Les films de super-héros
italiens sont suffisamment rares pour que l'on s'y intéresse.
Surtout qu'après l'extraordinaire Freaks out
réalisé par Gabriele Mainetti en 2022, il serait de bon ton de
remonter le fil du temps pour découvrir ce qui jusque là fut
produit dans le domaine. Dans les années soixante furent notamment
produits Come Rubare la Corona
d'Inghilterra de
Sergio Grieco dans lequel l'acteur Roger Browne incarnait Argoman
(Superman chez nous), un super-héros bien décidé à combattre la
séduisante Jénabelle qui voulait faire tomber l'humanité en
esclavage. L'année suivante sorti sur les écrans Barbarella
de
Roger Vadim, production franco-italienne mettant en scène la superbe
Jane Fonda dans le rôle-titre issu d'une bande-dessinée créée en
1962 par Jean-Claude Forest. Beaucoup plus récemment l'on a vu
débarquer en 2015 Il Ragazzo Invisibile
ou Le garçon invisible
du réalisateur napolitain Gabriele Salvatores pour lequel les
scénaristes Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi et Stefano Sardo se
sont inspirés de l'un des plus fameux mythes du cinéma et de la
littérature fantastique. À l'origine, un roman de science-fiction
écrit par le romancier britannique H.G.Wells et publié pour la
première fois en 1897. Œuvre majeure qui fut servie à toutes les
sauces durant le siècle suivant puisque des dizaines de réalisateur
cinéma et télévisés ont repris le concept avec plus ou moins de
succès. C'est ainsi que l'on se souvient de L'homme
invisible
de James Whale en 1933, des Aventures d'un homme
invisible de John
Carpenter en 1992, de Hollow Man : L'Homme sans
ombre
de Paul Verhoeven en 2000, de Invisible Man
de Leigh Whannell en 2020 ou des séries télévisées Invisible
Man
en 1959, de L'Homme invisible
en 1975 ou du Nouvel Homme invisible l'année
suivante. Mais pour en revenir au cinéma transalpin à tendance
''super-héroïque'', évoquons donc l’œuvre de Gabriele
Salvatores qui sous ses allures de Teen
Movie
italien évite quelques poncifs généraux propres au style
adolescent du concept se déroulant tout ou partie en milieu
scolaire. Ragazzo Invisibile n'échappera
cependant pas à l'un de ces stéréotypes pourtant bien ancrés dans
le réel faisant du héros, le jeune Michele Silenzi (incarné par
l'acteur Ludovico Girardello dont il s'agissait là du premier rôle
au cinéma), le souffre-douleur de deux de ses camarades et la risée
de tout l'établissement. Fasciné par la toute nouvelle élève
Stella (Noa Zatta) qu'il filme en secret à l'aide de son smartphone,
Michele est une fois de plus humilié le jour où l'adolescente
convie tous ses camarades à une fête costumée. S'étant fait voler
son téléphone par nos deux indécrottable imbéciles (Brando,
interprété par Enea Barozzi et Ivan par Riccardo Gasparini),
ceux-ci s'amusent à diffuser les vidéos sur lesquelles Stella
apparaît.
''Ragazzo Invisibile'' vs ''X-Men''
Honteux,
Michele prend la fuite et crie son désir de devenir invisible.
Lorsque le lendemain il se réveille et s'apprête à partir pour
l'école, l'adolescent est stupéfait de constater que son vœu a été
exaucé. Désormais invisible, le jeune garçon va en profiter pour
se venger auprès de ceux qui lui font du mal. Mais ce qu'il ne sait
pas encore, c'est que son cas intéresse une étrange organisation
d'origine russe. De plus, des élèves de son entourage commencent à
disparaître les uns après les autres... Il semble
désormais acquis que certains réalisateurs italiens soient à
l'origine d'un renouveau du cinéma fantastique transalpin après son
affligeante déroute survenue longtemps auparavant dans le courant
des années 80/90. Il y a deux ans en arrière, Freaks out de
Gabriele Mainetti en fut d'ailleurs la plus formidable illustration.
Un chef-d’œuvre absolu cristallisant tous les bienfaits du cinéma
supe-héroïque mondial face à une production américaine
survitaminée, bouffie d'arrogance et au final, remarquablement
indigeste... On rangera donc Ragazzo Invisibile
du
côté de cette intéressante production française que fut Vincent
n'a pas d'écailles
de Thomas Salvador et qui vit le jour un an auparavant, en 2014,
plutôt que dans la catégorie des Blockbusters
façon Marvel
ou DC Comics.
Un cinéma nettement plus sobre et où l'on s'amuse tout d'abord de
voir les deux crétins du collège être tournés en ridicule pour
ensuite voir notre jeune héros invisible aux yeux de ses camarades
mais bien présent à l'image pour les spectateurs, se baladant à
poil dans l'enceinte de son établissement ou dans les douches des
filles ! La mère du jeune héros est incarnée par l'actrice
italienne Valeria Golino qui dans les années 80/90 parti faire
carrière aux États-Unis et apparu notamment dans Rain
Man
de Barry Levinson en 1988 ou les deux volets Hot
Shots! de
Jim Abraham en 1991 et 1993. Mère séparée et policière, c'est
donc seule que Giovanna Silenzi élève son fils Michele. En toile de
fond, un contexte historique expliquant les raisons de cet étrange
phénomène ainsi que le retour du père que l'adolescent n'a jamais
connu. Beaucoup plus profond qu'il n'y paraît au premier abord,
Ragazzo Invisibile
s'écarte de son simple statut de Teen
Movie
pour visiter des zones beaucoup plus sombres de l'âme humaine.
Parmi les adaptations du roman de H.G.Wells, et bien qu'il s'éloigne
de l'intrigue originelle, le film de Gabriele Salvatores est une
excellente surprise et sans doute parmi les meilleures propositions
sur le thème de L'invisibilité...
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