Poursuite du cycle
consacré aux thrillers français avec Descente aux enfers
de
Francis Girod, un long-métrage qui semble faire de l’œil ou bien
vouloir faire un pied de nez au diptyque de Claude Pinoteau La
boum 1 &2
puisque l'on retrouve dans les rôles principaux, ceux qui furent un
père et sa fille en les personnes de Claude Brasseur et Sophie
Marceau. Mais ici, les deux interprètes échappent au réconfortant
univers de la comédie un brin romantique pour celui, beaucoup plus
sombre, du drame et du thriller psychologique. Faire un bond direct
de celles-ci pour atterrir dans cette étrange histoire située dans
une Havane resplendissante, pétant de couleurs et écrasée par le
soleil et un ciel sans nuages, c'est prendre le risque d'être choqué
comme le fut sans doute une partie du public qui à l'époque rejeta
le film de Francis Girod en n'y reconnaissant pas la Vic de La
Boum
et de sa séquelle. Encore dans le souvenir de l'avoir découverte
dans le rôle de la fille de François Beretton, c'est ici, dans
Descente aux enfers,
comme si l'un avec l'autre, les deux se retrouvaient pour s'adonner à
la pratique de l'inceste. Le récit s'articule autour d'Alan Kolber
et de son épouse Lola. Lui est un écrivain alcoolique qui écume
les bars et éprouve des difficultés à trouver l'inspiration pour
son nouveau roman. Elle, est belle, mais froide. Leur relation est
complexe. Ils s'aiment, cela se voit, mais leurs rapports sexuels
sont distants. Comme l'évoque Alan, Lola est une très belle femme
mais elle est celle qui parmi toutes celles qu'il a connues, fait le
moins bien l'amour...
Un
soir, alors qu'il est pour une énième fois dans un état d'ébriété
déplorable, Alan marche seul dans une rue déserte lorsqu'il est
agressé par un autochtone qui lui réclame de l'argent. Les deux
hommes se battent lorsque l'écrivain se saisit d'un tesson de
bouteille et égorge son agresseur. L'individu meurt de sa blessure
tandis qu'Alan retourne se réfugier dans sa chambre d'hôtel où
Lola prend les mesures pour faire disparaître ses vêtements tâchés
du sang de sa victime. Malheureusement pour lui, un homme du nom de
Theophile Bijou (l'acteur Sidiki Bakaba) originaire du quartier où a
eu lieu le dram a assisté à toute la scène et décide en compagnie
de sa petite amie Lucette Beulemans (l'actrice Marie Dubois) de le
faire chanter... Sophie Marceau, qui est déjà passée par la case
Andrzej Zulawski avec son démentiel L'amour
Braque
interprète ici un rôle éminemment plus posé. Presque effacé même
puisque Francis Girod semble surtout l'employer pour sa superbe
plastique plus que pour son jeu d'actrice. Le scénario que le
réalisateur écrivit en compagnie de Jean-Loup Labadie sur la base
du roman The
Wounded and the Slain
de l'écrivain David Goodis explore surtout le personnage d'Alan
qu'interprète fort bien Claude Brasseur. Chancelant, le visage
moite, le regard perdu, on ne saura malheureusement pas les raisons
de son alcoolisme. À moins qu'un certain acheminement ne se fasse
dans l'esprit du spectateur puisque l'on peut dresser plusieurs
hypothèses à ce sujet sans pour autant en avoir la confirmation...
Parcouru
de flash-back lors desquels Lola/Sophie Marceau est poursuivie par un
individu dans les couloirs vides de monde du métro parisien, on ne
mettra pas longtemps avant de deviner la conclusion de cette séquence
qui entrecoupe le récit principal. La havane est magnifique, avec
ses murs peints de mille couleurs, sa faune, et sa musique jamais
vraiment typique signée du célèbre compositeur français Georges
Delerue. Une œuvre qui bat le froid et le chaud, entre des décors
paradisiaques et un thème parfois déchirant dont le titre Descente
aux enfers
est peut-être un chouilla exagéré si on compare le long-métrage
de Francis Girod à certaines œuvres véritablement
cauchemardesques. Le film possède quelques courts plans d'une
richesse visuelle sobre mais significative qui promettent des
lendemains optimistes mais qui ne se confirment malheureusement pas
sur la durée. On pense notamment à ce très furtif instant lors
duquel Lola se caresse dans son lit, yeux ouverts, le visage triste
et barré d'un halo de lumière avant que ne surviennent les
premières images de ce souvenir qui la hante. La passion et l'amour
résistent ici aux tentations destructrices et Lola et Alan en sont
les plus magnifiques représentations. Une œuvre très noire,
désespérée jusque dans cet acte d'amour ultime et bouleversant. À
noter la présence de Gérard Rinaldi, loin de ses amis Charlots,
dans le rôle d'Elvis, directeur d'hôtel superficiel et méprisant
envers ses employés...
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