Avec son affiche dans le
plus pur style du cinéaste britannique Ken Loach, Un monde
violent
entre de plain-pied dans cet exercice du cinéma qui consiste à
examiner un fait de société sous l'angle le plus crédible qui
soit. Et même si son auteur, le scénariste et réalisateur français
Maxime Caperan, ne pousse pas le curseur du vérisme dans ses
derniers retranchements, l'on est pourtant beaucoup plus proche du
docu-fiction que du blockbuster américain. Quoique le terme de
docu-fiction ne se prête en réalité pas vraiment à ce
long-métrage, le premier de fiction pour son auteur qui jusque là
n'avait tourné que trois courts-métrages ainsi que le documentaire
Les enfants de la patrie
en collaboration avec Eva Sehet. Dans celui-ci, les deux cinéastes
se penchèrent en 2019 sur les tortures qu'infligèrent des
militaires français sur le peuple kanak en 1988. On peut donc
supposer que Maxime Caperan est un cinéaste engagé et qu'Un
monde violent
sera une nouvelle fois pour lui, l'occasion d'aborder l'une des
thématiques qui lui sont chères. Écrit aux côtés de Thomas
Finkielkraut, le scénario repose sur l'histoire de deux frères, Sam
et Paul. Deux employés d'une entreprise de vente de matériel divers
par correspondance qui n'ont pas l'intention d'y faire de vieux os et
qui avec la complicité de leur collègue Suzanne s'apprêtent à
braquer l'un des semi-remorques de leur entreprise qui renferme des
palettes de iPhone.
Après que Sam ait endormi le chauffeur à l'aide d'un gaz, Thomas
prend le volant du camion et suit son frère installé à l'avant
d'un véhicule utilitaire. En chemin, le chauffeur du camion se
réveille. Pris de panique, Thomas le frappe à plusieurs reprises.
Une fois isolés, les deux véhicules s'arrêtent et les deux frères
s'emparent de la marchandise... Le lendemain, la police est sur le
lieu de travail des deux hommes. Si le vol des téléphones est déjà
en soit un acte grave, Sam et Thomas apprennent surtout que le
chauffeur n'a pas survécu aux coups qu'il a reçu. Très rapidement
interrogés par la police, les deux frères se retrouvent plus ou
moins soupçonnés. En cause : la récente libération de Thomas
de prison après qu'il ait purgé une peine pour coups et
blessures...
Ce
qui ne devait être qu'une histoire de braquage ne faisant intervenir
que des biens matériels se transforme donc en un mélange de drame
et de thriller policier qui malgré ce que l'on pouvait en attendre
n'est au final qu'un film certes sympathique, mais pas vraiment
maîtrisé de bout en bout. Dans le rôle de Suzanne l'on retrouve
l'actrice Olivia Côte qui comme à son habitude est impeccable. Seul
soucis : l'implication de son personnage va se révéler
relativement secondaire. Tout comme celui de celle qui va incarner sa
fille à l'écran, l'actrice Bonnie Duvauchelle. Née de l'union des
acteurs Nicolas Duvauchelle et Ludivine Sagnier, celle-ci et celle
qui joue donc le rôle de sa mère se retrouvent à l'arrière-plan
de la relation qui unit les deux frangins. Deux personnages
interprétés par le franco-suisse Kacey Mottet-Klein et le français
Félix Maritaud. Les deux acteurs incarnent donc deux frères dont le
premier a tenté d'aider le second à se réinsérer dans la société
en l'imposant dans l'entreprise qui l'emploie. Si Sam s'impose
théoriquement comme le plus ''prudent'' des deux garçons, Thomas
s'avère quant à lui être un électron libre difficilement
gérable ! Véritable descente aux enfers sans possibilité de
trouver une issue heureuse, Un monde violent
se focalise donc essentiellement autour de ces deux personnages
tandis que l'on aurait sans doute préféré que soit étoffé
l'aspect social entourant les activités des deux frères ou du
couple formé par la mère et la fille Suzanne et Justine,
propriétaires d'une ferme dont la mère rêve tout comme les deux
frères, de changer de vie. Sans abuser de dialogues inutiles,
Maxime Caperan offre à son acteur Kacey Mottet-Klein l'occasion de
transmettre par la seule force de son regard toute la culpabilité
dans la mort du chauffeur même si c'est bien son frère qui est le
seul responsable ! Au final, Un monde
violent
est une jolie tentative de la part d'un réalisateur qui pour son
premier vrai long-métrage de fiction nous raconte les galères de la
vie à travers le prisme de deux frères pleins d'idéaux (certes
plutôt mal retranscrits à l'écran) et qui en amateurs vont
commettre l’irréparable. L'occasion surtout de se remémorer
l'extraordinaire Série noire
que réalisa Alain Corneau en 1979 et dans lequel l'incroyable
Patrick Dewaere devait faire face à toute une série de situations
plus désespérées les unes que les autres. Une comparaison fort
rude pour Un monde violent
qui en comparaison ne fait pourtant (et évidemment) pas le
poids...
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