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dimanche 22 décembre 2024

La mule de Clint Eastwood (2018) - ★★ ★★★★★★☆☆

 


 

En 2018 sort sur les écrans, La mule. Riche d'une vie sentimentale qui le fera croiser de nombreuses femmes, le réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain Clint Eastwood en épousera huit. Maggie Johnson sera la première avec laquelle il se mariera en 1953. Mais un an plus tard, et alors qu'ils sont toujours mariés, il tombe sous le charme d'une jeune femme qui de leur relation extraconjugale donne naissance à Laurie dont il ignore alors l'existence durant trente ans. La vie tumultueuse de Clint Eastwood sera parsemée d'événements officiels mais aussi d'autres relations adultères. Une vie affective et personnelle complexe qui semble transpirer dans ce trente-septième long-métrage d'un cinéaste parfaitement accompli d'un point de vue professionnel. Un géant du septième art qui toucha à tous les genres et s'expose donc ici énormément même si l'histoire qu'il nous conte prend une forme étonnante qui l'extrait du format biopic. Tout comme Clint Eastwood qui l'incarne brillamment, le personnage d'Earl Stone se présente tout d'abord comme un homme populaire, à la recherche de la notoriété. Un horticulteur dont on célèbre le talent mais qui douze ans après la séquence d'ouverture est présenté comme un individu très éloigné des préoccupations familiales et surtout désormais très endetté. Ayant perdu tout contact avec sa fille, son ex-épouse et sa belle-famille, il ne demeure encore que sa petite fille pour accepter de le recevoir chez elle et son futur époux. Lors d'une dispute entre son ex-femme Mary (Dianne Wiest qui cette année a interprété le rôle de Minnie Castevet dans Apartment 7A, la préquelle de Rosemary's Baby de Roman Polanski), Earl fait la connaissance d'un invité de Ginny (Taissa Farmiga dans le rôle de la petite fille en question) qui au vu de la délicate situation financière du vieil homme lui propose de le diriger vers une relation qui pourrait lui offrir l'opportunité de gagner beaucoup d'argent. Sans savoir où il met les pieds, Earl rencontre des mexicains qui chargent à l'arrière de son vieux pick-up des paquets qu'il a interdiction d'ouvrir mais qu'il est chargé de transporter d'El Paso dans l’État du Texas jusque dans l'Illinois. Seules sont imposée quelques règles par ses employeurs. Répondre de jour comme de nuit aux appels effectués sur le téléphone qu'ils lui confient et une fois arrivé sur le lieu de la livraison, laisser les clés de son véhicule dans la boite à gant, partir pendant une heure, revenir ensuite reprendre son bien et récupérer une enveloppe remplie de billets verts cachés avec ses clés dans la boite à gants. Une affaire aussi lucrative qu'attractive pour un vieil homme de quatre-vingt ans qui jusque là était sans le sou.


Désormais riche de plusieurs milliers de dollars, cette nouvelle fortune va être pour Earl l'occasion de se rapprocher des siens. Mais ce que ne savent ni lui, ni ses employeurs, c'est que dans l'ombre, l'agent de la DEA (pour Drug Enforcement Adinistration) Colin Bates (excellent Bradley Cooper) enquête sur un réseau de narcotrafiquants dont fait désormais pleinement partie le vieil homme... Avec La mule, Clint Eastwood signe une œuvre qui sans son approche toute personnelle et sa sensibilité aurait pu n'être qu'un énième long-métrage se déroulant dans l'univers des cartels mexicains mais qui sous son impulsion, et inspiré par le script qu'écrivit Nick Schenk sur la base d'un fait divers authentique relégué dans un article du New York Times Magazine, est une œuvre émotionnellement forte. Qui de manière très édulcorée permet à Clint Eastwood de livrer une partie de lui tout en construisant autour de son personnage et du récit une histoire parfois aussi farfelue que touchante (contrairement au personnage d'Earl qui fit la guerre de Corée, Clint Eastwood ne fut pas appelé sur le front). Une intrigue qui fait appel à un grand sens de l'humour, le personnage d'Earl semblant parfois être totalement détaché vis à vis des dangers que reflète ce métier au contact duquel il fréquente de dangereux criminels. Par petites touches subtiles et parfois franchement hilarantes, voilà notre Earl/Clint lancé dans une sorte de quête de rédemption vis à vis de ses proches qu'il a scrupuleusement ignoré durant ces douze dernières années. Ne cessant pas pour autant de chercher à prendre du plaisir comme lors de cette improbable séquence où le spectateur le découvre, nanti de ses quatre-vingt printemps, au bras de deux prostituées ! Entrecoupé de passionnantes séquences lors desquelles Bradley Cooper incarne un agent de la DEA parfaitement convainquant (notons d'ailleurs que son supérieur hiérarchique Carl est incarné par le génial Laurence Fishburne), La mule n'est pas moins débarrassé de cette propension qu'à parfois Clint Eastwood à ajouter une part d'émotion. De celle qui dans le cas de cette histoire prend de telles proportions qu'elle bouleverse, chavire et anéanti le spectateur (les derniers mots prononcés par Mary sur son lit de mort). Bref, La mule est un grand film. Drôle, angoissant, poignant. Du très grand Clint Eastwood en somme...

 

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