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mardi 25 avril 2023

Mothra (モスラ, Mosura) d'Ishirō Honda (1961) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Si le Livre de la Genèse évoquait la création de la femme et de l'homme par Dieu, les cinéastes et scénaristes japonais imaginèrent des créatures à l'allure nettement moins élégante. Contrairement à certains personnages héroïques issus des mangas, le kaijū eiga est né sur grand écran, en 1954, à travers l'impulsion du réalisateur Ishirō Honda et de son mythique Gojira. Depuis, ils sont nombreux à avoir voulu se partager les parts d'un immense gâteau en créant leur propre créature. Gamera apparu pour la première fois dans l’œuvre éponyme de Noriaki Yuasa en 1965, Barugon dans Daikaijū kettō: Gamera tai Barugon de Shigeo Tanaka en 1966, Gyaos dans Daikaijū kūchūsen: Gamera tai Gyaosu de Noriaki Yuasa en 1967 ou bien Yongary dans Taekoesu Yonggary du sud-coréen Kim Ki-duk la même année. Les occidentaux eux-mêmes s'étant très rapidement érigés en copieurs puisque rien qu'en 1961, l'américain Sidney W. Pink et le français d'origine suisse Eugène Lourié réalisèrent respectivement Reptilicus le monstre des mers et Gorgo. De cette légion de longs-métrages et de créatures, pratiquement seules créés par le fondateur du genre peuvent se targuer d'être demeurées dans les mémoires... 



Godzilla, donc, mais aussi Rodan ou dans le cas présent, Mothra, qui donne son nom à un long-métrage qui mettra en scène pour la première fois la célèbre et monumentale femelle lépidoptère. Dans ce Mothra légendaire, Ishirō Honda nous la présente tout d'abord sous sa forme originelle. Soit, une larve aux proportions gargantuesques, bien moins fragile que les formes de vie que l'on rencontre en général dans la nature et qui de son poids que l'on peut supposer être de plusieurs centaines de tonnes écrase tout sur son chemin. C'est face à cette créature qui s'éveille à l'appel des habitants d'une île tout à fait imaginaire créée à l'occasion du film sur la base d'un ouvrage littéraire de Yoshie Hotta, Takehiko Fukunaga et Shin'ichirô Nakamura adapté à l'écran par Shin'ichi Sekizawa que le spectateur se retrouve tout d'abord. Mais le monstre du film, celui que l'on croit reconnaître devant l'imposante masse qui lentement progresse vers la ville pour y tout détruire, n'est pas celui auquel on pense. Non, car la représentation du mal dans Mothra prend les apparences d'un homme a priori tout à fait banal qu'incarne le businessman Clark Nelson, un individu originaire de Rolisica, un pays imaginaire créé à l'occasion du film. Un homme à la gâchette facile et aux mauvaises intentions comme nous le découvrirons très rapidement. En effet, découvertes sur l'île Infant, deux jumelles à la taille proportionnellement inverse à celle de la créature qu'elle abrite vont être kidnappées puis utilisées dans des spectacles à des fins pécuniaires par Nelson... 



Le long-métrage d'Ishirō Honda demeure l'un des meilleurs de sa catégorie et montre avec quel soin le réalisateur japonais et quel soucis du détail il parvient à mettre en scène des séquences de destruction massive. Changeant régulièrement son équipe en charge des effet visuels et spéciaux, l'élargissant même lorsque cela se révèle nécessaire. Produit par l'une des plus grandes et plus célèbres maisons de productions japonaise, la Tōhō (ou Tōhō kabushiki gaisha sous son nom complet), Mothra met notamment en scène les sœurs Emi et Jerri Itô, véritables jumelles qui accompagneront le mythe du papillon géant à travers divers longs-métrages avant d'être remplacées. Ishirō Honda laisse libre cours aux artificiers qui s'en donnent à cœur joie dans un festival pyrotechnique auquel le réalisateur nous avait déjà habitué par le passé. Visuellement, Mothra est somptueux. Visite d'une forêt tropicale habitée par une faune endémique, voyage en bateau et catastrophes en tous genres, le spectacle est total. Bien que les jumelles du film possèdent d'indéniables charmes et un véritable talent pour la chanson, on regrettera cependant que le long-métrage s’appesantisse parfois un peu trop longuement sur la représentation de ces deux miniatures lors des spectacles imposés aux deux jeunes indigènes par le méchant Nelson. Contrairement à beaucoup de  kaijū où la créature figure l'antagoniste du récit, Mothra ne représente donc ici pas le mal mais le seul et unique moyen pour les deux jumelles Shobijin et Kurâruku Neruson de retourner chez elles. Mothra est une brillante réussite et l'un des meilleurs films de son auteur, dépassant de loin le sympathique mais néanmoins dispensable Rodan que réalisa Ishirō Honda cinq ans en arrière...


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