Alleeeeez, encore une
bonne femme à la mise en scène....! Cette entrée en matière vous
choque ? J'dis ça, mais faudrait voir à remettre les pendules
à l'heure. Ou plutôt réguler le taux de connards que décrit la
réalisatrice à travers son œuvre car en deux longs-métrages,
l'homme n'y avait jamais été jusqu'à maintenant décrit de manière
aussi scrupuleusement négative. Entre le violeur, le lâche et le
compagnon/complice de Revenge en
2017 et ce tas de fumiers misogynes, machistes et particulièrement
lourds décrits cette année dans The Substance,
mes semblables et moi n'avons jamais été aussi proches de devenir
les proies des ligues amazones et néo-féministes qui poussent dans
notre société. Bref, vous l'aurez compris, le second long-métrage
de Catherine Fargeat est une œuvre féministe. Ensuite, certains
critiquent le fait que le film de la française s'inspire des travaux
du canadien David Cronenberg ? Et alors ! Qui n'en a pas
déjà fait autant ? Passé le curieux postulat selon lequel
tous les hommes seraient des prédateurs, The
Substance
traite également du temps qui passe. Celui qui inexorablement écarte
des planches une partie des actrices une fois passé un certain âge.
Phénomène qui semble d'abord et avant tout toucher le monde du
spectacle hollywoodien où les stars sont interchangeables. Où la
fraîcheur prime sur l'expérience. Où le jeunisme est semble-t-il
pour beaucoup, devenu une nouvelle norme. Allant même jusqu'à
offrir des rôles à de toutes jeunes actrices, voire des
adolescentes, quand la crédibilité des personnages voudrait que des
femmes d'âge plus mûr les incarnent à leur place. Ce qui vaut
d'ailleurs pour les interprètes masculin, bien entendu. The
Substance
tenterait même à prouver que la carrière d'une actrice ne serait
pas tant liée à sa déchéance physique qu'à l'obsolescence
programmée d'un métier qui n'est pas toujours tendre avec ses
anciennes stars du cinéma une fois atteinte la quarantaine... ou la
cinquantaine. La fiction ne rejoignant pas toujours la réalité,
l'ancienne Sex-Symbol
Demi Moore qui dans les années quatre-vingt dix fut la vedette de
Ghost
de Jerry Zucker, Proposition indécente
d'Adrian Lyne, de Harcèlement
de Barry Levinson ou encore de Striptease
d'Andrew Bergman revient donc en 2024 nantie de soixante et un
printemps. Autant d'années qui n'ont pas gâté son apparence
physique mais qui pourtant mettent son personnage au centre d'un
véritable dilemme. Peu importe que le concept d'origine soit
invraisemblable.
Si
l'auto-anthropophagie passée par la voie des nouvelles technologies
en matière de recherche scientifique peu avoir de quoi faire
sourire, ce que l'on ne pardonnera par contre absolument pas sont les
incohérences qui ponctuent le récit. Comme tenter de faire croire à
l'héroïne interprétée par Demi Moore ainsi qu'aux spectateurs
qu'elle ne forme qu'un seul et même individu avec Sue. Mieux, si
Elisabeth déteste tant ce qu'est devenu son clone une fois la
célébrité de celle-ci acquise, sachant qu'elle-même ne profite
absolument pas des bénéfices accordés à la jeune femme, pourquoi
continuer à accepter l'horrible sort qui lui est accordé ? Si
l'on suppose que le but recherché est de trouver une seconde
jeunesse à travers la substance injectée dans les veines, pour le
coup, c'est raté ! Au mieux, la dite substance permet d'offrir
une vie radieuse à une copie de soit-même, ce qui par conséquent
empêche l'hôte d'origine d'en bénéficier pleinement. Bon après,
concernant les effets-spéciaux, c'est pas de la faute des
spécialistes en maquillages prosthétiques mais la version
physiquement dégradée de Demi Moore/Elisabeth m'a furieusement fait
penser à Tsilla Chelton qui interpréta Tatie Danielle dans le film
éponyme d'Etienne Chatilliez en 1990. Autant dire qu'à chacune de
ses apparitions, je n'ai pu me retenir de rire. Ce qui, je m'en
doute, n'était absolument pas le but recherché. Si les deux
principales interprètes sont toutes les deux convaincantes, désolé
mesdames mais j'eus une légère préférence pour l'incarnation de
l'acteur Dennis Quaid dans le rôle du producteur Harvey.
Visuellement, The Substance
est splendide. Bien qu'appréciant le gore, j'ai trouvé les quelques
effusions de sang relativement pathétiques. Surtout lors de la
séquence durant laquelle Sue explose la tête d'Elisabeth contre le
miroir de la salle de bain. Gaspar Noé était déjà passé par là
avec la séquence de l’extincteur d'Irréversible
et depuis, personne n'est jamais parvenu à faire plus choquant ! Ou
lorsque Sue perd l'oreille, un ongle et quelques dents... Après le
traumatisme subit lors de la visite du musée personnel de Seth
Brundle dans le bouleversant chef-d’œuvre La
mouche
de David Cronenberg en 1987, cette actualisation made in 2024 paraît
bien innocente et surtout stérile en matière d'émotions. Ne vous
laissez surtout pas griser par les différentes mentions qui trônent
sur l'affiche du film. La réalité, la seule, est que The
Substance
n'est que le fantasme rêvé des grands festivals qui adoubent ce
genre de productions (au même titre que le surestimé Titane
de Julia Ducournau en 2021), qui pour être honnête est en terme de
sensations, souvent improductif. Le choc n'a donc, dans mon cas, pas
eu l'effet escompté un seul instant !
Ton verdict ne m'étonne pas. J'étais parti pour aller le voir et puis... les extraits (dont la scène du miroir que tu cite), le "buzz" louche et le parallèle avec "Titane" (femmes françaises qui font des films d'horreur ou gore) m'ont ravisé.
RépondreSupprimerPfffff, Quaid va être "Reagan"... Vu qu'il est de ce camp-là apparemment, il y sera sans doute crédible.