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vendredi 14 mars 2025

Billy the Kid vs. Dracula de William Beaudine (1966) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 

 

Le Crossover est au cinéma, un genre très particulier. Et si dans l'univers des super-héros le concept ne semble pas aussi farfelu qu'il puisse paraître, il est d'autres domaines dans lesquels faire croiser le fer entre deux personnages provenant de deux franchises différentes peut sembler totalement invraisemblable. Voire totalement grotesque. Le plus incongru dans ce domaine n'étant sans doute pas d'avoir provoqué la rencontre par deux fois entre l'Alien de Ridley Scott et le Predator de John McTiernan avec Alien vs Predator de Paul W. Anderson et Alien vs Predator : Requiem de Colin Strause et Greg Strause. Ni même le Jason Voorhees de la franchise Friday the 13th de Sean Cunningham et le Freddy Krueger de la saga A Nightmare on Elm Street de Wes Craven avec Freddy vs. Jason de Ronny Yu. Il faut savoir également que le Crossover n'est pas une notion qui remonte à seulement quinze ou vingt ans puisqu'au siècle dernier, déjà, des auteurs très ''inspirés'' eurent comme projet de produire des œuvres qui elles aussi firent appel à des personnages de fiction faisant la rencontre avec, notamment, certains grands mythes du bestiaire fantastique. C'est ainsi qu'entre 1941 et 1955 le duo d'acteurs et d'humoristes américains Bud Abbott et Lou Costello plus connus sous le nom de scène Abbott et Costell en firent les frais à plusieurs reprises. Ils eurent l'occasion de croiser des fantômes par deux fois dans Hold That Ghost d'Arthur Lubin et John Rawlins en 1941 et dans The Time of Their Lives de Charles Barton en 1946, la créature de Frankenstein dans Abbott and Costello meet Frankenstein également réalisé par Charles Barton en 1948, l'homme invisible dans Abbott and Costello Meet the Invisible Man de Charles Lamont en 1951, Docteur Jekyll et Mr Hyde dans Abbott and Costello Meet Dr Jekyll and Mr. Hyde et la Momie dans Abbott and Costello Meet the Mummy également tout deux réalisés par Charles Lamont en 1953 et 1955. Une dizaine d'années plus tard l'on aura droit à deux des cas d'école les plus improbables du genre grâce au réalisateur américain William Beaudine qui durant de nombreuses années aura mis en scène de très nombreux films muets avant que sa carrière ne ralentisse durant les années soixante et soixante-dix. C'est dans le courant de l'année 1966 qu'il a l'idée particulièrement saugrenue de mélanger deux genres qui n'ont semble-t-il aucune bonne raison de se côtoyer : le fantastique et le western. Et si ce dernier eut parfois l'occasion de s'associer avec l'horreur (Sundown: The Vampire in Retreat d'Anthony Hickox en 1990, Ravenous d'Antonia Bird en 1999 ou encore le parfois très impressionnant Bone Tomahawk de S. Craig Zahler), le voir se mêler à deux des plus grandes figures du fantastique à de quoi laisser le spectateur perplexe.


Alors que je reviendrai sans doute plus tard sur Jesse James Meets Frankenstein's Daughter, parlons pour commencer de Billy the Kid vs. Dracula. Les fans de cinéma et de littérature horrifique savent que Dracula provient à l'origine de l'ouvrage écrit par le romancier irlandais Bram Stoker à la fin du dix-neuvième siècle. Personnage à l'origine littéraire donc, mais dont les sources d'inspiration semblent venir de Vlad Țepeș et de son père Vlad Dracul ayant vécu tout deux au quinzième siècle où ils furent tour à tour princes de Valachie (un état qui avec la Moldavie et la Transylvannie forment trois principautés médiévales dont la population est roumanophone). Dracula est le plus célèbre Vampire du cinéma et fut notamment interprété à une dizaine de reprises par l'acteur britannique Christopher Lee. Contrairement à Dracula, William Henry McCarty, plus connu sous le nom de Billy le Kid vécu réellement. Et si l'on ne connaît pas précisément sa date de naissance, celle de sa mort est bien le 14 juillet 1881. D'après certains, il serait né le 23 novembre 1859 et serait donc mort à l'âge de vingt et un ans. Selon la légende, le jeune homme aurait tué autant d'hommes que le nombre d'années qu'il vécu. Célèbre pour avoir eu la réputation d'être un excellent tireur, le voici donc dans Billy the Kid vs. Dracula opposé au célèbre suceur de sang transylvain. Aussi absurde que puisse apparaître cette rencontre, l'incongruité de leur apparition commune à l'écran n'est en réalité pas effective. Et cela grâce au scénario de Carl K. Hittleman et à la mise en scène de William Beaudine qui demeurent relativement en retrait vis à vis du mythe du vampire ici surtout traité à la manière d'un usurpateur d'identité. La volonté première de Dracula étant de mettre la main sur la magnifique Lisa Oster qu'interprète la non moins sublime Hannie Landman et dont Billy the Kid vs. Dracula sera le seul long-métrage à la mettre en scène. Le but principal du vampire : en faire une morte-vivante, état dans lequel il est lui-même plongé. Mais la jeune et richissime propriétaire d'un ranch (ses parents firent fortune grâce à une mine d'argent) peut compter sur le soutien de William ''Billy le Kid'' Bonney (l'acteur Chuck Courtney) qui n'est autre que son petit ami avec lequel elle pense prochainement se marier. Mais alors que sa mère et son oncle James Underhill sont à bord d'une diligence en compagnie d'un mystérieux individu, celle-ci est attaquée par des indiens en furie et sont tous assassinés... à l'exception de cet étrange personnage vêtu d'un costume et d'une cape noirs !


