Derrière le projet Hellraiser IV : Bloodline,
il y a deux noms. Tout d'abord, celui de Kevin Yagher, célèbre
maquilleur auquel l'on doit notamment les effets-spéciaux de La
revanche de Freddy,
des Griffes du cauchemar,
de Hidden
ou encore de Child's Play.
S'essayant à la réalisation entre 1990 et 1992 sur deux épisodes
de la série Les contes de la crypte,
le voici donc engagé pour la première et dernière fois de sa
carrière derrière la caméra d'un long-métrage. Car à moins qu'on
le retrouve dans les années à venir à la tête d'un nouveau
projet, celui-ci fut le seul dans lequel il ne s'impliqua pas
seulement du côté des effets-spéciaux. Mais au vu des conditions
dans lesquelles fut traité le résultat final, on peut comprendre
que la perspective de mettre lui-même à nouveau en scène un film
n'ait toujours pas encore été envisagée. Remercié, il est alors
éjecté du projet pour être remplacé par le producteur et
réalisateur Joe Chappelle qui des années après avoir mis lui-même
en scène Halloween 6 : la malédiction de
Michael Myers
se tournera vers la télévision en réalisant notamment des épisodes
pour les séries La treizième dimension,
Les experts : Manhattan
et Miami,
Frindge
ou encore Manifest.
Alors que certaines séquences tournées par Kevin Yagher sont
écourtées, Joe Chappelle quant à lui en tourne de nouvelles qui
seront désormais intégrées au récit. Le film, pourtant, ne
portera ni le nom de l'un, ni celui de l'autre. En effet, la
paternité de Hellraiser IV : Bloodline
revenant malgré tout à Kevin Yagher, celui-ci le renie et c'est
donc sous le nom d'Alan Smithee que sort sur les écrans américains
le 8 mars 1996 et en France le 4 juin 1997 le quatrième opus de la
franchise Hellraiser.
Un nom, un pseudonyme qui généralement permet aux cinéastes
mécontents de leur film de ne pas y voir apparaître leur nom au
générique. Un peu à la manière de David Lynch qui renia par
exemple la version télévisée de son Dune
en 1988... Et pourtant, plus que la production
chaotique que le long-métrage paraît être et bien qu'il fut le
dernier de la saga à franchir les portes des grandes salles de
cinéma, Hellraiser IV : Bloodline
surpasse de très loin les deux précédents volets indignement
réalisés par Tony Randel et Anthony Hickox.
Un
effort certain a été fourni par le chef décorateur Ivo Cristante
et le directeur de la photographie Gerry Lively même si une fois
encore l'ambiance générale font ressembler le film à un pâle
téléfilm plutôt qu'à un authentique long-métrage ayant pour
vocation d'ensanglanter les salles obscures. Après que les budgets
n'aient cessé d'augmenter, passant de un million de dollars pour
Hellraiser : le pacte
à trois puis à cinq pour les deux volets suivants, le financement
de ce quatrième opus est revu à la baisse avec un rabais d'un
million de dollars par rapport au précédent. Ce qui vaut surtout à
Kevin Yagher et ensuite dans une très moindre mesure à Joe
Chappelle de devoir se débrouiller avec quatre millions de billets
verts. Comparé à ses prédécesseurs, Hellraiser
IV : Bloodline
se montre réellement ambitieux. Kevin Yagher et le scénariste Peter
Atkins qui œuvre sur la saga depuis Hellraiser
2 : les écorchés
font table rase d'une bonne partie des antagonistes et des héros des
récits passés pour ne plus se concentrer que sur le plus iconique
d'entre tous, Pinhead
que continue à interpréter avec acharnement l'acteur Doug Bradley.
Apparaissant plus tôt que ne l'avait tout d'abord envisagé Kevin
Yagher après le remontage de son film, Pinhead
ne sera cependant pas la seule représentation maléfique du film
puisque l'on pourra observer la présence de plusieurs ''modèles''
de Chatter Beast
ou, chiens de l'Enfer. Des créatures canines écorchées et animées
à la ''vas-y
comme j'te pousse''.
Mais l'un des véritables intérêts principaux de ce nouvel opus est
bien la présence à l'écran de l'actrice chilienne Valentina Vargas
dans le rôle d'Angélique. Un prénom tout à fait antinomique avec
le personnage de démon qu'elle incarne mais dont l'importance est
considérable puisqu'elle n'est pas moins que la toute première
cénobite à avoir été créée à partir du Cube. Mais pour mieux
intégrer ce tout nouveau personnage, Peter Atkins crée trois
époques durant lesquelles divers protagonistes vont évoluer. Tout
commence donc curieusement en 2127 dans l'espace. Paul Merchant
(Bruce Ramsay) tente de déclencher le mécanisme du Cube en se
servant à distance d'un petit androïde. Au moment même où il
parvient à occasionner le retour de Pinhead,
il est arrêté par l'officier Rimmer (l'actrice Christine Harnos)
qui ordonne à ses soldats d'emmener le prisonnier dans leur
vaisseau.
Questionné
par la jeune femme, Paul lui raconte l'histoire de sa famille en
remontant près de quatre-cent ans en arrière lorsque son ancêtre,
le fabriquant de jouets Philippe Lemarchant (qu'incarne une nouvelle
fois Bruce Ramsay) créa une boite-puzzle à l'attention du Duc de
L'Isle (Mickey Myers), un prêtre des forces occultes qui à
l'occasion d'un guet-apens orchestré avec l'aide de son complice
Jacques (Adam Scott) va se servir d'une jeune femme et du Cube
ainsi
créé par Philippe pour ouvrir les portes de l'Enfer et ainsi faire
apparaître le tout premier cénobite en la personne d'Angélique.
Hellraiser IV : Bloodline passe
donc allégrement du futur au passé et jusqu'à ce qui semble être
notre présent. L'occasion pour Bruce Ramsay d'incarner un troisième
membre de la lignée des Merchant sous le prénom de John ! Si
cette approche de l'univers de Hellraiser
peut tout d'abord étonner. Voire même questionner quant à son
intérêt, à vrai dire, le scénario de Peter Atkins tombe pile poil
pour relancer la franchise. En effet, le film est plutôt bien
construit et les différents passages d'une époque à l'autre
évitent au long-métrage de tomber dans l'ennui. Quelques rares
décors font enfin honneur à l'univers extra-dimensionnel cher aux
cénobites avec ses étonnantes coursives mêlant, dans l'esprit,
parfois celles de l'Alien de
Ridley Scott et celles des deux précédents opus de la franchise
Hellraiser.
Débarrassé des ridicules Camerahead,
CD
et autre Pistonhead,
Hellraiser IV : Bloodline
intègre donc la version terminale d'Angélique ainsi que deux frère
jumeaux dont le désir de ne jamais être séparés va être exaucé
de manière fort cynique pour donner naissance au double cénobite
Siamese Twins.
Hellraiser IV : Bloodline n'est
certes pas un grand film. Mais au delà des critiques que l'on
pourrait lui faire, et au vu du chaos qui régna apparemment durant
et après son tournage, le résultat n'est finalement pas aussi
mauvais que l'on aurait pu le craindre. Ce quatrième opus permettra
à ses financiers de retrouver à minima leur mise de départ puisque
les résultats finaux montreront que le film aura rapporté sur le
seul territoire américain plus de neuf millions et trois-cent mille
dollars. Soit près de deux-cent trente pourcents du budget
initial...
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