Les tueurs en séries ont
été et sont toujours si précautionneusement mis en scène au
cinéma, à la télévision ou dans la littérature qu'à force de
répétition, le phénomène peut devenir relativement lassant. Des
plateformes comme Netflix ou
certaines chaînes Youtube
se sont d'ailleurs fait les chantres de documentaires qui parfois
respectent consciencieusement les faits tandis que d'autres s'amusent
à argumenter leur sujets à l'aide des détails les plus scabreux.
Parmi les plus célèbres des tueurs en série, il en est un qui
depuis quelques années fait florès dans les médias. Au même titre
que Theodore Robert Bundy dont les meurtres seront très légèrement
postérieurs à ceux de Edmund Emil Kemper III, les méfaits de ce
dernier eurent lieu entre le 27 août 1964 et le 21 avril 1973. Ses
débuts de carrière démarrent par le double meurtre de ses
grands-parents Maud et Edmund Senior Kemper. Après son internement à
l’hôpital d’État d’Atascadero le 6 décembre 1964 où il sera
traité pour Schizophrénie paranoïde, il est libéré cinq ans plus
tard, le 30 juin 1969 ! Tout ceci constituant la première
partie du long-métrage, l'on constate que le portrait dressé du
tueur par le réalisateur Chad Ferrin est remarquablement fidèle. Et
son truc, à Chad Ferrin, ce sont les tueurs en série justement.
Mais alors qu'il s'était jusque là contenté de dresser des
portraits tout à fait imaginaires, le voici désormais derrière un
projet plutôt ambitieux. Un complément aux trois épisodes de la
série Mindhunter
qui en 2017 furent consacrés à ce Serial Killer coupable d'avoir
commis pas moins de dix meurtres. Une série d'assassinats qu'il
conclut les 21 et 22 avril 1973 en tuant sa propre mère Clarnell
Strandberg Kemper ainsi que la meilleure amie de celle-ci, Sally
Hallett. Si la légende veut que le tueur joua aux fléchettes avec
la tête décapitée et posée sur la cheminée de sa mère, Ed
Kemper
n'y fait pas référence. Et ce que l'on pourrait alors prendre pour
une certaine prudence vis à vis d'un public peu amène de supporter
cette seule évocation n'est en fait qu'un oubli, volontaire ou non.
Car en matière de démonstration, Chad Ferrin n'y va pas avec le dos
de la cuillère. Sous forme de montage en puzzle dont certaines des
pièces sont replacées sur le tard, Ed Kemper
ne lésine effectivement pas en terme d'horreur, et ce, même si le
film n'entre pas tout à fait dans cette section de longs-métrages
entièrement voués aux meurtres les plus sordides et aux effets
gore.
Interprété
par plusieurs acteurs selon l'époque où se déroule l'action, le
personnage central du récit est avant tout incarné par Brandon Kirk
qui à l'occasion est grimé et donc méconnaissable. Le vrai tueur
mesurant deux mètres-six pour un poids de cent-trente six kilos,
treize centimètres séparent donc le véritable Ed Kemper de celui
de fiction. Une différence qui se voit surtout lorsque le personnage
principal est aux côtés de sa mère, de ses victimes ou de
quiconque s'en approche. Selon les différentes classifications du
quotient intellectuel, avec ses 143 de Q.I, Ed Kemper était et
demeure toujours un homme extrêmement intelligent qui souffre donc
malgré tout de Schizophrénie paranoïde. Un homme dont on aurait pu
supposer qu'il aurait pu faire carrière dans une grande profession
plutôt que d'écumer les routes pour y trouver des victimes
potentielles. Le long-métrage respecte les origines des victimes
parmi lesquelles l'on trouve deux femmes d'origine asiatique. Le
tueur utilise couteaux et armes à feu. Face à une mère peu
aimante, voire même méprisante envers son fils et qu'interprète
Susan Priver, Ed tue. Des femmes. Qu'il viol, étrangle, abat d'une
balle, poignarde, avant de les découper en morceaux et de les
photographier comme font bon nombre de tueur en série qui cherchent
à conserver des souvenirs de leurs méfaits ! Plutôt
brillamment interprété, Ed Kemper
ne fait pas l'économie d'actes barbares puisque le néophyte en
matière de criminalité découvrira en outre qu'Edmund Emil Kemper
III pratiquait la nécrophilie sur certains cadavres. Ce qui donne
lieu à des séquences parfois démentes. À l'image de celle où le
tueur sort du placard de sa chambre le corps démembre et décapité
de l'une de ses dernières victimes auto-stoppeuses pour lui ''faire
l'amour'' tandis que dans la pièce à côté, sa mère regarde la
télévision. Ed Kemper est le pendant réel d'un tueur tout à fait
imaginaire rencontré quarante-cinq ans auparavant au détour du film
culte de William Lustig, Maniac.
Où lorsque les rapports difficiles d'un enfant devenu adulte et de
sa mère engendrent un monstre. Bref, pour celles et ceux qui aiment
ce genre de programme, Ed Kemper
s'avère tout à fait recommandable...
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