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vendredi 7 avril 2023

M.Butterfly de David Cronenberg (1993) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Que peut-on attendre d'une œuvre signée de l'un des plus grands cinéastes canadiens et interprétée par l'une des valeurs sûres du cinéma britannique et même, mondial ? Que la magie opérée cinq ans auparavant, en 1988, le soit une fois encore. Juste une fois. Pas seulement pour se convaincre qu'il se soit simplement agit d'un miracle mais que l'union artistique de ces deux hommes auxquels se joignirent d'autres caractéristiques puisse encore et encore produire du sublime sur support magnétique. Nous sommes en 1993 et cinq ans après le magnifique et bouleversant Faux-semblants, David Cronenberg offrait pour la seconde fois le rôle principal de l'une de ses œuvres à l'acteur originaire de Cowes en Angleterre, Jeremy Irons. Après s'être offert le pari hautement risqué de mettre en images une œuvre réputée inadaptable au cinéma (Le Festin nu du romancier américain William S. Burroughs), le plus réputé des réalisateurs canadiens s'attaquait donc à la célèbre pièce de théâtre M.Butterfly du dramaturge et scénariste américain David Henry Hwang. Mais derrière M.Butterfly se cache en réalité les destins croisés de personnages imaginaires et de personnalités ayant réellement vécu. Le film emprunte donc à l'opéra italien de Giacomo Puccini une partie de son intrigue. La rencontre entre un occidental et une jeune geisha de seulement quinze ans. L'on retrouve ce brin de cynisme chez le personnage incarné par Jeremy Irons dont l'arrogance lui fait tenir des propos diffamants envers une culture que ses semblables et lui semblent tout d'abord mépriser. René Gallimard rejoint donc l'impudent Benjamin Franklin Pinkerton pour qui, Cio-Cio-San n'était qu'une récréation teintée d'exotisme. Dès lors, le récit prend un virage à cent-quatre vingt degrés, se déleste de l'intrigue propre à l'opéra pour se pencher davantage sur celle de la pièce de théâtre. Car dans le cas de M.Butterfly, la passion est plurielle, se vit à deux et n'est plus exclusivement portée par la seule personne de Song Liling (l'acteur américain originaire de Hong-Kong, John Lone). Aïe ! Voilà que tout est dit. Car oui, mais cela ne devrait logiquement plus être un secret, la beauté sous le charme de laquelle va tomber le comptable de l'ambassade France de Pékin René Gallimard est un homme...


C'est là que se rejoignent alors la réalité et la fiction. Car sous des dehors improbables (l'hormonothérapie et les premières opérations consistant à une réassignation sexuelle étaient à l'époque relativement rares et certainement inenvisageables en Chine à l'époque où se situe l'action), il faut savoir que le long-métrage de David Cronenberg s'inspire de l'authentique histoire du fonctionnaire français Bernard Boursicot et de l'artiste lyrique chinois Shi Pei Pu qui eurent une relation entre 1964 et 1983. Derrière l’ambiguïté du propos, le canadien se saisit également de l'affaire d'espionnage qui envoya Shi Pei Pu en prison durant six années pour avoir transmis aux autorités de la république populaire de Chine des documents diplomatiques appartenant à l'état français. Cette histoire d'amour qui, lorsque l'on étudie son approche en profondeur ne dépareille finalement pas avec l'univers habituel de David Cronenberg, apparaît donc biaisée à plus d'un titre. Espionnage, ''tromperie sur la marchandise'', mais aussi, malice de la part de Song Liling qui évoque des coutumes ancestrales chères à sa communauté et adopte ainsi un comportement qui empêchent tout d'abord le comptable de découvrir la vérité. Sur fond de révolution culturelle et de reprogrammation mentale, David Cronenberg signe une œuvre historico-sentimentale qui n'a malheureusement pas l'ampleur de Faux-semblants. Ni même son histoire d'amour, aussi belles peuvent s'avérer certains séquences entre Jeremy Irons et John Lone, on pouvait espérer de la part de celui qui réalisa l'une des plus belles et plus tragiques histoires d'amour sept ans auparavant (La mouche) qu'il nous drape une fois encore de cette émotion qui s'extrayait pourtant d'un contexte fantastico-horrifique. Il demeurera de M.Butterfly quelques plans sur le visage de Jeremy Irons en clairs-obscurs tentant de reproduire la saisissante séquence du miroir de Faux-semblants, la superbe partition du fidèle compositeur Howard Shore ou les contacts charnels des deux principaux interprètes. Mais néanmoins, le films souffre dans sa version originale d'un défaut majeur : Afin de simuler la féminité du personnage qu'interprète John Lone, celui-ci semble avoir été doublé dans la langue de Shakespeare avec un manque de soucis qui paraît à peine pensable chez David Cronenberg. Une voix féminine qui peine à s'insérer au cœur d'un récit pourtant parfois mémorable. Loin du Body Horror, David Cronenberg signait malgré tout un beau film. Un drame romantique quelque peu... déviant, et pourtant si réel...

 

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