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samedi 25 septembre 2021

La servante de Kim Ki-young (1960) - ★★★★★★★★★☆

 


 

La servante du réalisateur sud-coréen Kim Ki-young est de ces miracles que la restauration permet aujourd'hui de redécouvrir. Il est impensable d'imaginer que le Roman Polanski de Répulsion ou le Nikos Nikolaïdis Singapore Sling aient pu concevoir leur œuvre sans avoir été un tant soit peu inspirés par ce long-métrage envoûtant et nauséeux qui ne fait pas que s'inspirer d'un fait divers authentique mais ressemble bien à ce que certains foyers subissent encore actuellement. Dans un contexte où s'est installé un régime militaire après la prise de pouvoir par le dictateur Park Chung-Hee, la liberté d'expression se résume à une peau de chagrin. Une toute petite fenêtre par laquelle va s'engouffrer alors Kim Ki-young qui, plus par volonté de s'extraire du carcan classique du romantisme que d'une volonté farouche de provoquer la ire des dirigeants du pays, choisi de mettre en scène un couple, ses enfants et leur servante. Le jeu de séduction de celle-ci pervertit l'homme, le professeur de piano Kim Dong-sik, qui pour soulager son épouse enceinte des responsabilités d'une femme d'intérieur, en engage une seconde sur les conseils de l'une de ses élèves. L'actrice Lee Eun-shim personnifie à merveille cet esprit de malveillance qui transpire d'abord à travers son regard puis son attitude d'abord ambiguë avant d'être ouvertement pernicieuse...


La servante accouche d'une créature absolument monstrueuse dont les intentions auront bien du mal à trouver auprès des spectateurs les éléments permettant de lui pardonner la plupart de ses actes. Est-il possible de l'absoudre du cauchemar dans lequel elle va plonger cette famille qui avait tout pour être heureuse ? Le long-métrage de Kim Ki-young bénéficie d'une partition cacophonique aussi terrifiante qu'assourdissante signée du compositeur Han Sang-ki. Une musique qui n'accompagne plus les personnages en arrière-plan mais qui au contraire agit de manière très concrète et stridente sur les événements. Han Sang-ki accentue l'horreur de la situation à grands renforts de cuivres martelant chaque intervention de la vénéneuse Myeong-sook. Le réalisateur sud-coréen joue au yoyo avec les sentiments et les sensations du spectateur en essayant de faire passer tantôt sa servante pour la victime du drame qui se joue au sein de cette famille honorable, tantôt pour le monstre de perversité qu'elle incarne lors de phases maniaco-dépressives. Nous sommes donc face aux intentions perfides d'un scénario écrit par le réalisateur lui-même. Un drame horrifico-psychologique dont il demeure difficile de ressortir indemne. Dans un noir et blanc restauré dont la qualité laisse malheureusement parfois à désirer, La servante tétanise, marque profondément par la noirceur, la folie et le pessimisme qui s'en dégagent. Un authentique monument du septième art qui en 2010 fut l'objet d'un remake sous le titre The Housemaid, lequel sera réalisé par le sud-coréen Im Sang-soo...

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