Minuit, l'heure des
sorcières. Le moment venu de lancer la projection d'un film
d'épouvante lorsque l'on n'arrive pas à fermer les yeux. Dehors,
les ténèbres ont pris d'assaut le toit au dessus de nos têtes et
toutes lumières éteintes, c'est ainsi que démarre The
Cleaning Lady,
le dernier long-métrage en date de Jon Knautz qui deux ans
auparavant avait signé un Goddess of Love plutôt
brillant. Pour son retour dans le domaine de l'effroi, le réalisateur
se penche sur le cas d'Alice, une jolie jeune femme accroc au sexe
qui essaie de s'éloigner de l'homme qu'elle aime, Michael, lui-même
déjà marié et père d'un fils. Là, déjà, on se dit, mince, ça
va pas vraiment le faire. Mais mieux que de s'attarder sur toute une
série de plans-cul entre les amants, Jon Knautz ajoute un troisième
personnage qui dans l'ordre d'importance va très rapidement prendre
la place de Michael. À l'issue de The Cleaning
Lady,
une chose au moins survivra à cette expérience particulièrement
anxiogène : ''qu'il n'est pas toujours de bonne augure de
proposer à une inconnue de venir faire le ménage chez vous deux
fois par semaines pour la somme de cent billets''. L'arrivée dans
l'existence d'Alice de Shelly qui dans l'immeuble est chargée de
faire le ménage va avoir de très lourdes conséquences sur la jeune
femme ainsi que sur son entourage. Relativement classique, le
scénario est surtout renforcé par une interprétation et une mise
en scène absolument remarquables que de légères invraisemblances
ne parviendront cependant pas à miner...
Minuit,
donc, cette heure plus ou moins tardive selon que l'on se couche tôt
en début de soirée ou tard dans la nuit, et qui permet de vivre des
expériences sous des apparences totalement différentes qu'exposées
à la lumière du jour. Pour se faire une idée totalement objective
de The Cleaning Lady,
encore faudrait-il faire l'effort de le redécouvrir dans un contexte
moins ''obscure''. Ce qui, n'en doutons pas, n'a aucune chance de
révéler le même type d'angoisse. Le long-métrage de Jon Knautz
s'avère alors réellement terrifiant. Car après une première
partie que d'aucun considérera de superficielle, les spectateurs
auront le plaisir ou la désagréable sensation de vivre auprès de
Shelly et de son visage atrocement défiguré. Sorte de home
invasion
au féminin, l’œuvre de Jon Knautz n'est rien moins que
cauchemardesque, le réalisateur s'entendant pour filmer l'un des
caractères les plus gravement atteints psychologiquement de toute
l'histoire du cinéma d'horreur. Shelly fait peur, terriblement peur.
Et ça n'est pas tant le masque figé qu'elle porte en permanence que
dans son comportement. Sa voix douce, ses litanies, répercussions
d'un passé hautement traumatique auquel les spectateurs assisteront
durant divers flash-back, ses silences même, et ses regards,
l'actrice Rachel Alig porte en elle tous les stigmates d'une folie
qui ne laisse entrevoir aucun espoir. Car lorsque une femme
attentionnée, précautionneuse et aussi douce et délicate qu'Alice
risque de ne pas survivre au contact de Shelly, c'est les yeux
écarquillés et l'oreille attentive que l'on se positionne soit-même
comme une victime potentielle de ce personnage tellement dément
qu'il crève l'écran jusqu'à nous filer réellement la trouille...
Souvent
sombre, The Cleaning Lady
n'en est pas pour autant dénué de quelques rares défauts. Et parmi
eux, le comportement de Michael lors d'une séquence particulièrement
tendue qui voit Shelly lui verser de l'acide sur une cuisse,
l'entrejambe puis dans la bouche. Hurlant à peine quand on imagine
combien doit être intolérable la douleur, il s'agit là du seul
véritable point noir du long-métrage. Pour le reste, l'expérience
s'avère incroyablement sinistre, d'une noirceur parfois absolue (le
passé de Shelly, note spéciale pour l'actrice JoAnne McGrath qui
incarne la mère de la gamine. Un monstre d'infamie vraiment
inquiétant), le duo Alexis Kendra/Rachel Alig fonctionnant à la
perfection. Le film maintient certes un rythme plutôt lent, parsemé
de quelques saillies graphiques et violentes mais parvient à tenir
en haleine grâce à son climat de peur permanent qu'entretiennent
l'obscurité, les jeux d'ombres et de lumières (la silhouette de
Shelly dans le garage ou son reflet dans un miroir), ses deux
héroïnes ainsi que la partition musicale de Russ Howard III. À
noter qu'à l'origine, The Cleaning Lady fut
d'abord un court-métrage déjà réalisé par Jon Knautz deux ans
auparavant en 2016. Un réalisateur qui semble pour l'instant réussir
tout ce qu'il entreprend. Vivement donc la suite...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire