Au sens propre, la douche froide aide à rapidement nous extraire
définitivement du sommeil profond dans lequel nous sommes en général
plongés quelques instants plus tôt. Elle aide à raffermir la peau,
à resserrer les cellules, à empêcher la chute des cheveux et à
prévenir les pellicules. Même si pour cela, il faut être prêt,
bien entendu, à subir quelques très légers traumatismes. Comme
l'accélération du rythme cardiaque ou celle du souffle. Au figuré,
c'est déjà une autre paire de manches. Ressentir une sensation
inattendue et donc parfois fort désagréable. C'est sans doute en ce
sens que l'on percevra Hellraiser II : les écorchés
de Tony Randel. Petit cinéaste sans envergure particulière qui
évita malgré tout à la franchise Amityville
d'être plongée en 1992 dans un perpétuel naufrage artistique en
sauvant de justesse le sixième volet intitulé Amityville
1993 : Votre heure a sonné.
Un an seulement après que Clive Barker nous ait permis de faire la
connaissance de ses cénobites, voilà que ceux-ci réapparaissaient
sur grand écran. Partageant le script du scénariste, écrivain et
musicien britannique Peter Atkins entre les couloirs d'un hôpital
psychiatrique où fut internée à la suite des précédents
événements la jeune et charmante Kristy Cotton et les coursives de
l'univers extra-dimensionnel dans lequel les créatures évoluent, le
réalisateur plonge non seulement ses personnages dans un monde
torturé mais également ses spectateurs devant une reproduction de
l'Enfer qui ne va avoir de cesse que de donner des boutons à celles
et ceux qui oseront braver de bout en bout l'affligeant spectacle
auquel il leur aura été offert le ''privilège'' d'assister.
Apprécié, adoubé et même, oui, parfois, déifié par certaines
personnes qui de mon avis personnel devraient rapidement prendre
rendez-vous avec leur ophtalmologiste, loin de moi de pouvoir
imaginer par avance la direction artistique vers laquelle allait
tendre Hellraiser II : les écorchés.
Une véritable abomination dont on peut se demander à l'issue de la
projection comment certains osèrent par la suite et à tour de rôle,
prendre le taureau par les cornes pour, l'un après l'autre, en
offrir une vision toute personnelle. D'ailleurs, à la seule
évocation d'Anthony Hickox qui succéda à Tony Randel à la mise en
scène du troisième volet sobrement intitulé Hellraiser
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sur le territoire français, on peut se demander dans quelles mesures
les producteurs auraient pu avoir la scrupuleuse intention de tuer la
franchise le plus rapidement possible ! Mais revenons à
Hellraiser II : les écorchés.
Après la mort du père de Kirsty qui désormais est l'héroïne
principale de cette suite, la jeune femme est enfermée dans un
hôpital psychiatrique suite au traumatisme qu'elle vécu lors des
précédents événements.
Dirigé
par le docteur Philip Channard (l'acteur Kenneth Cranham) dont nous
découvrons rapidement que celui-ci est davantage intéressé par le
Cube et par les possibilités qu'il offre que par ses patients,
l’hôpital abrite en outre la jeune Tiffany (Imogen Boorman). Une
jeune autiste capable de résoudre des puzzles et des casses-têtes à
grande échelle. C'est ainsi que Channard confie à l'adolescente le
Cube afin qu'elle découvre et mette en marche le mécanisme. Ce qui
permettrait au directeur de l'établissement de pénétrer l'univers
des cénobites. Mais en attendant que la gamine arrive à percer les
mystères de l'objet, le directeur Channard ne perd pas son temps
puisqu'il a récupéré le matelas ensanglanté retrouvé sur les
lieux du précédent massacre et qu'il a emporté dans sa propre
demeure. Suivi en toute discrétion jusque chez lui par l'un de ses
collègues médecins, Kyle, ce dernier est bien décidé à
investiguer après que Kirsty lui ait parlé de ce qui se passa dans
la demeure de son père et de sa belle-mère. Quant à Channard, il
fait pénétrer dans la pièce où a été déposé le matelas, l'un
des patients de l'hôpital, lequel étant persuadé que sous sa peau
grouille la vermine. En lui tendant un scalpel alors que celui-ci est
assis sur le matelas, Channard sait très bien ce que son patient va
en faire. Se tailladant tout le corps, son sang s'échappe pour
s'enfoncer dans le matelas d'où surgit quelques instants plus tard,
Julia (toujours incarnée par l'actrice Clare Higgins) ! L'on a
donc un retour ici de l'héroïne du premier Hellraiser
et un tout nouvel antagoniste en la personne de Channard. Notons
avant de l'oublier que le docteur Kyle est interprété par l'acteur
canadien William Hope qui bien que ses cheveux aient repoussé depuis
fut celui qui incarna le Lieutenant Gorman dans le génial Aliens,
le retour
de James Cameron deux ans auparavant. Près de deux ans plus tôt
sortait sur les écrans de cinéma le troisième volet des aventures
de Freddy Krueger intitulé Les griffes du
cauchemar
que réalisa Chuck Russell. Un excellent volet n'ayant coûté à ses
producteurs que la modique somme de trois millions de dollars.
