Il y a des films qui
parfois ont tendance à réveiller de vieilles blessures. Celles qui
eurent un effet dévastateur sur notre ego. Comme en 2007, avec
Paranormal Activity
d'Oren Peli. Cette escroquerie que je me refusais à aller voir sur
grand écran en sachant que l'expérience allait être pénible avant
de finalement me laisser convaincre par cette petite voix insistante
qui dans ma tête m'ordonna de payer ma place ainsi que celle de ma
compagne afin de le découvrir en salle. Ou comme dix ans plus tard,
en 2017, cette fois-ci sans avoir a débourser le moindre centime,
lorsque je posais mes fesses dans le canapé pour assister à la
projection de A Ghost Story
dont son auteur, David Lorewy, n'a sans doute toujours pas encore
aujourd'hui terminé de se donner ce plaisir solitaire qu'évoque
chez lui cette faconde sans intérêt ! En 2025, comme un
cauchemar récurrent, voilà que Steven Soderbergh s'y met à son
tour. Auréolé d'une réputation ''récupérée'' dès 1989 avec
Sex, Lies, and Videotape et
tout au long d'une carrière presque parfaitement accomplie, le voici
qui s'attaque à l'un des grands mythes du cinéma fantastique alors
même que le septième art semble en avoir déjà fait le tour depuis
très longtemps. C'est pourtant avec un concept fort que le
réalisateur et scénariste américain revient dans le média qui l'a
rendu célèbre. Adoubé par la profession dont les éloges sont
aussi nombreuses qu'incompréhensibles, Presence
bénéficie d'un atout, un seul ! Celui de filmer son œuvre du
point de vue de son fantôme. Un ectoplasme qui ne se manifestera
jamais autrement qu'en vue subjective. En théorie, la caméra
s'efface donc au profit d'une entité qui jette un regard persistant
sur une famille dont les quatre membres ont connu des jours
meilleurs. Entre Chris (Chris Sullivan) et Rebekah (Lucy Liu), rien
ne va plus. Alors que le père de famille émet l'éventualité de se
séparer de son épouse, cette dernière se désintéresse de sa
fille Chloe (Callina Lang), adolescente dont la meilleure amie Nadia
fut une ancienne toxicomane récemment décédée. Son frère Tyler
(Eddy Maday) lui présente Ryan (West Mulholland), garçon pour
lequel elle développe un certain intérêt et avec lequel elle
débute une relation. Jeune homme pourtant prévenant, l'entité qui
hante les lieux semble vouloir interagir avec la jeune femme en
s'opposant à l'histoire qui se met en place entre les deux
adolescents.
Filmé
à travers divers plans-séquences, ce n'est qu'à partir de cette
relation naissante entre Chloe et Ryan que Presence
signifie véritablement l'existence du fantôme même si dès les
premières secondes la caméra survole les différentes pièces de la
nouvelle maison des Payne comme le ferait un ectoplasme invisible de
tous. Comme un pressentiment, l'esprit qui demeure en ces lieux tente
d'avertir des dangers qui rôdent autour du personnage de Ryan. Une
perception pourtant difficile de prime abord à quantifier chez le
spectateur. Seul moyen pour l'entité de se manifester : faire
tomber une étagère au moment même où le couple s'apprête à
avoir une relation sexuelle ou plus tard, faire cuter a sol un verre
à l'attention de Chloe qui contient une drogue versée par les soins
de son nouveau petit ami ! Déjà persuadée d'une présence
invisible dans leur domicile, l'adolescente finit par se convaincre
qu'il s'agit peut-être du fantôme de Nadia... L'on a droit à la
sempiternelle intervention d'une médium incarnée à l'image par
Natalie Woodlams-Torres et qui d'emblée ressent une présence. Le
long-métrage de Steven Soderbergh partage avec son public de
longues séquences de quotidiens. Celui de Chloe, évidemment, mais
aussi ceux de ses parents ou de son frère Tyler qui s'agace très
vite du comportement de sa sœur vis à vis de ses croyances.
Échappant au principe des systèmes de caméras témoignant des
exactions d'une entité invisible et faisant de son fantôme une
''créature'' bienveillante, Presence
n'est absolument pas le film d'épouvante qu'il semblait prétendre
être à l'origine. Nul frisson parcourant l'échine du spectateur.
Aucun Jump Scare et pas la moindre vision horrifique ne viendra
perturber les habitudes des amateurs d’œuvres à caractère
surnaturel. Rien qu'une succession de séquences aux dialogues
parfois insipides ne servant qu'à remplir le cahier des charges
réglementaire de tout long-métrage devant tenir sur la longueur.
Le film demeure malgré tout un cran au dessus des deux exemples
cités ci-dessus même si en dehors du concept en vue subjective, le
reste ne suffit pas à faire de Presence
une œuvre remarquable. Et c'est là bien tout le problème. À
n'avoir rien d'autre à proposer que le regard posé d'un fantôme
sur un drame à venir et, il est vrai, à travers de jolis mouvements
de caméra, Steven Soderbergh aurait sans doute mieux fait d'étoffer
ses dialogues au lieu de ne nous servir qu'une succession de discours
fades et stéréotypés...
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