L'année suivant la
sortie de Bliss,
l'avant dernier long-métrage de Joe Begos à avoir vu le jour
jusqu'à maintenant, VFW met
en scène quelques vieux routiers du cinéma bis parmi lesquels on
retrouve notamment l'ancien joueur professionnel de football
américain Fred Williamson qui fut surtout l'un des principaux
représentants de la vague de Blaxploitation
durant les années 1970. À ses côtés, impossible de ne pas
reconnaître l'acteur William Sadler qui joua notamment dans Les
Evadés et
La ligne Verte de
Frank Darabont, deux brillantes adaptations du romancier Stephen King
ou David Patrick Kelly, interprète de Luther dans 48
heures
de Walter Hill, Sully dans Commando
de Mark L. Lester ou DropShadow
dans Sailor et Lula de
David Lynch. Ils incarnent avec d'autres un tout petit groupe
d'anciens combattants qui ont leurs habitudes dans un bar, propriété
de Fred Parras, ex combattant du Vietnam qu'interprète l'acteur
Stephen Lang, surtout connu chez nous pour avoir joué le rôle du
Colonel Miles Quaritch dans Avatar
de James Cameron et plus récemment celui de l'aveugle dans
l'anxiogène et donc très réussi Don't Breathe
de Fede Alvarez. Face à ce petit groupe de résistants qui vont sans
doute vivre la plus intense nuit de leur existence, l'actrice Dora
Madison, déjà dérangeante dans Bliss
et qui dans le cas présent interprète le rôle relativement
anecdotique de Gutter, proche du trafiquant de drogue Boz qu'incarne
l'acteur Travis Hammer...
Dans
une ambiance qui se veut lourde, glauque et mortifère, Joe Begos
impose une nouvelle fois après Bliss
une esthétique souvent proche de celle de l'hexagonal Gaspar Noé
mais avec infiniment moins de talent artistique. À trop vouloir
plonger ses protagonistes et leurs agresseurs dans un climat opaque
noyé sous des rouges et de bleus primaire saturés, le film en
devient illisible. Ce qui s'avère dommage, d'autant plus qu'en
digérant nombre d'influences, le réalisateur propose ce qui aurait
pu devenir rien moins qu'une œuvre culte autant inspirée par les
gangs de New York 1997
de John Carpenter que par le Self Defense
de Paul Donovan & Maura O'Connell (pour ne pas citer à nouveau
John Carpenter avec son Assault on Precinct 13),
mais aussi et surtout par Une nuit en enfer de
Robert Rodriguez. Remplacez les vampires auxquels furent opposés
George Clooney, Quentin Tarantino, Harvey Keitel et Juliette Lewis à
une horde de toxicomanes sous les ordres d'un immonde trafiquant de
drogue et vous obtenez à peu de chose près le même contenu... sans
tout le génie de Robert Rodriguez, faut-il le préciser...
Certains
pourraient reprocher à VFW
son manque d'énergie. Ces plages horaires lors desquelles il ne se
passe pas grand chose (c'est qu'il faut les ménager nos vétérans
du septième art!). Mais le problème n'est pas là. Ni d'ailleurs
dans les scène d'horreur parfois bien gore qui transpirent les
effets-spéciaux à l'ancienne, la majeur partie des personnages
prenant visiblement un plaisir immense à utiliser fusils à pompe,
haches, scie circulaire, batte de base-ball nantie de clous (arme
très à la mode depuis Negan de The Walking Dead
et sa batte prénommée ''Lucille'')
et tout ce qui leur tombe sous la main. Joe Begos dépeint d'anciens
combattants vieillissants mais auxquels il reste cependant suffisant
de force pour combattre une horde de toxicomanes décrits ici comme
des zombies. Mieux, des infectés dont les motivations ne sont plus
de dévorer leurs semblables mais de récupérer la dope de leur
fournisseurs. Si tout concourait à faire de VFW
un petit bijou ''What
the Fuck'',
le visuel devient très rapidement usant. Car non content d'abuser de
couleurs saturées, le film est si souvent plongé dans l'obscurité
qu'il devient très rapidement éprouvant d'essayer de décoder ce
qui se passe à l'écran. Beaucoup trop sombres, les séquences
horrifiques en deviennent alors brouillonnes et ça n'est certes pas
en plissant les yeux ou en visionnant le long-métrage tous volets
fermés que les choses s'arrangeront. Prévoyez donc d'accentuer la
luminosité, même avec les conséquences que cela pourrait avoir sur
l'esthétique générale, sinon, autant ''écouter'' le film les yeux
fermés, le résultat sera pratiquement le même...
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