En 2018 sort sur les
écrans, La mule.
Riche d'une vie sentimentale qui le fera croiser de nombreuses
femmes, le réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain
Clint Eastwood en épousera huit. Maggie Johnson sera la première
avec laquelle il se mariera en 1953. Mais un an plus tard, et alors
qu'ils sont toujours mariés, il tombe sous le charme d'une jeune
femme qui de leur relation extraconjugale donne naissance à Laurie
dont il ignore alors l'existence durant trente ans. La vie
tumultueuse de Clint Eastwood sera parsemée d'événements officiels
mais aussi d'autres relations adultères. Une vie affective et
personnelle complexe qui semble transpirer dans ce trente-septième
long-métrage d'un cinéaste parfaitement accompli d'un point de vue
professionnel. Un géant du septième art qui toucha à tous les
genres et s'expose donc ici énormément même si l'histoire qu'il
nous conte prend une forme étonnante qui l'extrait du format biopic.
Tout comme Clint Eastwood qui l'incarne brillamment, le personnage
d'Earl Stone se présente tout d'abord comme un homme populaire, à
la recherche de la notoriété. Un horticulteur dont on célèbre le
talent mais qui douze ans après la séquence d'ouverture est
présenté comme un individu très éloigné des préoccupations
familiales et surtout désormais très endetté. Ayant perdu tout
contact avec sa fille, son ex-épouse et sa belle-famille, il ne
demeure encore que sa petite fille pour accepter de le recevoir chez
elle et son futur époux. Lors d'une dispute entre son ex-femme Mary
(Dianne Wiest qui cette année a interprété le rôle de Minnie
Castevet dans Apartment 7A,
la préquelle de Rosemary's Baby
de Roman Polanski), Earl fait la connaissance d'un invité de Ginny
(Taissa Farmiga dans le rôle de la petite fille en question) qui au
vu de la délicate situation financière du vieil homme lui propose
de le diriger vers une relation qui pourrait lui offrir l'opportunité
de gagner beaucoup d'argent. Sans savoir où il met les pieds, Earl
rencontre des mexicains qui chargent à l'arrière de son vieux
pick-up des paquets qu'il a interdiction d'ouvrir mais qu'il est
chargé de transporter d'El Paso dans l’État du Texas jusque dans
l'Illinois. Seules sont imposée quelques règles par ses employeurs.
Répondre de jour comme de nuit aux appels effectués sur le
téléphone qu'ils lui confient et une fois arrivé sur le lieu de la
livraison, laisser les clés de son véhicule dans la boite à gant,
partir pendant une heure, revenir ensuite reprendre son bien et
récupérer une enveloppe remplie de billets verts cachés avec ses
clés dans la boite à gants. Une affaire aussi
lucrative qu'attractive pour un vieil homme de quatre-vingt ans qui
jusque là était sans le sou.
Désormais riche de
plusieurs milliers de dollars, cette nouvelle fortune va être pour
Earl l'occasion de se rapprocher des siens. Mais ce que ne savent ni
lui, ni ses employeurs, c'est que dans l'ombre, l'agent de la DEA
(pour Drug
Enforcement Adinistration)
Colin Bates (excellent Bradley Cooper) enquête sur un réseau de
narcotrafiquants dont fait désormais pleinement partie le vieil
homme... Avec La mule,
Clint Eastwood signe une œuvre qui sans son approche toute
personnelle et sa sensibilité aurait pu n'être qu'un énième
long-métrage se déroulant dans l'univers des cartels mexicains mais
qui sous son impulsion, et inspiré par le script qu'écrivit Nick
Schenk sur la base d'un fait divers authentique relégué dans un
article du New
York Times Magazine,
est une œuvre émotionnellement forte. Qui de manière très
édulcorée permet à Clint Eastwood de livrer une partie de lui tout
en construisant autour de son personnage et du récit une histoire
parfois aussi farfelue que touchante (contrairement au personnage
d'Earl qui fit la guerre de Corée, Clint Eastwood ne fut pas appelé
sur le front). Une intrigue qui fait appel à un grand sens de
l'humour, le personnage d'Earl semblant parfois être totalement
détaché vis à vis des dangers que reflète ce métier au contact
duquel il fréquente de dangereux criminels. Par petites touches
subtiles et parfois franchement hilarantes, voilà notre Earl/Clint
lancé dans une sorte de quête de rédemption vis à vis de ses
proches qu'il a scrupuleusement ignoré durant ces douze dernières
années. Ne cessant pas pour autant de chercher à prendre du plaisir
comme lors de cette improbable séquence où le spectateur le
découvre, nanti de ses quatre-vingt printemps, au bras de deux
prostituées ! Entrecoupé de passionnantes séquences lors
desquelles Bradley Cooper incarne un agent de la DEA
parfaitement convainquant (notons d'ailleurs que son supérieur
hiérarchique Carl est incarné par le génial Laurence Fishburne),
La mule
n'est pas moins débarrassé de cette propension qu'à parfois Clint
Eastwood à ajouter une part d'émotion. De celle qui dans le cas de
cette histoire prend de telles proportions qu'elle bouleverse,
chavire et anéanti le spectateur (les derniers mots prononcés par
Mary sur son lit de mort). Bref, La mule est
un grand film. Drôle, angoissant, poignant. Du très grand Clint
Eastwood en somme...
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