau de L'annonce faite à
Marius.
Unique long-métrage pour cette dernière qui à l'occasion de cette
première et donc dernière œuvre en tant qu'auteur réunit à
l'image Jackie Berroyer et l'ancien Inconnus,
Pascal Légitimus. Deux ans après Les trois
frères
de ses compagnons du rire de l'époque Didier Bourdon et Bernard
Campan et après avoir été contraint de se séparer d'eux pour
cause de différent juridique avec leur producteur Paul Lederman (les
trois hommes n'ayant alors plus le droit d'apparaître ensemble à
l'écran), Pascal Légitimus incarne le rôle-titre. Sur les conseils
d'un jeune distributeur de prospectus avec lequel il travaille,
Marius jette à l'égout ceux qui lui ont été confiés.
Malheureusement pour lui, il a été photographié lors du délit et
se retrouve immédiatement mis à la porte. Son jeune collègue lui
conseille alors cette fois-ci de se présenter comme candidat dans un
cabinet médical afin de tester de nouveaux médicaments. Un emploi
particulièrement fructueux qui devrait enfin lui permettre de payer
ses factures. Mais son groupe sanguin ne correspondant pas aux
attentes des chercheurs, il est remercié... jusqu'à ce qu'il tombe
tout à fait par hasards sur l'un d'entre eux, dont les méthodes de
recherches sont relativement singulières...
En
effet, le professeur Migeon qu'interprète donc Jackie Berroyer
propose à Marius de lui servir de cobaye contre la coquette somme de
douze-mille francs ! Mais alors que Marius s'attendait à suivre
un protocole classique, l’obstétricien va lui faire avaler un
médicament qui le rendra malade afin de mettre en place une
expérience tout à fait inédite... Si à l'époque de sa sortie
L'annonce faite à Marius
pouvait paraître tout à fait fantaisiste, de nos jours, certains
sont désormais convaincus que le projet fou du professeur Migeon
pourrait être très facilement envisageable. Loin de cette
pathologie rarissime qu'est le pseudocyesis masculin dont moins de
vingt cas ont été recensés, la gestation masculine qui pour
l'instant n'est un principe appliqué qu'à certains animaux comme
l'hippocampe est donc au centre de ce récit tout à fait farfelu
écrit par la réalisatrice avec la collaboration de... Jackie
Berroyer. Comédie qui aurait pu n'être que foncièrement anodine si
elle ne traitait pas d'un sujet aussi dénué de tout sens que la
gestation masculine chez l'homme, L'annonce faite
à Marius
permet notamment de retrouver à l'image la toute craquante Léa
Drucker dans le rôle de Brigitte. Un rôle dont les contours sont
malheureusement mal définis. Comme si la réalisatrice n'avait eu
surtout comme seule intention que d'ajouter une touche de féminité
dans une intrigue presque cent pour cent masculine tournant pourtant
autour d'un sujet qui touche essentiellement le sexe féminin !
À dire vrai, L'annonce faite à Marius
est léger, très léger, comme un très long sketch qui aurait sans
doute eu sa place à l'époque dans un programme de la chaîne
Canal+.
Une comédie qui finalement semble avoir été faite pour Jackie
Berroyer dont la faiblesse du jeu colle à merveille avec ce
personnage de scientifique ''fou''. Pascal Légitimus s'y perd, comme
attendant son retour au sein du célèbre trio dont il fut l'une des
trois incarnations. Au final, le long-métrage de Harmel Sbraire est
une toute petite comédie, qui exige d'être abordée par les
spectateurs avec simplicité. Le genre d'intrigue que l'on suit sans
déplaisir mais qui à aucun moment ne marque véritablement les
esprits. Une œuvre qui passe malheureusement à côté du titre
d'O.F.N.I...
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