Sorti aux États-Unis
quatre ans après le second volet de la franchise, Hellraiser
III
(Hellraiser III : Hell on Earth)
a été confié à Anthony Hickox. Et Anthony Hickox, ben, ça n'est
pas vraiment n'importe qui puisqu'il fut l'auteur de l'ineffable,
l'inénarrable, l'époustouflant Waxwork
en 1988. Ce film fantastique d'un autre âge censé être un hommage
aux créatures de l'Universal
Monsters
mais qui au final causa d'intolérable céphalées. Des maux de tête
si puissants qu'un tour chez le neurologue afin de s'assurer que l'on
ne commençait pas à développer une tumeur au cerveau s'avérait
indispensable. Un traitement visuel pire que l'injection dans l’œil
d'une dose de vinaigre ou de jus de citron ! Et encore, c'était
sans évoquer le contenu de la suite, Waxwork II
: Lost in Time
(plus sobrement sortie chez nous sous le titre Waxwork
2)
qui quatre ans plus tard allait définitivement enfoncer le clou et
ainsi mettre HEUREUSEMENT un terme à cette courte franchise tuée
quasiment dans l'œuf ! Autant dire que mettre entre les mains
du réalisateur, scénariste et producteur américain le troisième
volet de la franchise Hellraiser était
une prise de risque qui allait à peine se voir au vu d'un Hellraiser
II : les écorchés
signé de Tony Randel en 1988 d'une indicible médiocrité. Sans être
le miracle que l'on se désespérait voir aboutir un jour dans la
carrière d'Anthony Hickox et sans être non plus LA surprise
inattendue que certains bavaient sans doute d'impatience de voir
enfin surgir chez ce tâcheron, Hellraiser III
n'est pas aussi mauvais qu'on aurait pu le craindre. Bon, ça reste
quand même de la bonne vieille merde caguée par un artiste qui
semble traiter la pellicule qu'il a entre les mains comme d'autres,
en peinture, s'amusent avec le cubisme comme un art disant ''Je
vous emmerde''
aux courbes, mais bon... ça demeure regardable. Si tant est que l'on
soit capable d'accepter que l'on s'amuse avec l'iconographie
entourant les Cénobites pour en régurgiter quelques nouveaux
avatars du plus mauvais goût.
En
tout cas, de celui qui pourrait éventuellement intéresser les
chroniqueurs des pages consacrées aux nanars du septième art. Bonne
nouvelle, Anthony Hickox nous épargne la vision par trop exubérante
du Docteur
Channard,
seconde génération de cénobites à avoir vu le jour à la fin du
second volet de la franchise. Une bonne chose. Quant à Kristy Cotton
(Ashley Laurence), celle-ci n'apparaît qu'à travers quelques images
d'archive. Ceux qui apprécièrent le look S-M de Pinhead,
Barbie,
Chatterer
et Butterball
seront
heureux d'apprendre qu'ils reviennent pour la troisième fois même
si leur temps de présence est écourté et même si en dehors de
Doug Bradley, leurs interprètes ont été remplacés. À la fin du
second chapitre, un pilier (le ''Pilier
des Âmes'')
sorti dont ne sait où mais qui servait de prison à Pinhead
est encore d'actualité dans ce troisième long-métrage de la
franchise. Acquise par un gosse de riche pété de thunes et sans
scrupules (il tua ses parents pour s'approprier leur fortune).
L'actrice Terry Farrell incarne l'héroïne Joanne Summerskill. Une
journaliste qui après avoir assisté à un curieux et très sanglant
événement dans un hôpital va se rapprocher de la seule témoin
encore en vie (Paula Marshall dans le rôle de Terri). Va s'ensuivre
un imbroglio scénaristique commis par Peter Atkins, le même
scénariste que l'épisode précédent et le même que plusieurs
autres à venir. Pour faire court, Joanne va tenter de réunir les
deux facettes de Pinhead
Celle sous laquelle se cache le cénobite, et celle sous les traits
de laquelle l'on retrouve Eliot Spencer, l'homme qui expérimenta
l'utilisation du Cube il y a plus de soixante ans et qui depuis est
condamné à errer dans le monde extra-dimensionnel des créatures
toutes de cuir noir vêtues ! La présence du double-personnage sert
de triple cause au long-métrage mais aussi à la mythologie
Hellraiser.
Du
point de vue du récit, il permet ainsi d'étayer l'hypothèse selon
laquelle les réunir pour n'en faire plus qu'une seule entité
(humaine, si possible) permettrait de faire cesser le chaos qui règne
désormais sur Terre (ou du moins là où Pinhead
foule le sol). Un désordre que l'on rêvait d'ailleurs
d'apocalyptique lors du massacre se déroulant dans la boite de nuit
mais que le réalisateur se réservera malheureusement le droit
d'écourter l'horreur visible à l'image en fermant devant nos yeux
pleins d'ingratitude, la double porte de l'établissement. Et ce,
pour ne plus nous laisser voir qu'une large tâche de sang couler
entre les interstices de celle-ci. Ensuite, le double-personnage
permet non seulement à Doug Bradley d'apparaître enfin sans
maquillage (ce que l'acteur méritait bien) tandis qu'il permet au
récit d'avancer quelques nouvelles hypothèses quant à la
biographie du personnage. Moins dur à subir
visuellement que son aîné, Hellraiser III
n'en est pas moins relativement laid. Des décors jusqu'aux flashs
lumineux directement travaillés sur la pellicule comme au temps de
Ghostbusters
mais en moins réussis, les effets-spéciaux ont pris un méchant
coup de vieux. Des rides qui de toute manière étaient déjà
présentes lors de sa sortie en salle ( sacrément tardive chez nous,
d'ailleurs!). Seuls les cénobites s'en sortent avec les honneurs. Du
moins ceux que l'on connaît déjà depuis trois films puisque en
dehors de Pinhead,
Barbie,
Chatterer,
Butterball et,
allez, de la nouvelle Dream
(incarnée
par Paula Marshall qui après avoir interprété le rôle de Terri se
voit muée en une version cénobite), les nouveaux modèles ont tous
ceci en commun d'être ridicules. De Kevin Bernhardt qui incarne
Pistonhead
(vous comprendrez pourquoi au moment de le découvrir à l'image) en
passant par Cameraman
(Ken Carpenter) et son objectif de caméra planté dans l'orbite
droit (personnage visiblement et honteusement pompé sur les Borgs
de l'univers Star Trek)
et jusqu'à CD
(Eric Wilhelm)
dont
le visage est planté de disques compacts qu'il utilise comme armes.
On pouffe de rire plus que l'on ne tremble devant cette galerie de
créatures sinon effrayantes, du moins pittoresques. Bref, la
franchise Hellraiser
s'enlise. Ce qui n'empêchera cependant pas le maquilleur Kevin
Yagher et le réalisateur Joe Chappelle (sous pseudo, mais nous
reviendrons dessus dans le prochain article) de mettre conjointement
en scène un quatrième volet quatre ans plus tard, en 1996, sous le
titre Hellraiser IV : Bloodline...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire