Originaire de Mexico, le
réalisateur, scénariste et producteur mexicain Rigoberto Castañeda
est revenu en 2024 avec son dernier long-métrage intitulé TurnoNocturno.
S'inscrivant dans le même registre que l'excellent Nattevagten
du danois Ole Bornedal sorti quant à lui en 1994, il met en scène
l'actrice Paulina Gaitan dans le rôle d'une jeune infirmière
fraîchement débarquée dans un hôpital où elle est prise à
l'essai pour un mois. Rebeca Garcia fait tout d'abord connaissance
avec le personnel de nuit. Et parmi ses nouveaux collègues, un
médecin qui va lui donner du fil à retordre ainsi que deux autres
infirmières qui comme elle assurent le service de nuit. Pieuse,
s'affligeant des sévices corporels et relativement peu
communicative, Rebeca peut compter sur le soutien de la doyenne des
infirmières. Habitée par le décès de son père qu'elle a veillé
les trois dernières années, la jeune femme rencontre des
difficultés avec ses collègues féminines. Mais également avec
l'un des médecins chirurgiens de l'hôpital qui, attiré par Rebeca,
la harcèle moralement et physiquement. Sa période d'essai se
déroulant relativement mal, elle collabore notamment à une
intervention qui vire au carnage (premier intervention d'une horreur
particulièrement graphique qui vire à l'absurde) et dont elle devra
assumer les conséquences pour ensuite assister à des événements
surnaturels. En effet, le phénomène se produisant à intervalles
réguliers, le fantôme d'une ancienne infirmière rôde dans les
couloirs de l'hôpital et semble vouloir s'en prendre directement à
elle... Le script de Rigoberto Castañeda prend rarement fait et
cause pour son héroïne qui subit non seulement les conséquences de
son statut professionnel mais qui en outre doit faire face à des
événements incontrôlables. Si l'on doit réellement comparer Turno
Nocturno
et Nattevagten,
le long-métrage du mexicain ne pèse pas lourd. En effet, son
approche de la mise en scène et de la direction d'acteurs est
parasitée par des choix artistiques qui au mieux plombent le film
(rythme soporifique, séquences répétitives) et au pire rendent
l'ensemble ridicule. Sur ce dernier point, l'infirmière démoniaque
évoque la nonne du long-métrage éponyme signé de Corin Hardy en
2018...
Difficile
en effet de ne pas corréler l'une et l'autre de ces figures de
l'épouvante et du fantastique tant Rigoberto Castañeda manque
d'inspiration. Visuellement, Turno
Nocturno
est plutôt propre. Tant et si bien que l'on a parfois l'impression
qu'un certain nombre de séquences furent tournées sur fond vert.
Mais le plus navrant reste l'attitude de l'infirmière démoniaque.
Cette manière de se déplacer comme si ses pieds avaient été
coulés dans le béton. Démarche grotesque, visage blafard planqué
derrière un linge recouvrant une bouche défigurée, regard
exorbité, cris stridents, son interprète a beau en faire des
caisses, son incarnation reste malheureusement inefficace !
L'horreur, la vraie, il faut aller la chercher ailleurs. Dans le
comportement de ce médecin interprété par l'acteur
américano-mexicain Tony Dalton qui avec son physique à traîner sur
les plateaux des Soap
Opera
incarne pourtant le mâle misogyne à l'état brut. Un type infecte
qui joue de son statut de médecin face à une infirmière dont
l'avenir est incertain au sein du personnel hospitalier. Rigoberto
Castañeda tente bien d'élargir son répertoire en matière
d'horreur avec cette petite touche de Body
Horror
que l'on retrouve notamment lorsque Rebeca s'auto-mutile à l'aide de
lames de rasoirs ou lorsque au fond de son vestiaire apparaît un
torse en mouvement barré d'une énorme cicatrice. Un visuel que
n'aurait sans doute pas renié le David Cronenberg de Videodrome.
Figurant une porte organique menant dans une section isolée et
particulièrement sordide de l'établissement, le film offre à ce
moment précis l'une des rares scènes véritablement immersives du
long-métrage. Une œuvre qui frôle les deux heures et souffre de
nombreuses longueurs. À l'image d'une héroïne incapable de réagir
face aux nombreux événements qui l'assaillent. Lors de la dernière
partie, les choses s'accélèrent. Mise en place d'un dispositif de
caméras de surveillance qui comme on l'avait un peu trop rapidement
deviné révèle la véritable nature de l'infirmière démoniaque et
de Rebeca. Une résolution qui entre en conflit direct avec une
conversation qui eut lieu plus tôt entre la jeune femme et la
doyenne des infirmières. Bref, Turno
Nocturno
est une déception...
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