Pour les amateurs de
films d'horreur, Christopher Smith évoque de savoureux frissons et
de doux souvenirs. Oh, bien entendu, son nom provoquera moins
d'émois auprès du tout Hollywood. Mais pour les fans de petites
productions horrifiques, de séries B de ''grand standing'', ce
réalisateur marque en général d'une empreinte sanglante les
mémoires chaque fois qu'il entreprend sa carrière sous l'angle du
fantastique, de l'horreur et de l'épouvante. Car après avoir signé
à la fin du siècle dernier le drame The Day Grandad Went
Blind,
il mettra cinq ans pour réaliser son second long-métrage intitulé
Creep.
Version moderne et plus ou moins officielle de l'excellent Death
Line que
réalisa trente-deux ans auparavant l'américain Gary Sherman en
1972. Une œuvre ayant fêté ses cinquante ans l'année passée et
qui pourtant demeure encore aujourd'hui étonnamment glauque. Deux
ans plus tard, Christopher Smith nous livre un Severance
d'excellente facture avant de réaliser le sympathique Triangle.
Une œuvre originale située sur un bateau de croisière et
mélangeant boucle temporelle et Slasher ! Un pari risqué pour
un résultat qui dépasse les espérances. Puis vient le tour l'année
suivante de Black Death
qui vient définitivement confirmer que le talent du bonhomme est
bien réel et n'a rien à voir avec le hasard. S'ensuit la mini-série
d'aventures fantastiques Labyrinth,
et surtout la comédie familiale Get Santa
qui laisse présumer que Christopher a peut-être tout dit sur le
sujet de l'horreur ou en a assez. En 2016, il continue de s'éloigner
de son genre de prédilection avec le Road-Movie/Thriller
Detour.
Puis retour sur le petit écran avec les séries Curfew
en 2019 et Alex Rider
l'année suivante. Cette même année où sort The
Banishing : la demeure du mal.
Un retour aux origines ? Oui ! Un retour fracassant ?
Pas sûr. Cela dépend en fait de quel côté de la barrière l'on se
situe. Car l'avant-dernier long-métrage de Christopher Smith (Nous
attendons avec ferveur Consecration)
peut s'avérer en effet fracassant en ce sens où il peut faire
s'effondrer toutes les illusions. Celles qui firent naître à son
annonce le retour de l'un de ces cinéastes que l'on chérit chaque
fois que son nom est prononcé et que les fans sont informés d'un
nouveau projet ! Il semblerait presque que The
Banishing
se positionne comme le second volet d'une trilogie
horrifico-religieuse débutée dix ans plus tôt avec Black
Death
et dont la conclusion devrait donc prochainement nous apparaître
sous la forme de son dernier né. C'est peut-être aussi supposer un
peu trop rapidement la chose tant celui-ci déçoit...
En
effet, bien que d'un point de vue esthétique The
Banishing
nous en mette parfois plein la vue et que certaines séquences se
montrent réellement anxiogènes, la gourmandise du réalisateur et
de ses scénaristes qui s'y sont mis à trois pour concevoir le
script (David Beton, Ray Bogdanovich et Dean Lines) nuit gravement au
film autant qu'à la compréhension du spectateur qui après des
débuts plutôt calmes va être emporté dans un tourbillon d'idées
qui finiront de l'achever. Mais cela, malheureusement, pas dans le
bon sens du terme. D'emblée, Christopher Smith grille quelques
cartouches en ouvrant les hostilités avec une séquence lors de
laquelle, une femme et massacrée dans son lit par son vicaire
d'époux qui ensuite se pend. Viennent alors s'installer dans leur
superbe mais quelque peu lugubre demeure un couple et leur fille
(John Heffernan, Jessica Brown Findlay et Anya McKenna-Bruce). Comme
l'ancien propriétaire, l'homme est lui aussi vicaire. Le scénario
ne fait donc pas longtemps mystère des risques que vont encourir nos
jeunes ''tourtereaux'' et leur gamine. Le spectateur conclura donc
très vite qu'écrire un scénario à trois n'est pas forcément la
preuve de son originalité. Là où le film l'est, original, c'est
dans sa construction totalement bancale mélangeant divers types de
manifestations propres au genre mais dont l'émulsion, ici, ne prend
jamais vraiment. Christopher Smith a beau asséner son œuvre de
quelques visions authentiquement horrifiques, avoir peur, trembler,
suffoquer ou sursauter son des données qui malheureusement ne seront
pas à prendre en compte dans le cas de ce long-métrage trop
brouillon et donc parfois incompréhensible. Un fait particulièrement
notable au niveau du montage. En effet, l'on a parfois et même très
souvent l'impression que le réalisateur et son monteur Richard
Smither on choisit de supprimer des scènes essentielles afin
d’accélérer le rythme. Ce qui fait que mises bout à bout, les
séquences s'enchaînent sans trop de cohésion. Bref, l'on retiendra
avant tout autre chose la photographie de Sarah Cunningham. Pour le
reste, ce fatras de bonnes idées qui auraient méritées d'être
séparées les unes des autres pour en faire deux ou trois films à
part entière rend la lecture de l'ensemble quasiment illisible...
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