Inscrivant ses personnages dans un hôpital, il devient difficile de
ne pas voir dans ce second Hellraiser
un point d'ancrage commun avec la fameuse franchise créée en 1984
par Wes Craven.
Pourtant
doté d'un budget supérieur de sept-cent mille dollars environ,
Hellraiser II : les écorchés
est en tout point inférieur au long-métrage de Chuck Russell. Ou
même plus, simplement à son aîné réalisé par Clive Barker un an
plus tôt. Rarement l'on aura pu visualiser un tel ramassis de décors
en carton-pâte et de fonds verts visibles à des lieues à la ronde.
D'une laideur presque systématiquement repoussante, il devient
difficile de s'imprégner de l'univers des cénobites tant leur
''demeure'' paraît factice ! Les plans larges sonnent tellement
faux (l'intégration de maquettes ou de Matte-Painting
se voyant comme un œil au milieu du front) que l'on ne croit pas un
seul instant, pas une seule seconde à ce qui s'affiche à l'écran.
Mais si encore, à côté de cela, le script nous avait proposé
matière à occulter ces défauts déjà hautement rédhibitoires...
Mais non ! Surtout pas ! Sachons conserver une certaine
homogénéité et intégrons au récit des lignes de dialogues dont
la stupidité confine au contenu de myriades de séries Z. D'un
ridicule qui n'a pas de nom, Ashley Laurence, Kenneth Cranham, Imogen
Boorman et Doug Bradley semblent parfois se promener dans les décors
recyclés et réarrangés de manière volontairement sombre de
L'histoire sans fin que
réalisa Wolgang Petersen quatre ans auparavant. Film qui, soit dit
en passant, mérite ses galons de classique de la Fantasy
pour jeune public. À contrario, les spécialistes en effets-spéciaux
de maquillage ont grandement amélioré la forme écorchée de Julia
par rapport à celle de Frank dans le premier Hellraiser.
Mais pour le reste, cette suite est remarquablement laide et
atrocement ridicule. Ou vice-versa ! L'on retrouve bien entendu
les cénobites du premier volet de la franchise : Pinhead,
Barbie,
Chatterer
et Butterball
sont donc toujours au rendez-vous mais sont désormais suivis par
Channard qui sous la forme du Docteur cénobite ira jusqu'à tuer ses
nouveaux congénères à la fin !!! Pour les anglophobes, sachez
que la version française renforce le caractère nanardesque de cette
séquelle. Bref, ni fait ni à faire, Hellraiser
II : les écorchés
aura malgré tout vu le jour sur grand écran, parvenant tout de même
à cumuler sur le seul territoire américain un peu plus de douze
millions de dollars. Loin d'être un exploit, ces chiffres auront au
moins permis aux producteurs de rentrer dans leurs frais. De quoi
permettre à Christopher Figg de proposer la mise en chantier d'un
troisième opus qui verra donc le jours quatre ans plus tard, en
1992...
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