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jeudi 5 décembre 2024

Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (2024) - ★★★★★★★★★☆

 


 

À l'origine du Comte de Monte-Cristo version 2024, le roman éponyme de l'écrivain français Alexandre Dumas. Selon les version, celui-ci oscille entre environ trois-cent pages et des milliers selon que l'on tient entre ses mains la version intégrale ou l'une des versions expurgées de cet imposant ouvrage littéraire. Adapté des dizaines de fois sur petit et grand écran ou sur les planches de théâtre, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont porté cette année au cinéma leur vision monstrueusement ambitieuse de l'une des œuvres les plus célèbres de l'auteur des Trois Mousquetaires en 1844 ou de La Reine Margot en 1845. Une œuvre si dense qu'il aura fallut aux réalisateurs et scénaristes s'imposer des coupes franches dans le récit. Des choix artistiques que les amateurs assidus de l’œuvre d'Alexandre Dumas repéreront sans mal mais que ceux qui n'en connaissaient jusqu'ici que le nom apprécieront à leur juste valeur. Centré sur une banale histoire de trahison puis de vengeance, Le Comte de Monte-Cristo permet à l'ancien ''adhérent'' de la Comédie Française Pierre Niney de briller à nouveau à l'image. À l'aise dans la comédie (Five d'Igor Gotesman), le drame (Sauver ou périr de Frédéric Tellier), le biopic (L'Odyssée de Jérôme Salle) ou dans le thriller (Boîte noire de Yann Gozlan), cette année 2024 l'aura vu incarner l'un des plus mythiques personnages de la littérature française en la personne d'Edmond Dantès. Jeune homme brillant et courageux qui après avoir sauvé une jeune et belle inconnue prénommée Angèle de la noyade alors qu'il se trouvait à bord d'un navire commandé par son Capitaine Danglars (Patrick Mille) malgré les ordres de ce dernier enjoignant le jeune homme de la laisser à l'eau. De retour sur terre au port de Marseille, l'armateur Morrel (Bruno Raffaelli) apprend l'acte héroïque d'Edmond ainsi que le comportement de Danglars et décide de renvoyer ce dernier et d'offrir son poste et le grade de Capitaine à Edmond. Alors qu'il a annoncé à son meilleur ami Fernand de Morcef (Bastien Bouillon) que sa cousine Mercédès (Anaïs Demoustier) et lui avaient l'intention de se marier, lors de la cérémonie, Edmond est arrêté par la police qui l'emmène auprès de Gérard de Villefort (Laurent Lafitte) qui invoque chez le jeune homme, des soupçons de bonapartisme. En effet, ce que ne sait pas Edmond, c'est que pour se venger, l'ancien capitaine Danglars a glissé dans la Bible d'Edmond une lettre écrite par Napoléon Bonaparte qui ne lui était cependant pas destinée. Jugé puis condamné pour acte de trahison, Edmond est alors jeté en prison dans l'une des cellules de la forteresse du Château d'If...


Devenus célèbres grâce à leur collaboration en 2012 pour Le prénom, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte signent avec Le Comte de Monte-Cristo une œuvre forte, en trois actes dispersés sur cent quatre-vingt minutes environ. Une prouesse s'agissant de l'adaptation d'un roman dense décrivant la vengeance d'un homme ayant été trahit par son meilleur ami et envoyé en prison à cause du faux témoignage de son ancien capitaine et par intérêt personnel par un procureur du roi ! Avec Le Comte de Monte-Cristo, Pierre Niney offre une performance exceptionnelle en interprétant non seulement Edmond Dantès mais aussi ses diverses incarnations. Comme le Comte de Monte-Cristo, personnage forgé à partir de la rencontre entre le jeune homme et le touchant Abbé Faria (le formidable acteur italien Pierfrancisco Favino) qui lui indique pas moins que l'endroit où fut amassée la fortune des Templiers. Fuyant sa geôle mais perdant aussi un ami après plus de dix ans de détention, l'on retrouve un Edmond Dantès devenu riche mais ayant surtout changé d'identité pour mieux se rapprocher de ses ennemis et ainsi se venger du mal qu'ils lui ont fait. Le comte de Monte-Cristo est également l'occasion de faire la connaissance d'Haydée (Anamaria Vartolomei) et d'André de Villefort (Julien de Saint Jean) qui tout deux ont de bonnes raisons de vouloir épauler Edmond dans son projet. Pierre Niney est ici un véritable caméléon que l'on retrouve donc sous les traits de ces deux iconiques personnages que sont Edmond Dantès et le Comte de Monte-Cristo mais également sous ceux de l'abbé Busoni et d'un anglais, Lord Hallifax ! D'où un acteur contraint de porter régulièrement sur le visage des prothèses lui permettant de se cacher de ses ennemis Fernand de Morcef, Gérard de Villefort et de celui qui deviendra baron, Danglars ! Tourné en Seine-et-Marne et notamment à Meaux, mais également au Château d'If ou dans divers autres dont celui de Ferrières qui servira de demeure principale au héros, la reconstitution est remarquable de précision. Grâce aux décors de Stéphane Taillasson, aux costumes de Thierry Delettre, à la direction artistique de Patrick Schmitt ou à la photographie de Nicolas Bolduc nous voilà plongés dans une intrigue historico-romanesque passionnante. Une aventure palpitante sans temps-morts et parfois émotionnellement bouleversante, sublimée par de remarquables dialogues. Finesse et poésie se dégagent de certains échanges quand d'autres se montrent particulièrement cruels. Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte est l'un de ces instants magiques ou tout ce qui nous entoure se fige et disparaît. Un spectacle de tous les instants porté par une mise en scène et une interprétation (sans oublier la partition musicale de Jérôme Rebotier) qui insufflent au long-métrage une émotion permanente et palpable rarement tenue sur grand écran sur une aussi longue distance...


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