Extrêmement prolifique
dans les années soixante et soixante-dix, le réalisateur japonais
Kôji Wakamatsu s'est lancé dès 1967 dans une série de
longs-métrages portant sur les mœurs violentes de certains de ses
compatriotes, quelle que soit la période historique abordée. Comme
un catalogue non exhaustif des violences qui pouvaient déjà à
l'époque toucher la population du Japon. Après les
volets Nihon Bôkô Ankokushi: Ijôsha no Chi et
Zoku Nihon Bôkô Ankokushi: Bôgyakuma
tout deux réalisés en 1967 ainsi que Shin Nihon
bôkô ankokushi: Fukushûki réalisé
en 1969, Kôji Wakamatsu patientera une année supplémentaire avant
de conclure ce qui devait être une tétralogie avec Nihon
Bôkô Ankokushi: Onjû
jusqu'à
ce qu'en 1972 vienne s'ajouter Gendai Nippon Boko
Ankokushi...
Mais revenons plutôt sur Nihon Bôkô
Ankokushi: Onjû
qui chez nous est connu sous le titre Histoire de
la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse.
Dans ce long-métrage qui se déroule à l'époque Edo (époque qui
s'étend entre le début du dix-septième siècle et la fin des
années soixante du dix-neuvième), le réalisateur met en scène sur
la base d'un scénario écrit par Masao Adachi une histoire de
vengeance entre deux hommes. Sur fond d'érotisme, de viol, de
meurtres de prostituées, deux hommes, deux amis qui ne se sont plu
revus depuis quinze ans vont se retrouver après que l'un d'eux ait
bénéficié d'une riche existence tandis que le second dû subir un
exil forcé. Tourné en grande majorité en noir et blanc, il arrive
que Histoire
de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse
passe
subitement à la couleur ! Le film nous présente Shota et
Kichijo. Deux voleurs qui du temps de la dynastie des Shoguns
Tokugawa volèrent les ressources financières d'un restaurant avant
que le premier trahisse le second. Une histoire de duplicité somme
toute très banale si la responsabilité de l'un et l'innocence du
second n'étaient pas fondamentalement remises en cause lors de
leurs témoignages respectifs. En effet, Marié à Kicha, Shota
raconte à son épouse qu'il fut trahit par Kichijo qui tenta de le
tuer alors qu'ils s'apprêtaient tous deux à prendre place à bord
d'une embarcation aux côtés de leur butin. Laissant son ami pour
mort après avoir pris le dessus, Shota partit rejoindre l'épouse de
Kichijo. Enceinte, Ofumi donna naissance à une jeune fille avant de
mourir de complication liées à l'accouchement.
Prenant
soin de de l'enfant, Shota en fera sa fille tout en faisant circuler
une fausse information concernant Ofumi afin que Kichijo n'ait pas
l'idée de tenter de la retrouver. Se mariant à Kicha et coulant des
jours heureux après avoir acheté un manoir avec l'argent volé, le
retour de Kichijo quinze ans plus tard sonnera l'heure de la
vengeance. Si le témoignage de Shota établi que le méchant du
récit serait Kichijo, la seconde partie du récit démontre que le
réalisateur et le scénariste nous ont probablement leurré sur la
réalité des événements qui se sont produits quinze ans
auparavant. En effet, Kôji Wakamatsu ne prend aucun parti et
préfère donner sa chance au second protagoniste, Kichijo, qui ivre
de vengeance va lui-même se confier à ce nouveau complice qui le
suit et accepte de l'aider dans sa vengeance contre la promesse de
gagner beaucoup d'argent. De son point de vue, le coupable est donc
Shota. Le traître, ce serait donc lui. Et en apprenant que Ofumi
aurait été prostituée par ses soins, on comprend alors que son ex
mari veuille faire payer à son ancien ami sa trahison et la mort
d'Ofumi qui elle, fut supposément survenue dans la rue ! En
dépit de ses éternelles obsessions qui transparaissent dès
l'introduction avec ce premier meurtre d'une prostituée par
strangulation, Histoire de la violence de
l'underground japonais 3 : la bête haineuse
est beaucoup plus humaniste et donc nettement moins morbide dans son
approche que beaucoup d'autres longs-métrages signés du cinéaste
japonais. Opposant deux hommes qui ont tous deux de bonnes raisons de
s'en vouloir mutuellement, Kôji Wakamatsu développe un récit sur
un désir de vengeance profonde et inaltérable qui rappelle
ostensiblement le roman de l'écrivain français Alexandre Dumas une
nouvelle fois adapté sur grand écran cette année par Matthieu
Delaporte et Alexandre de La Patellière, Le
comte de Monte-Cristo.
Transposant ainsi de manière circonstancielle le récit dans le
Japon de l'ère Edo et bénéficiant de moyens évidemment beaucoup
moins importants. Il n'en demeure pas moins que Histoire
de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse
reste l'un des meilleurs films de Kôji Wakamatsu. Moins cru, moins
gratuit que certaines autres grandes œuvres qu'il signa durant sa
longue et prolifique carrière de cinéaste...
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