Le Diable et William Friedkin est une histoire qui remonte très loin
dans le passé. Du point de vue du seul réalisateur et non pas de
l'enfant ou de l'adolescent qu'il fut sans doute, le Mal semble
s’être insinué dans nombres d’œuvres qu'il mit en scène
durant sa carrière. Mais si la drogue (French Connection),
le meurtre (Rampage
et Cruising)
ou la nature elle-même (Sorcerer)
peuvent être révélateurs d'une présence diabolique globale
réunissant sur un même plan végétal, minéral et animal, le
réalisateur américain révéla de manière particulièrement
concrète le caractère pourtant nébuleux de la possession
diabolique un jour de 1973. Le 26 décembre lorsque arriva sur les
écrans américains The Exorcist,
le parangon d'un genre que nul autre cinéaste ne parviendra jamais à
égaler. Quarante-six ans plus tard, le réalisateur revient sur l'un
des films de terreurs les plus marquants de l'histoire du cinéma et
s'installe devant la caméra du réalisateur et scénariste suisse
Alexandre O. Philippe qui réalisa notamment un documentaire sur le
phénomène des zombies (Doc of the Dead)
et un essai sur les origines méconnues du chef-d’œuvre de Ridley
Scott, Alien.
L’Exorciste selon William Friedkin
remonte lentement le fil du temps. De la petite enfance de William
Friedkin et sa découverte des salles obscures. L'occasion pour lui
de parler de sa passion pour le cinéma et d'évoquer ainsi le cinéma
de Carl Theodor Dreyer (Ordet),
Orson Wells (Citizen Kane),
ou encore ceux de Fritz Lang, Stanley Kubrick ou Alfred Hitchcock.
Des lieux sans doute communs mais qui ont imprimé de leur empreinte
la future carrière de l'auteur de The
Exorcist dont
il s'agit ici d'analyser pour William Friedkin les fondements...
Sobre
mais accompagné de nombreux extraits de films et surtout
d'innombrables anecdotes de tournage, L’Exorciste
selon William Friedkin
est un documentaire passionnant, et même une longue interview d'un
réalisateur que l'on découvrira peut-être sous un jour étonnant.
Exigeant mais doté d'un humour qui ne saute pourtant pas directement
aux yeux, William Friedkin est le témoin direct et privilégié
d'une histoire qui a débuté il y a bien longtemps. Bien avant que
le projet ne se concrétise puisque c'est sur son impulsion indirecte
que le scénariste, écrivain et réalisateur américano-libanais
William Peter Blatty se lance tout d'abord dans l'écriture du roman,
William Friedkin s'intéressant alors de très près au phénomène
de possession diabolique. Plusieurs réalisateurs refuseront le
projet d'adapter le roman au cinéma et c'est finalement William
Friedkin qui se voit offrir la réalisation de l'adaptation
cinématographique sur conseil de l'écrivain. Si le nom de William
Peter Blatty semble éternellement lié au projet ainsi qu'à sa
conception, le documentaire d'Alexandre O. Philippe nous révèle en
fait que le scénario ainsi écrit par l'écrivain ne convenait
absolument pas au réalisateur. William Peter Blatty y trahissait
ainsi effectivement quelque peu son propre roman. Une anecdote parmi
les nombreuses qui suivront et qui montrent combien William Friedkin
eut une maîtrise totale sur son film.
Outre
ses passions pour la peinture dont il montre à plusieurs reprises le
rapport qu'entretiennent certains tableaux de maîtres et la plupart
des idées qu'il eut en tête pour mettre en scène certaines
séquences, William Friedkin évoque également l'inquiétant
doublage de la jeune actrice Linda Blair qui fut à l'occasion
doublée par l'actrice Mercedes McCambridge et ce, dans des
conditions très particulières... Anecdotes
encore lorsque le réalisateur évoque ses rencontres avec les
compositeurs Bernard Hermann (Psychose)
ou Lalo Schifrin (Dirty
Harry)
auxquels il demande de bien vouloir composer la musique de son film
avant de rejeter leur travail. Et l'on comprend avec force images et
montage combien William Friedkin savait déjà à quoi devait
ressembler la bande musicale de son oeuvre. Intransigeant au point de
couper les ponts avec son ami Lalo Schiffrin durant au moins les
quarante-six années à venir, le cinéaste aborde tous les aspects
de son oeuvre pour le plaisir de ses fans et des autres d'ailleurs
puisque désormais, il faudra compter sur cet Exorciste
selon William Friedkin,
bourré d'anecdotes et parfait complément à l'un des film
d'épouvante les plus traumatisants de l'histoire du septième art...
Merci pour ce superbe blog consacré au 7ème art ! Je suis très admiratif de votre travail pour chaque film et chaque réalisateur . Ici William Friedkin et son célèbre "Exorciste " qui a tant fait flipper les spectateurs est fort bien raconté par le menu, à savoir que la présence du Malin chez Friedkin est inerrante à ses longs métrage . J'ai envie de voir ce documentaire avec curiosité.
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