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jeudi 19 décembre 2024

Nihon Bôkô Ankokushi: Onjû (Histoire de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse) de Kôji Wakamatsu (1970) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Extrêmement prolifique dans les années soixante et soixante-dix, le réalisateur japonais Kôji Wakamatsu s'est lancé dès 1967 dans une série de longs-métrages portant sur les mœurs violentes de certains de ses compatriotes, quelle que soit la période historique abordée. Comme un catalogue non exhaustif des violences qui pouvaient déjà à l'époque toucher la population du Japon. Après les volets Nihon Bôkô Ankokushi: Ijôsha no Chi et Zoku Nihon Bôkô Ankokushi: Bôgyakuma tout deux réalisés en 1967 ainsi que Shin Nihon bôkô ankokushi: Fukushûki réalisé en 1969, Kôji Wakamatsu patientera une année supplémentaire avant de conclure ce qui devait être une tétralogie avec Nihon Bôkô Ankokushi: Onjû jusqu'à ce qu'en 1972 vienne s'ajouter Gendai Nippon Boko Ankokushi... Mais revenons plutôt sur Nihon Bôkô Ankokushi: Onjû qui chez nous est connu sous le titre Histoire de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse. Dans ce long-métrage qui se déroule à l'époque Edo (époque qui s'étend entre le début du dix-septième siècle et la fin des années soixante du dix-neuvième), le réalisateur met en scène sur la base d'un scénario écrit par Masao Adachi une histoire de vengeance entre deux hommes. Sur fond d'érotisme, de viol, de meurtres de prostituées, deux hommes, deux amis qui ne se sont plu revus depuis quinze ans vont se retrouver après que l'un d'eux ait bénéficié d'une riche existence tandis que le second dû subir un exil forcé. Tourné en grande majorité en noir et blanc, il arrive que Histoire de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse passe subitement à la couleur ! Le film nous présente Shota et Kichijo. Deux voleurs qui du temps de la dynastie des Shoguns Tokugawa volèrent les ressources financières d'un restaurant avant que le premier trahisse le second. Une histoire de duplicité somme toute très banale si la responsabilité de l'un et l'innocence du second n'étaient pas fondamentalement remises en cause lors de leurs témoignages respectifs. En effet, Marié à Kicha, Shota raconte à son épouse qu'il fut trahit par Kichijo qui tenta de le tuer alors qu'ils s'apprêtaient tous deux à prendre place à bord d'une embarcation aux côtés de leur butin. Laissant son ami pour mort après avoir pris le dessus, Shota partit rejoindre l'épouse de Kichijo. Enceinte, Ofumi donna naissance à une jeune fille avant de mourir de complication liées à l'accouchement.


Prenant soin de de l'enfant, Shota en fera sa fille tout en faisant circuler une fausse information concernant Ofumi afin que Kichijo n'ait pas l'idée de tenter de la retrouver. Se mariant à Kicha et coulant des jours heureux après avoir acheté un manoir avec l'argent volé, le retour de Kichijo quinze ans plus tard sonnera l'heure de la vengeance. Si le témoignage de Shota établi que le méchant du récit serait Kichijo, la seconde partie du récit démontre que le réalisateur et le scénariste nous ont probablement leurré sur la réalité des événements qui se sont produits quinze ans auparavant. En effet, Kôji Wakamatsu ne prend aucun parti et préfère donner sa chance au second protagoniste, Kichijo, qui ivre de vengeance va lui-même se confier à ce nouveau complice qui le suit et accepte de l'aider dans sa vengeance contre la promesse de gagner beaucoup d'argent. De son point de vue, le coupable est donc Shota. Le traître, ce serait donc lui. Et en apprenant que Ofumi aurait été prostituée par ses soins, on comprend alors que son ex mari veuille faire payer à son ancien ami sa trahison et la mort d'Ofumi qui elle, fut supposément survenue dans la rue ! En dépit de ses éternelles obsessions qui transparaissent dès l'introduction avec ce premier meurtre d'une prostituée par strangulation, Histoire de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse est beaucoup plus humaniste et donc nettement moins morbide dans son approche que beaucoup d'autres longs-métrages signés du cinéaste japonais. Opposant deux hommes qui ont tous deux de bonnes raisons de s'en vouloir mutuellement, Kôji Wakamatsu développe un récit sur un désir de vengeance profonde et inaltérable qui rappelle ostensiblement le roman de l'écrivain français Alexandre Dumas une nouvelle fois adapté sur grand écran cette année par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, Le comte de Monte-Cristo. Transposant ainsi de manière circonstancielle le récit dans le Japon de l'ère Edo et bénéficiant de moyens évidemment beaucoup moins importants. Il n'en demeure pas moins que Histoire de la violence de l'underground japonais 3 : la bête haineuse reste l'un des meilleurs films de Kôji Wakamatsu. Moins cru, moins gratuit que certaines autres grandes œuvres qu'il signa durant sa longue et prolifique carrière de cinéaste...

 

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