Il y a trois ans sortait
sur les écrans la drolatique et très noire comédie de
Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines.
Un véritable remède contre la sinistrose que le réalisateur ainsi
que la scénariste Amélie Philippe tentent de reproduire à nouveau
cette année avec Les pistolets en plastique.
Sélectionnée au dernier festival de Cannes à la Quinzaine
des réalisateurs,
cette nouvelle comédie délicieusement irrévérencieuse et
jouissivement déjantée prend plus ou moins pour cadre l'une des
affaires criminelles françaises les plus célèbres de ces vingt
dernières années. Sans citer l'homme au cœur du débat qui entoure
la mort d'une femme et de ses quatre enfants, tous supposément
assassinés par le père de famille Xavier Dupont de Ligonnès, l'on
est d'abord surpris par la ressemblance entre le suspect et le visage
de l'homme qui trône sur l'affiche du film. Un ''interprète''
fantomatique qui n'apparaît pas au cour du récit mais qui sert dès
le départ de point d'ancrage entre la fiction et l'affaire
criminelle. Paul Bernardin (Laurent Stocker) est aux abonnés absents
depuis la mort de son épouse et de ses trois enfants. Le tuteur
Jean-Pierre d'une petite association interprété par l'excellent
François Rollin remet à Léa (Delphine Baril) et Christine
Charlotte Laemmel), deux enquêtrices du Web, un diplôme pour leurs
faits d'armes en matière de recherches criminelles. Très intriguées
par cet homme sur laquelle la police n'est pas encore parvenue à
mettre la main, les deux jeunes femmes partent tout d'abord enquêter
sur les lieux du quadruple homicide. En parallèle à leurs
recherches, le profileur Zavatta (Anthony Paliotti), connu pour ses
très grandes compétences en matière d'identification des
criminels, est persuadé d'avoir reconnu Paul Bernardin, présent
dans un aéroport et s'apprêtant à prendre l'avion pour Copenhague,
au Danemark. À son arrivée, l'homme qui a été identifié comme
l'assassin de sa famille est arrêté par les autorités danoises qui
l'interrogent avant de le confier à la commissaire Hammer (Anne-Lise
Heimburger) qui constate rapidement qu'il y a méprise sur sa
personne. Mais alors que l'homme est remis en liberté, nos deux
enquêtrices facebook
décident de se rendre chez lui, persuadées qu'il s'agit bien de
Paul Bernardin qui lui, coule en réalité des jours heureux en
Argentine où il s'apprête à épouser sa compagne Joana (Juana
Acosta)...
Pas
de doute, il s'agit encore ici de comédie noire. Partant pourtant
d'un sujet particulièrement sordide, Jean-Christophe Meurisse ne se
départit jamais de l'humour macabre qui le caractérise en brossant
une galerie de portraits plus jubilatoires les uns que les autres.
Même si en toile de fond le long-métrage navigue entre les deux
enquêtrices passionnées d'affaires criminelles, un assassin qui se
la coule douce sous le soleil d'Argentine et un innocent auquel l'on
fait vivre un enfer, Les pistolets en plastique
est
également l'occasion de croiser de pittoresques seconds rôles. Dont
l'un est, en terme de plat de résistance, cette voisine de la
famille Bernardin excellemment incarnée Lula Hugot qui éructe
véritablement sa haine des étrangers, soliloquant à grands coups
de ''Bougnoules''
et de ''Niakoués''
face à deux enquêtrices qui ne parviennent que très difficilement
à s'en défaire. Ou comme cette femme enceinte (l'actrice Nora
Hamzawi) qui à bord de l'avion à destination de Copenhague
s'installe sur le siège mitoyen de Michel Uzès (l'individu suspecté
par erreur savoureusement incarné par Gaëtan Peau) pour lui conter
ses quatre accouchements ainsi que son épisiotomie. Les
pistolets en plastique
est également l'occasion pour Jean-Christophe Meurisse de mettre en
scène Romane Bohringer dans le rôle de Lucille, la compagne de
Zavatta ou Philippe Rebbot dans ce lui de Thiago, un ami de Paul
Bernardin. Cynique et insolente, cette comédie est une nouvelle fois
l'occasion pour son auteur de s'asseoir littéralement sur la
bien-pensance et ainsi se moquer de cette pensée unique que tente de
nous imposer la société. En outre, et comme nous le font bien
comprendre les médecins légistes John et Johnny (Fred Tousch et
Jonathan Cohen) en préambule, l'une des grandes passions du public
demeure tout ce qui touche aux faits les plus horribles relégués
par la presse et les médias en général. Ainsi donc, Les
pistolets en plastique
verse parfois dans l'horreur même si l'acte en lui-même est
nettement moins exposé devant la caméra qu'il ne le fut à l'époque
d'Oranges sanguines.
Notons également qu'en comparaison de ce dernier, le nouveau
long-métrage de Jean-Christophe Meurisse souffre de séquences et de
dialogues parfois poussifs. Comme ce monologue de la commissaire
Hammer qui met en scène une Anne-Lise Heimburger visiblement en
totale improvisation ou ce passage un peu long lors duquel Léa et
Christine investissent la demeure du meurtrier. Mais à part ces
quelques scènes pas vraiment brillantes, Les
pistolets en plastique
demeure ce qui se fait de mieux actuellement en matière de comédie
française...
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