Direction le Chili avec
le tout dernier film de Matías Bize, El Castigo.
Réalisateur né à Santiago, la capitale chilienne, il se lance dès
son premier long-métrage Sábado, una Película
en Tiempo Real en
2003 dans l'examen des rapports de couples. Une approche qui perdure
donc jusqu'à cette nouvelle itération dans laquelle les acteurs
Néstor Cantillana et Antonia Zegers forment un ménage qui va sans
doute vivre sa plus tragique histoire de parents d'un enfant prénommé
Lucas (Santiago Urbina). Un gamin de sept ans particulièrement agité
éprouvant de grandes difficultés à obéir aux injonctions de ses
parents et particulièrement celles émises par Ana. Après avoir une
fois de plus excédé cette dernière alors que la petite famille
était en chemin pour aller rendre visite à la grand-mère du petit,
Ana décide de le punir en le laissant sur le bord de la route dans
l'espoir de lui faire peur. Deux minutes. Deux toutes petites minutes
qui vont offrir une tournure tragique à cette journée. Alors que le
couple a redémarré et s'est éloigné d'une distance raisonnable,
Ana fait finalement demi-tour afin de récupérer Lucas. Mais
lorsqu'elle et Mateo retrouvent les lieux où ils ont fait descendre
leur enfant, celui-ci a disparu. Après s'être enfoncés dans la
forêt afin de retrouver Lucas, ses parents sont bien obligés de se
rendre à l'évidence et décident de contacter la police qui arrive
à l'endroit très précis de sa disparition quelques minutes plus
tard. Des minutes d'ailleurs interminables et qui pourraient aggraver
la situation. Préférant mentir à l'agente chargée de s'occuper de
l'affaire (l'actrice Catalina Saavedra) sur les prémisses de cette
situation, quelques indices laissent penser à celle-ci qu'Ana et
Mateo ne lui ont peut-être pas tout à fait dit la vérité... D'une
durée n'excédant pas les quatre-vingt cinq minutes, El
Castigo
est un modèle de simplicité. Dans sa mise en scène, son écriture
et dans son interprétation. Alors que Matías Bize a, comme dans le
cas de son tout premier long-métrage, de nouveau opté pour un
tournage en une seule prise, soit un plan-séquence, l'équipe
réduite au seul réalisateur et à ses interprètes durent mettre en
scène les événements à sept reprises afin de produire la
meilleure version possible et ainsi la proposer aux distributeurs et
au public.
Produit
par Adrian Solaire et écrit par Corail Cruz, El
Castigo
dresse le portrait d'un couple rencontrant d'importante difficultés
à élever un enfant étant atteint de lourds troubles du
comportement. Durant près d'une heure et vingt minutes, la
disparition du jeune Lucas va être pour ses parents l'occasion de
s'expliquer sur plusieurs points, la mère ''profitant'' de
l'occasion pour régler les litiges qui l'opposent à Mateo
concernant la façon d'élever leur enfant, le sacrifice qu'elle fit
en quittant un métier qui la passionnait et vers le dernier tiers du
récit, révélant une vérité crue et bouleversante qu'il serait
parfaitement criminel de révéler dans ce post ! Après des
débuts timides qui laissent hypothétiquement augurer d'une histoire
qui risque de tourner en rond (le film arborant une approche
minimaliste), la véritable force de El Castigo,
ce sont ses dialogues qui recèlent des moments de tension palpable.
Antonia Zegers et Néstor Cantillana offrent à ce titre une
interprétation véritablement authentique. Œuvre reposant également
sur l'amour maternel et paternel, il rapporte sans véritables
fausses notes tous les aspects que peut prendre la conception d'un
enfant, son éducation et les troubles qu'il peut parfois créer au
sein d'un couple. Se concluant de manière abrupte mais évidente,
ses auteurs auront eu l'ingénieuse idée d'intégrer au moins un
élément permettant au récit de pousser le spectateur à penser au
pire (la voiture rouge) quant un second viendra relancer l'affaire,
mais cette fois-ci, du point de vue de l'agente (les traces de
freinage). Diffusé à partir du 1er décembre 2003 sur la plateforme
de streaming et de VOD
Filmo,
El Castigo
mérite d'être relancé à travers les témoignages de celles et
ceux qui auraient eu la chance de le découvrir à l'époque tant sa
sincérité demeure respectable. L'occasion de découvrir une œuvre
remarquable qui malgré sa grande modestie permet de nous révéler
un cinéaste talentueux et des interprètes malheureusement méconnus
sur notre territoire...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire