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lundi 14 juillet 2025

I Love You de Marco Ferreri (1985) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Cinéaste italien à être passé maître dans l'art de la provocation et pour certains dans celui du mauvais goût, Marco Ferreri abordera les thèmes de l'anthropophagie, du sadomasochisme, du suicide collectif, de l'automutilation, de la folie humaine sous toutes ses formes et autres joyeusetés, faisant souvent scandale comme lors de la projection de La grande bouffe au festival de Cannes en 1973 où une partie du public les sifflera lui et son œuvre. Auteur de quelques chefs-d’œuvre comme le formidable Le Mari de la femme à barbe dans lequel Ugo Tognazzi y rencontrait une Annie Girardot atteinte d'hypertrichose, Marco Ferreri n'a pas connu que le bonheur de voir ses films être hissés au panthéon du septième art puisque I Love You fut de manière presque générale descendu par la presse. Tout d'abord affligé de remarques acerbes lors de son passage à Cannes (qui depuis un certain temps est devenu le Festival des Cons!) en 1986 lors de sa présentation en compétition, il est vrai que pour son vingt-cinquième long-métrage (téléfilms compris mais œuvres collaboratives exclues), Marco Ferreri réalise un long-métrage plutôt faible, évoquant la curieuse emprise d'un porte-clés en forme de tête de poupée sur son nouveau propriétaire qui lors d'une balade trouve l'objet sur le sol... Notre héros prénommé Michel est-il devenu fou ? La réponse semble être oui, du moins jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de Pierre (l'acteur Marc Berman), ''heureux'' propriétaire lui aussi d'une tête de poupée dont la seule différence est la couleur des yeux. Objets de fantasme devenus indispensables pour l'un comme pour l'autre des deux hommes, ils ont a particularité de prononcer la phrase ''I Love You'' lorsque l'on siffle. Incarné par Christophe Lambert qui vient tout de même d'enchaîner avec Greystoke, la légende de Tarzan de Hugh Hudson, Subway de Luc Besson et Highlander de Russell Mulcahy, pour l'acteur la prise de risque de tourner pour ce projet apparemment fou du cinéaste italien est énorme. L'on retrouve le regard et le rire si particulier de l'acteur franco-américain dont la présence à l'écran est renforcée par celle de l'acteur et chanteur Eddy Mitchell qui incarne Yves, ami et voisin un brin collant de Michel, mais aussi celles d'Agnès Soral, Flora Barillaro, Laurence Le Guellan, Laura Manszky ou de Jeanne Marine dont les personnages de femmes tombent toutes ou presque systématiquement et de manière incompréhensible sous le charme du jeune homme.


Un individu pourtant très peu entreprenant, voire même distant, ne s'exprimant que lorsque cela lui semble vraiment nécessaire, Christophe Lambert apparaît donc dans un rôle quasi autiste, ne réservant sa parole qu'en de rares occasions et majoritairement à l'attention de ce petit objet qu'il conserve précieusement, avec lequel il dort ou part travailler. Une complicité entre l'homme et cet objet qui répète sans cesse la même petite phrase. I Love You mêle ainsi la solitude de son principal personnage, véhiculant une profonde tristesse dans un univers dont la froideur est parfaitement retranscrite à l'image. Malgré un sujet qui tourne autour de la paraphilie et connaissant l'amour de Marco Ferreri pour la provocation, le long-métrage demeure relativement sobre. En dehors d'une séquence lors de laquelle Michel se masturbe devant son écran de télévision sur lequel il vient de fixer la petite tête de poupée, I Love You a peu de chance de retourner les estomacs des plus fragiles. Tout au plus le film emmerdera prodigieusement ceux qui n'auront pas détecté ces pointes de poésie ou de mélancolie qui traversent pourtant cette œuvre pas toujours facile d'accès. L'on reprochera sans doute au réalisateur et à ses interprètes leur approche expérimentale du sujet et ce que l'on peut déceler comme part d'improvisation dans le jeu et les dialogues. Le scénario, en outre peu inspiré et pourtant écrit en collaboration entre Marco Ferreri, Enrico Oldoini et Didier Kaminka, contraint ses interprètes à tourner en rond sans que le récit n'évolue réellement. L'ennui du spectateur devenant ainsi sans doute la projection de celui que vivent ses personnages. L'on notera tout de même le choix des décors de Jean-Pierre Kohut-Svelko avec lequel collabora le cinéaste polonais Andrzej Żuławski dix ans plus tôt sur le bouleversant L'important c'est d'aimer. Ce même goût pour les lieux austères qui laissent augurer une vision monotone dans la vie des personnages. Un univers ''zulawskien'' qui transmet au spectateur une certaine froideur que pas même le chaleureux timbre de voix de Christophe Lambert ne parvient à lui transmettre. Bref, I Love You est un curieux film, dont le contexte évolue peu et plutôt timidement. Une œuvre mineure dans la carrière de son auteur et dans laquelle l'on assiste à quelques intéressantes apparitions (Anémone, Jean Reno) mais qui mérite tout de même d'être découverte... avant d'être rapidement oubliée...

 

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