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vendredi 24 septembre 2021

Thirst, ceci est mon sang de Park Chan-wook (2009) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Désormais, grâce au réalisateur sud coréen Park Chan-wook, la Corée du sud détient elle aussi son Empire des Sens et de la Passion. Il faut dire que le pays est plutôt chiche en la matière. Surtout si on le compare à son voisin le Japon qui habite à presque mille kilomètres de distance. Park Chan-wook est avant tout autre chose, l'auteur d'une fameuse trilogie de la vengeance au milieu de laquelle se situe le plus flamboyant des trois volets, Old Boy réalisé en 2003. En résulta une batterie complète de récompenses dont le Grand Prix du Jury au festival de Cannes l'année suivante. Une histoire d'amour naît alors entre le sud-coréen et les festivals du monde entier. Et notamment celui de Cannes qui depuis le consacre de manière régulière (Prix Vulcain de l'artiste technicien en 2016 pour Mademoiselle). En 2009, un vampire ose pénétrer l'enceinte du palais des festivals et amorce une contagion qui mènera le jury notamment constitué des réalisateurs George Miller (en tant que président) et Arnaud Desplechin, de la chanteuse et actrice Vanessa Paradis et des acteurs Donald Sutherland et Mads Mikkelsen à voter pour Thirst, ceci est mon sang et ainsi lui octroyer le Prix du Jury du Festival cette année-là. Le thème échappe ici à son contexte initial pour nous offrir une expérience aussi riche que furent celles offertes à travers les quelques classiques du genre que sont Martin de George Romero, The Addiction d'Abel Ferrara ou Morse de Tomas Alfredson et son extraordinaire remake américain Let me in signé de Matt Reeves...


Thirst, ceci est mon sang n'est pas ce pur produit horrifique auquel pourrait prétendre appartenir son synopsis. Et bien que les débordements sanglants y sont effectivement présents, l’œuvre de plus de deux heures de Park Chan Wook est un festival où se mêlent les genres, aussi incongru que cela puisse parfois paraître. Quelques plans gore, beaucoup d'humour et surtout un érotisme qui fera monter de quelques degrés votre température corporelle sont au programme d'une œuvre intense en émotions diverses et variées. Et en poésie également puisque le vampire Sang-Hyeon campé par l'immense acteur Song Kang-ho dont la carrière est déjà bien remplie avec, notamment dans ses bagages, Memories of Murder, Snowpiercer, le Transperceneige et Parasite, tous trois réalisés par Bong Joon-ho, fait parfois preuve d'un comportement inattendu, surtout lorsqu'il prend des précautions concernant celle dont cet homme de Dieu tombe amoureux (la séquence lors de laquelle il ôte ses chaussures pour les donner à Tae-Ju). Odorat aiguisé, force surhumaine, le vampire ici doit par contre composer avec quelques désagréments directement liés au mythe du vampire. Si dans le cas présent Sang-Hyeon ne craint ni l'ail ni les crucifix, le soleil reste mauvais pour son organisme...


Parfois absurde et même grotesque, Thirst, ceci est mon sang joue d'abord avec le fameux passage de la Bible (Marc 14:24) lors duquel Jésus prit un repas avec ses disciples durant lequel il prononça ces mots : ''Prenez, ceci est mon corps. Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude...''. D'où la profession de Sang-Hyeon, prêtre qui un matin décide de se rendre jusqu'en Afrique pour y servir de cobaye afin d'éradiquer une maladie fort contagieuse. Mais rien ne se passe comme prévu et l'homme de Dieu meurt. Jusqu'à ce qu'une transfusion sanguine dont le pourvoyeur demeure inconnu ne le ramène à la vie. De retour chez lui, il devient la coqueluche des indigents et tombe très rapidement amoureux de la belle Tae-Ju après que la belle-mère de celle-ci (l'actrice Kim Hae-sook dans le rôle de Madame Ra) ait supplié le prêtre vampire de venir en aide à son fils Kang-Woo (l'acteur Shin Ha-kyun) qui se meurt d'un cancer. Convié à partager la vie de cette étrange petite famille adepte de Mah-jong, Sang-Hyeon tombe donc sous le charme de Tae-Ju qu'interprète la magnifique Kim Ok-vin. Outre son aspect fantastique qui offre quelques plans tout à fait inattendus (l'homme de Dieu s'abreuvant de sang à l'aide d'une transfusion directement branchée dans le bras d'un homme plongé dans le coma), voire même saugrenus ( alors que Kang-Woo est pris de flatulences, sa mère examine l'odeur afin d'y déceler un éventuel rapport avec son cancer!), Thirst, ceci est mon sang porte surtout une grande part de son intérêt dans la relation entre Sang-Hyeon et Tae-Ju. Une passion dévorante, entre morsures et actes d'amour terriblement érotiques.


Park Chan-wook filme ses deux amants lors d'actes d'amour torrides qui renverraient presque les œuvres de Nagisa Oshima au simple rang de cours d'éducation sexuelle cliniques ! La beauté de certains plans accompagnés par la sublime partition musicale de Jo Yeong-wook empêche quelque peu le côté trash du récit de parasiter l'ensemble du projet. À noter que Thirst, ceci est mon sang est l'adaptation du roman d’Émile Zola Thérèse Raquin dans lequel l'héroïne, déjà, souffrait de vivre auprès d'un époux malade et rêvait de monter à Paris. Si l’œuvre de Park Chan Wook prend forcément quelques distances avec le roman, le sud-coréen n'en a pas pour autant délaissé certains aspects. Comme ces parties de dominos qu'il choisi de remplacer par le mah-jong. Si Thirst, ceci est mon sang n'est pas le meilleur long-métrage de Park Chan Wook, le spectacle n'en est pas moins total. Humour, émotion, trash, gore fantastique et érotisme se conjuguent pour un résultat pour le moins (d)étonnant...

 

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