En fait, Dracula, qui après que la mère de Lisa lui ait tendu une photo de sa très jolie fille n'a plus qu'une idée en tête : la retrouver afin de la faire sienne après s'être fait passer pour son oncle qu'elle n'a jamais vu. Le vampire va devoir composer avec la présence de William mais aussi d'un couple d'allemands dont Dracula/ James Underhill a précédemment tué la fille en la vidant de son sang dans une auberge. Le couple, persuadé de la culpabilité du nouveau venu et de ses origines vampiriques, va réussir à persuader William que celui qui se fait passer pour l'oncle de sa future épouse n'est autre que Dracula... Bon, très honnêtement, on a échappé au pire. Et si certains se montrent particulièrement odieux et agressifs vis à vis de Billy the Kid vs. Dracula, force est de reconnaître que pour un Crossover totalement atypique, le film fonctionne plutôt bien. Outre l'implication du vampire dans le désordre qui régnera bientôt au sein du couple William/Lisa (la jeune femme refuse de croire que l'homme qui s'est présenté à sa porte n'est pas son oncle mais un vampire), celui qui par le passé se fit connaître sous le nom de Billy le kid va de plus devoir soutenir les provocations de l'un des employés de sa fiancée qui voit d'un mauvais œil d'être désormais dirigé par le jeune homme depuis le décès de la mère de Lisa. Le Comte Dracula tout vêtu qu'il demeure de son costume caricatural est incarné à l'écran par l'acteur John Carradine, aux plus de cinq-cent rôles et qui fit notamment le bonheur des amateurs de cinéma d'horreur et d'épouvante en apparaissant dans un certain nombres d’œuvres horrifiques telles que The Hound of the Baskervilles de Sidney Lanfield en 1939, Revenge of the Zombies de Steve Sekely en 1943, House of Frankenstein et House of Dracula réalisés par Erle C. Keaton en 1944 et 1945, The House of Seven Corpses de Paul Harrison en 1973, The Sentinel de Michael Winner en 1977, Shockwave de Ken Wiederhorn la même année ou encore le génial The Howling de Joe Dante en 1981. Quelques exemples de films d'horreur parmi des dizaines d'autres s'inscrivant eux-mêmes au cœur d'une filmographie dense, riche et hétéroclite. Billy the Kid vs. Dracula est pour l'acteur l'occasion d'incarner un vampire caricatural (son apparence vestimentaire), qui n'apparaît pas dans le reflet des miroirs, se transforme en chauve-souris, craint les crucifix mais qui, à contrario, ne semble pas souffrir des rayons du soleil. Mieux, John Carradine n'apparaît pas un seul instant nanti des fameuses dents que tout vampire qui se respecte se doit généralement de brandir devant ses proies au moment de les ''saigner''. Dracula, ici, avant de mordre ses victimes, les ensorcelle, les hypnotise, faisant de ce vampire un descendant direct du cinéma expressionniste allemand lors des séquences d’envoûtement... Après, Billy the Kid vs. Dracula n'est ni un chef-d’œuvre du cinéma d'épouvante et horrifique, ni un modèle de western. Toutefois, l'on aurait pu craindre le pire. Mais la beauté de Hannie Landman, la présence à l'image de John Carradine (papa du ''Petit Scarabée'' de la série Kung Fu interprété par le fiston, David Carradine) et la cocasserie du sujet assurent le spectacle...

 

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