Bill Duke aura marqué
les esprits des spectateurs dans les années quatre-vingt en
incarnant notamment le rôle de Cooke dans Commando
de Mark L. Lester en 1985 et celui du sergent Mac Elliot dans
Predator
de John McTiernan deux ans plus tard. Acteur d'origine
afro-américaine, il aura également réalisé un grand nombre
d'épisodes de séries télévisées ainsi que quelques
longs-métrages cinématographiques tel que Dernière
limite
(Deep Cover)
en 1992. Réunissant les acteurs Laurence Fishburne et Jeff Goldbum
dans les principaux rôles du flic Russell Stevens et de l'avocat
David Jason, le premier incarne un inspecteur fraîchement débarqué
engagé par Carver (Charles Martin Smith) afin d’infiltrer non
officiellement une organisation constituée de trafiquants de drogue.
Mais pour pouvoir faire tomber la tête du réseau, un politicien
véreux proche du président des États-Unis, il va tout d'abord
s'agir de s'approcher de ses différents responsables. À commencer
par un petit dealer employé par Barbosa (Gregory Sierra). Se faisant
lui-même passer pour un revendeur de drogue, Russell Stevens change
d'identité pour se faire appeler dans le milieu, John Hull.
Parvenant à se rapprocher de Barbosa, sa mission est financée par
Carver qui lui fournit l'argent nécessaire aux transactions menées
avec les trafiquants de drogue. C'est ainsi que le personnage incarné
par l'excellent Laurence Fishburne qui à l'époque se fait encore
généralement prénommer Larry fait la connaissance de celui
interprété par Jeff Goldblum. Avocat travaillant pour Barbosa, ce
dernier est marié et semble vivre une existence tout à fait
normale. Alors que Russell/John gravit peu à peu les échelons, le
policier plonge peu à peu dans un univers violent, contraint
lui-même d'assassiner un gros dealer concurrent pour assurer sa
couverture... Et s'il s'était juré de ne jamais se laisser happer
par cette violence et le milieu qu'il combat (il assista en effet à
la mort de son père lors du braquage d'un magasin d'alcool vingt ans
plus tôt), en fréquentant le Milieu, Russell/John va peu à peu se
laisser glisser, jusqu'à la dérive. Son sens de la justice
parviendra-t-il à le ramener dans le droit chemin? Écrit par le
réalisateur et écrivain Michael Tolkin et le scénariste,
producteur, acteur et réalisateur Henry Bean est un thriller méconnu
du début des années quatre-vingt dix qui mérite amplement que l'on
s'y intéresse. Tout d'abord parce qu'il est intéressant de
découvrir une œuvre signée d'une vraie gueule du cinéma d'action
de l'époque en la personne de Bill Duke.
Ensuite,
parce que ses deux principaux interprètes et ceux qui les suivent
dans cette histoire sont en général d'excellents acteurs.
S'agissant de Laurence Fishburne, deux ans auparavant, il apparaîtra
dans le rôle de Jimmy Jump, le bras droit de Frank White, personnage
central du chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, The
King of New York !
Après y avoir incarné l'un des membres d'un gang de trafiquants de
drogue au cœur d'une œuvre très sombre et remarquablement mise en
scène par celui qui réitérera l'exploit de signer un classique du
genre avec Bad Lieutenant
deux ans plus tard, Laurence Fishburne est donc ici pris à
contre-emploi. Face à des criminels et des trafiquants de drogue
endurcis, le scénario lui oppose un Jeff Goldblum qui a connu la
consécration six ans auparavant grâce à son personnage de Seth
Brundle dans le mémorable La mouche
du canadien David Cronenberg. Un personnage ici corrompu mais qui, au
contact du flic se révélera relativement attachant. Un binôme
inattendu dans un récit multipliant les moments de bravoure. Malgré
d'innombrables critiques négatives, Dernière
limite est
en réalité un excellent thriller. Porté par un duo qui fonctionne
parfaitement, le film décrit l'infiltration d'un flic dans un réseau
de drogue. L'histoire nous est ponctuellement contée en voix-off.
D'où l'intérêt de le découvrir dans sa version originale puisque
c'est Laurence Fishburne lui-même qui évoque cette facette de
l'existence de son personnage. Compositeur français né à Marseille
et mort à Santa Monica aux États-Unis, Michel Colombier a signé de
nombreuses bandes originale chez nous mais aussi à l'étranger.
Collaborateur de Serge Gainsbourg dans le courant des années
soixante, il signe avec Deep Cover
une bande originale portée sur des rythmiques rap même si les
textes sont relativement rares. Porté par l'excellente photographie
de Bojan Bazelli, le long-métrage se nimbe d'une ambiance parfois
très sombre, nocturne et humide qui rappelle celle des deux films
d'Abel Ferrara cités plus haut. À cela, rien d'étonnant puisqu'il
fut justement chargé deux ans plus tôt de celle de The
King of New York.
Notons enfin que parmi les rôles secondaires l'on retrouve l'acteur
Sydney Lassick dont la carrière fut surtout marquée par sa présence
au sein du casting de Vol au dessus d'un nid de
coucou
du réalisateur Miloš Forman. Il y incarnait effectivement le rôle
de Charlie Cheswick, l'un des patients de l’hôpital psychiatrique
où le héros interprété par l'immense Jack Nicholson allait être
interné...
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