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mercredi 22 juin 2022

Gin Gwai d'Oxide Chun et Danny Pang (2002) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si l'on s'en tient uniquement au cinéma d'horreur et d'épouvante asiatique de la fin des années quatre-vingt dix jusqu'au milieu de la décennie suivante, Gin Gwai des frères Oxide Chun et Danny Pang entre dans la grande tradition de la J-Horror tout en s'éloignant des origines qui lient en revanche le cinéma de Takashi Shimizu (la série des Ju-On, Marebito, Rinne ou plus récemment, Homunkurusu) de celui de Hideo Nakata (la franchise Ringu, le sublime Honogurai Mizu no Soko Kara ou l'étonnant Chatroom) ou encore l'univers de Shin'ya Tsukamoto (le chef-d’œuvre Tetsuo ainsi que les formidables Kotoko, Fires on the plain et A Snake of June). Et ce pour une raison strictement géographique puisque si la J-Horror se réfère implicitement au cinéma japonais, l'envie d'élargir le champ d'action de ce sous-genre horrifique qui a connu son heure de gloire à la fin du siècle dernier et dans les premières années du suivant est tentante. Toujours cette fâcheuse habitude qu'à l'occidental de voir derrière chaque regard aux yeux bridés, celui d'un chinois ou d'un japonais sans jamais regarder plus loin et concevoir que l'Asie est un continent qui à lui seul compte plus de quatre milliards et demi d'individus répartis dans quarante-huit pays. Les frères Pang sont d'origine sino-thaïlandaise et leur second long-métrage en commun, une co-production entre Hong Kong et Singapour. Ce qui le met donc d'emblée hors course dans la liste des meilleurs film d'horreur, d'épouvante ou fantastique du cinéma japonais. Ce qui ne lui enlève pas pour autant ses indéniables qualités qui feraient taire celles et ceux qui ne jurent que par le cinéma du pays de Soleil Levant ! En effet, si Gin Gwai aurait tout de même pu bénéficier d'un soin plus important en matière d'effets visuels, pour le reste, le long-métrage des frère Pang est un vrai plaisir de cinéma horrifique. Et pourtant, les occasions de sursauter s'y font relativement rares pour ne pas dire totalement absentes. C'est donc ailleurs qu'il faudra chercher les qualités de ce film de fantômes qui plutôt que de reproduire les recettes déjà usées jusqu'à la corde à l'époque (nous sommes alors en 2002) et dont se sont fait les chantres Takashi Shimizu et Hideo Nakata, aborde le sujet sous un angle inédit !

 

Et même, sous deux angles différents puisqu'alors que la jeune héroïne aveugle Wong Kar Mun (l'actrice malaisienne Angelica Lee) va être témoin de la présence de fantômes à la suite d'une opération des yeux lui ayant permis de recouvrer la vue, Gin Gwai prend un virage tout à fait inattendu, intéressant cette fois-ci directement la jeune femme dans le cadre des apparitions. Ce qui peut rebuter dès le départ est le traitement visuel de l'intrigue. Bénéficiant d'un petit budget d'un peu plus de deux millions de dollars et demi, les frère Pang semblent n'avoir pas prioritairement misé sur les effets-spéciaux mais davantage sur le scénario qu'ils ont écrit tous les deux en collaboration avec l'actrice, productrice et scénariste Yuet-Jan Hui. Multipliant les ralentis clipesques et certains effets proprement ringards, le film a de plus tendance à arborer une esthétique de téléfilm relativement déroutante. Il est d'ailleurs étonnant de constater que les choses iront en s'améliorant au fil du récit. À croire que l'argent de la production est rentré dans le projet au compte-goutte ou que les frangins se soient aperçu du naufrage vers lequel tendait leur mise en scène. Passée cette première impression plutôt navrante, Gin Gwai se révèle être en réalité une excellente surprise. On passe de l'horrible violon synthétique à une musique tribale et d'une image léchée très ''Soap'' à un piqué déjà beaucoup plus crédible. Non content d'être franchement craquante, Angelica Lee est épatante dans le rôle de cette ancienne aveugle victime dans un premier temps d'une sévère myopie (idée géniale qui une fois exploitée en vue subjective offre quelques courtes séquences plus ou moins angoissantes) et qui va enquêter ensuite sur le décès d'une jeune adolescente.

 

Inutile de préciser que le film se doit d'être découvert dans sa version originale tant le doublage apparaît souvent atroce. En effet, les voix de certaines ''apparitions'' sont dans notre langue parfaitement ridicules, et quant au français Alexandre Gillet, il a beau être notamment le doubleur officiel de l'acteur américain Elijah Wood depuis la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, entendre l'acteur canado-hongkongais affublé de son timbre de voix ne passe absolument pas à l'image. Pas un seul frisson (ou si peu), des effets-spéciaux d'une autre époque, une mise en scène et une bande musicale qui dans la première moitié se révèlent gnangnan... Avec des tares pareilles, on pourrait considérer Gin Gwai comme un mauvais film d'épouvante et fantastique. Et pourtant, le miracle a lieu puisqu'à côté de ses défauts, le long-métrage bénéficie d'un scénario solide, d'une très belle interprétation de la part de ses acteurs principaux ainsi que d'un twist génial permettant en outre de relancer l'intrigue sur un terrain prometteur qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Notons qu'Oxide Chun et Danny Pang n'en sont pas restés là puisque les frangins ont réalisé une première séquelle deux ans plus tard sous le titre Gin gwai 2 (The Eye 2, renaissances) ainsi qu'un troisième volet intitulé Gin gwai 10 (The Eye 3, l'au-delà) l'année suivante. Quant à ce premier volet de la trilogie, il sera nominé et récompensé d'une foule de prix dans divers festivals à travers le monde dont le Prix de la Meilleure photographie qui sera attribué à Decha Srimantra au Festival international du film de Catalogne de Sitges en 2002 ou celui du meilleur film et de la meilleure actrice pour Angelica Lee à la 22ème cérémonie des Hong Kong Film Awards l'année suivante...

 

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