Afin de conclure ce cycle
consacré à l'acteur hongkongais Bruce Lee, nous allons évoquer le
tout dernier long-métrage dans lequel il est apparu. Le jeu de
la mort
possède cette particularité d'être essentiellement interprété
par l'acteur sud-coréen Kim Tai Chung et non pas par Bruce Lee qui
décéda d'un œdème cérébral avant la reprise du tournage, une
semaine avant que son précédent film Opération
dragon
ne voit le jour sur les écrans de cinéma. À l'origine, Bruce Lee
devait réaliser Le jeu de la mort
pour lequel il avait lui-même écrit un scénario se basant sur les
péripéties d'un spécialiste des arts-martiaux qui sur la demande
de la mafia coréenne devait combattre toute une série d'adversaires
au sein d'une pagode avec à la clé, la découverte d'un trésor.
Après la mort de l'acteur, le personnage de Hai Tien est remplacé
par Billy Lo qu'incarne donc Kim Tai Chung tandis que la mafia
coréenne est elle échangée contre le syndicat du crime de Hong
Kong. Le personnage central n'est plus un ancien champion des
arts-martiaux mais un acteur sur lequel le syndicat en question tente
de mettre la main. Après avoir essuyé de multiples refus de la part
de Billy, Steiner (Hugh O'Brian), le docteur Land (Dean Jagger), Carl
Miller (Robert Wall) ainsi que des hommes à moto le mettent en
danger ainsi que sa fiancée, l'actrice Ann Morris (Colleen Camp) et
vont même jusqu'à prendre la décision de l'éliminer lors du
tournage de son tout dernier film. Laissé pour mort, transporté à
l’hôpital, Billy n'a plus qu'une idée en tête : se faire
justice... Après deux mois de tournage en 1972, Bruce Lee se
consacre à Opération dragon
que réalise alors Robert Clouse. Lors de la reprise du Jeu
de la mort,
c'est ce dernier qui en reprend les rennes sur la base d'un script
qui respecte au fond assez peu celui de Bruce Lee. Quant à l'acteur
Kim Tai Chung, durant une bonne partie du récit il est visible sous
des angles qui tentent vainement de le confondre avec la star du
kung-fu ! Filmé de dos ou de trois-quart, dans une
semi-obscurité ou doté de divers postiches et autres lunettes de
soleil, l'illusion demeure très imparfaite.
Le
film intègre dans un premier temps quelques plans fugaces de Bruce
Lee (surtout des gros plans) mais ne lui consacre en réalité que
quelques rares séquences comme lors du fameux duel qui l'oppose en
fin de récit au joueur de basket new-yorkais Kareem Abdul-Jabbar. À
vrai dire, Le jeu de la mort
doit tout d'abord s'envisager non pas comme un pur film honorant de
sa présence le mythique acteur hongkongais mais plutôt comme un
hommage. En témoignent les générique de début et de fin qui
reviennent sur quelques courts passages emblématiques situant leur
action lors des précédents films dans lesquels il tenait la
vedette. En réalisant à l'issue du tournage d'Opération
dragon
quelques séquences de combat dans la pagode prévues pour son
prochain film, Bruce Lee a permis à ses fans de prolonger le plaisir
dans un nouveau long-métrage même si Le jeu de
la mort apparaît
davantage comme une œuvre bâtarde que comme un authentique film
estampillé ''Bruce Lee''. Ce concept, qui alors était tout à fait
involontaire du fait que l'acteur était décédé sera à l'origine
dans les années à venir de la ''création'' d'un sous-genre. La
''Bruceploitation''
dans laquelle des sosies de Bruce Lee seront les nouvelles vedettes
de film de kung-fu tentant de reproduire ''à leur niveau de
compétence'', les exploits cinématographiques de celui qui était
déjà et allait demeurer LA plus grande légende du cinéma
d'arts-martiaux. Même si le plaisir de retrouver Bruce Lee dans Le
jeu de la mort
est réel bien que très ponctuel, le fait même qu'on sache qu'il y
apparaît tout en étant ''doublé'' par un autre que lui durant une
très grande partie du récit rend inconfortable son déroulement.
Car afin de capitaliser sur son image, certains ne semblent avoir eu
aucun scrupule à placer ça et là de nombreux plans ne dépassant
pas une seconde. Pire : il demeure même un plan où le visage
de Bruce Lee est carrément plaqué sur celui de Kim Tai Chung et ce,
pour un résultat absolument désastreux... voire même risible.
Bref, en dehors de quelques antagonistes méchamment caractérisés
et le combat final entre Bruce Lee et Kareem Abdul-Jabbar, Le
jeu de la mort est
en réalité moins l’œuvre posthume de la plus grande star du
kung-fu ayant jamais existé qu'un film à l'opportunisme
aveuglant... Bruce Lee : 27 novembre 1940 - 20 juillet 1973...
Côté positif, la musique de John Barry. Côté négatif, en plus que tout ce que vous avez déjà mentionné, l'utilisation des images du véritable enterrement de Bruce Lee, on voit d'ailleurs son corps durant un bref instant.
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