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dimanche 8 décembre 2024

Le refroidisseur de dames (No Way to Treat a Lady) de Jack Smight (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

L'ambivalence qui s'exerce sur la traduction française de No Way to Treat a Lady que réalisa en 1968 le cinéaste américain Jack Smight a ceci de particulier que celui-ci s'impose immédiatement comme la brillante représentation du cynisme qui constitue le socle d'une œuvre méconnue a priori marquée par la présence exclusive de la Mort. Car plutôt que de traduire mot pour mot le titre original et ainsi lui donner sa forme initiale (Pas moyen de traiter une femme), en France l'on préféra l'interpréter différemment sous celui du Refroidisseur de Dames. D'où cette ambiguïté qui émerge, entre le sens premier du terme qui fait se combiner les actes et leurs conséquences à cette absurdité qui se dégage de la terminologie. Bref, une manière comme une autre d'indiquer à l'aventureux spectateur qu'il aura non seulement droit à son comptant de meurtres administrés par un homme tourmenté par un sérieux complexe d'œdipe mais que l'intrigue aura été préalablement et savamment orchestrée de manière à la rendre beaucoup plus digeste auprès des observateurs beaucoup moins tolérants à ce genre de production. Fruit du hasard ou non, dix ans après la sortie de ce très grand film dans lequel son trio principal donna la pleine mesure de son talent était diffusé sur le petit écran, Quadrature, le vingt-deuxième épisode de la troisième saison de la série policière américaine, Starsky et Hutch. L'un de ces traumatismes télévisuels rares qui à l'époque marquèrent le jeune public. Avec dans le rôle de Lionel Fitzgerald, l'impressionnant Richard Lynch. Incarnant un ancien acteur de théâtre dont la carrière fut stoppée net le jour où il fut renversé par un chauffeur de taxi, nos célèbres détectives David Starsky et Kenneth Hutchinson faisaient face à un désaxé qui se vengeait en tuant à son tour d'autres professionnels du métier. Grimé de différentes manières. Comme en représentation permanente lors des meurtres commis la nuit, dans l'obscurité, brisant la nuque de ses victimes. Un acte définitif comme semblait avant lui l'aborder Christopher Gil (extraordinaire Rod Steiger), propriétaire d'un théâtre sur les planches duquel sa mère avait du temps de son vivant donné plusieurs représentations. Si dans l'imaginaire collectif le sujet rappelle autant de fictions (Psychose d'Alfred Hitchcock, Maniac de William Lustig, etc...) que de drames authentiques ( Edward Gein, dit ''Le boucher de Plainfield'' aux États-Unis ou chez nous, Marcel Barbeault dit ''Le tueur de l'ombre''), No Way to Treat a Lady possède ce petit quelque chose en plus qui le rend plus attachant que n'importe quelle autre tentative.



En ne concentrant pas le récit uniquement autour du tueur et des féminicides dont sont les victimes des dames dont l'âge semble être à peu de chose près celui de la mère de l'assassin au moment de son décès, Jack Smight et le scénariste John Gay adaptent parfois le roman éponyme de William Goldman sous le prisme de la fantaisie. À travers ce duo improbable formé autour de George Segal, lequel incarne le rôle de l'inspecteur Morris Brummel chargé de l'enquête et de la sublime Lee Remick qui de son côté interprète celui de la solaire et pétillante Kate Palmer. No Way to Treat a Lady traite ainsi de la passion et de l'amour sous divers angles. Celui que l'on éprouve normalement pour sa mère mais qui dans le cas présent déborde pour être ainsi incarné par un individu dérangé. Mais aussi celui qui naît d'une rencontre entre un homme et une femme et qui, sans que cela ne soit forcément le signe d'un coup de foudre immédiat les raccorde étrangement l'un à l'autre. Comme dans tout bon film de Serial Killer, le long-métrage semble s'inspirer d'un certain nombre de faits-divers et il est presque inévitable de penser à l'affaire de ''L'étrangleur de Boston'' Albert De Salvo qui entre 1962 et 1964 viola et assassinat par étranglement treize femmes d'âges divers, entre dix-neuf et quatre-vingt cinq ans ! Fait-divers qui d'ailleurs inspira la même année que No Way to Treat a Lady le film de Richard Fleischer, The Boston Strangler avec dans le rôle principal Tony Curtis. Non dénué d'humour et d'un certain charme que l'on doit notamment au duo formé par George Segal et Lee Remick, donc, le long-métrage de Jack Smight est surtout l'un des meilleurs représentants dans sa catégorie. Une œuvre fascinante, ne serait-ce que grâce à la performance de Rod Steiger qui cinq ans plus tard allait être au centre de l'extraordinaire Lolly-Madonna XXX de Richard C. Sarafian. Bref, si vous ne l'avez pas encore compris, sachez que No Way to Treat a Lady est un incunable. Un indispensable qui doit impérativement rejoindre les grandes œuvres du septième art qui trônent sur vos étagères...

 

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