Auteur entre autre de
quelques monuments du septième art parmi lesquels figurent en très
bonne place The Devils
(1971) et Altered States
(1980), le réalisateur britannique Ken Russell aussi connu pour ses
outrances et l'excentricité de son univers cinématographique s'est
fendu en outre de plusieurs biopics (Savage
Messiahi en 1972, Mahler
en 1974, Lisztomania
en 1975 ou Valentino
deux ans plus tard) mais aussi malheureusement de quelques nanars
parmi lesquels The Lair of the White Worm
pourra, au juger, paraître comme l'un des parangons de ce sous-genre
ayant tout de même son comptant d'adeptes. Un long-métrage qui...
comment l'énoncer sans blesser les fans du réalisateur, est à ce
point ridicule que l'on a du mal à imaginer que derrière son auteur
se cache effectivement un tel cinéaste. Une chose avant tout :
ignorez la version française dont le doublage est une véritable
abomination. On croirait presque avoir à faire à un léger retour
en arrière à l'époque des plus infectes bandes horrifiques
transalpines doublées à l'arrache par des comédiens peu motivés.
Un supplice auditif qui tend ici à s'élargir à la Grande-Bretagne
puisque le résultat est assurément le même que ceux des deux
volets de la franchise Démons réalisés
par Lamberto Bava en 1985 et 1986 et peut-être même pire que celui
de la carrière que poursuivi pour le petit écran, le fils de
l'illustre Mario Bava. Si Ken Russell repart dans ses délires
excentriques façon The Devils
et ses nonnes ''envoûtées'' par l'abbé Urbain Grandier
qu'incarnait alors l'impressionnant Oliver Reed, son viol de
religieuses par des soldats romains sous l’œil du Chris est
tellement kitsch et ringard que la séquence n'est même pas
choquante.
Du
moins foncièrement hallucinante est-elle même sous ses allures de
clip vidéo mal fagoté ! Avec son saxophone, son
château aux allures néo-gothiques et ses quelques répliques
salaces dignes d'un porno français des seventies (''Et
bien dis donc, on ne le dirait pas mais tu es drôlement bien monté''
assure la châtelaine Lady Sylvia Marsh avant de mordre l'entrejambe
d'un jeune scout !),
The Lair of the White Worm
repousse sans cesse les limites du ridicule. Et même si l'on sent
parfois poindre une note d'humour de la part du réalisateur (l'éloge
faite par la dite Lady
Sylvia Marsh
au ''Maître, Dieu magnifique et sublime qui nous fait revivre sur
Terre'' interrompu par la sonnette du château !), on aura bien
du mal à comprendre cette volonté presque autodestructrice
consistant à ruiner le potentiel d'une œuvre reposant à l'origine
sur le roman éponyme de l'écrivain britannique Bram Stocker,
surtout connu pour avoir été l'auteur de l'un des plus célèbres
romans fantastiques, Dracula.
Si Ken Russell change le nom des personnages, il s'agit bien ici
d'une relecture de l'ouvrage de l'écrivain mettant en scène la
propriétaire d'un manoir et deux hommes qui ont récemment fait
connaissance. Disparitions inexpliquées, rites et cultes païens,
serpent géant, vampirisme, visions cauchemardesques et
grandiloquentes, The Lair of the White Worm
accumule les fautes de goût. Tout ou presque fait référence à ce
serpent qui entoure la légende selon laquelle la disparition du père
de l'une des héroïnes (Sammi Davis dans le rôle de Mary Trent)
serait consécutive à la destruction passée de la dite créature.
L'imaginaire
débridé de Ken Russell s'exprime ici à travers des séquences de
rêves hallucinatoires parfaitement improbables et qui surtout, n'ont
ni queue, ni tête, sexualisant en outre très souvent le propos
comme par exemple lors de cette séquences explicite durant laquelle
le Lord James D'Ampton (ici interprété par Hugh Grant) se retrouve
dans un avion et assiste au combat entre deux hôtesses de l'air
tandis que dans sa main, la pointe d'un stylo rouge remonte vers le
haut à la manière d'un pénis en érection ! Plus
qu'une adaptation plus ou moins fidèle et certainement beaucoup
moins remarquable que le roman de Bram Stocker, le long-métrage de
Ken Russell est surtout un objet de curiosité. Une œuvre qui malgré
ses nombreux défauts et la laideur de ses effets visuels remporta
en 1989 le prix des meilleurs effets-spéciaux au Mostra
Internazionale del Film di Fantascienza e del Fantastico
de Rome. Ce qui ne s'avère au final pas très étonnant vu que The
Lair of the White Worm
a parfois l'air d'avoir été réalisé par un cinéaste italien dans
le courant des années quatre-vingt. Si vous êtes fan de la période
glorieuse de ce grand cinéaste britannique qu'était Ken Russell, un
conseil : évitez de jeter un œil à cette impensable
''zéderie''...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire