1997.... Cette année là,
un réalisateur allait bouleverser mon opinion sur l'état du cinéma
français et conforter l'idée que même dans notre beau pays, il
était possible de produire l'équivalent de l’œuvre toute entière
du cinéaste américain John Waters. Mon maître à penser, comme le
fut en littérature un certain Charles Bukowski. Des Pink
Flamingos,
des Female Trouble
et plus encore des Desperate Living,
chez nous, semble-t-il, la chose était inconcevable. Il y eu
semble-t-il quelques tentatives underground mais pourtant
remarquables (le Mongolitos
de Stéphane Ambiel disponible en double programme chez Haxan
Films
aux côtés du cultissime Hated: GG Allin and the
Murder Junkies
de Todd Philips) mais rien de véritablement officiel. Jusqu'en 1997,
donc, et le moyen-métrage Regarde la mer
de François Ozon. Signe avant coureur de ce qui allait jaillir sur
les grands écrans l'année suivante sous le titre Sitcom.
Une flèche pointant directement vers ces programmes médiocres mais
ô combien populaires. Et pourtant, si ce dernier s'était montré
d'un cynisme réjouissant, il dénotait déjà une légère baisse de
régime en la matière de la part du réalisateur François Ozon. En
effet, on y riait sans doute davantage que devant Regarde
la mer,
mais il n'avait probablement pas la capacité de déranger autant que
dans cette aventure d'un peu moins d'une heure détaillant la
rencontre entre une touriste anglaise prénommée Sasha et Tatiana
(Marina de Van, impressionnante), une jeune marginale apparaissant
comme immédiatement menaçante...
Nous
sommes fin 2010 lorsque sort sur les écrans français Potiche,
le treizième long-métrage du réalisateur français. Et les choses,
depuis, ont bien changées. Les vedettes, depuis quelques années
déjà, se sont bousculées au portillon du cinéma estampillé ''
François Ozon'' !
Ne faisant pas fi de cette règle, Potiche réunit
en son sein des noms aussi prestigieux que ceux de Gérard Depardieu,
Catherine Deneuve, Fabrice Luchini ou Jérémie Rénier. Aux côtés
desquels l'on découvre la présence étonnante de la chanteuse
Elodie Frégé. François Ozon aura eu la bonne idée d'attendre sept
ans avant de débaucher la gagnante de la troisième saison de
l'émission de télé-réalité musicale, Star
Academy.
Histoire de faire taire avant qu'ils n'ouvrent la bouche ceux qui
auraient sans doute prétendu que le cinéaste aurait par ce choix,
tenté d'attirer les amateurs de ce genre de shows télévisuels !
S'il n'entretient aucun rapport avec le contexte propre aux Sitcoms
des années
quatre-vingt dix puisqu'il situe son intrigue deux décennies
auparavant, c'est parce que Potiche multiplie
les références à cette époque. Pulls à col roulé bordeaux et en
acrylique. Foulards soyeux, coupe au bol (Jérémie Rénier, qui deux
ans plus tard incarnera Claude François dans Cloclo
de Florent-Emilio Siri ressemble déjà à s'y méprendre à l'un des
plus populaires chanteurs français des années 60/70), mode
vestimentaire, véhicules et fond sonore, tout ou presque renvoie à
cette période de vague insouciance que beaucoup n'ont
malheureusement pas eu la chance de connaître...
Vu
le pedigree de François Ozon, on rêve d'un retour aux sources et
pourquoi pas, de dialogues aussi incisifs que ceux des débuts de
Bertrand Blier (dont les premiers films cultes, je le précise,
datent tous de cette période là). Mais à moins que François Ozon
n'ait décidé de montrer que rien n'a vraiment changé depuis ces
cinquante dernières années, plonger ses protagonistes dans le
courant des années soixante-dix n'a d'intérêt pour lui que de ne
citer personne en particulier tout en évoquant la société et le
monde politiques tels qu'ils demeurent de nos jours. Quant aux
spectateurs, ceux-ci se réjouiront certainement davantage de
l'esthétique du long-métrage que des dialogues poussifs dont on ne
sait jamais vraiment si François Ozon les a choisi pour leur
éventuelle corrélation avec l'époque évoquée. Essentiellement
constituée de standards de la variété française (Michèle Torr,
Il était une fois, Bee Gees, Jean Ferrat ou Julio Iglesias), la
bande musicale à laquelle participe le compositeur Philippe Rombi
est typique de cette nouvelle génération de comédies françaises
assez creuses qui pullulent depuis la sortie de Potiche.
Comme si François Ozon avait posé les bases d'un cinéma fade,
dénué d'imagination et de sentiments vrais. Le pire étant d'y voir
Fabrice Luchini souvent sous-exploité. Même Bruno Dumont saura
prendre le contre-pied de son talent d'orateur en 2016 en
sous-exploitant son phrasé dans l'excellent Ma
loute.
Le treizième long-métrage du réalisateur français donne surtout à
se remémorer l'excellente émission Message à
caractère informatif
de Nicolas et Bruno qui détournait avec talent d'anciens films
d'entreprises et qui pour le coup, s'avérait autrement plus drôle.
Ennuyeux, dénué (ou presque) du cynisme qui chez François Ozon
transpirait par tous les pores par le passé, Potiche
est anecdotique. Pour ne pas dire, totalement dispensable...
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