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dimanche 23 mai 2021

The Cleaning Lady de Jon Knautz (2018) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Minuit, l'heure des sorcières. Le moment venu de lancer la projection d'un film d'épouvante lorsque l'on n'arrive pas à fermer les yeux. Dehors, les ténèbres ont pris d'assaut le toit au dessus de nos têtes et toutes lumières éteintes, c'est ainsi que démarre The Cleaning Lady, le dernier long-métrage en date de Jon Knautz qui deux ans auparavant avait signé un Goddess of Love plutôt brillant. Pour son retour dans le domaine de l'effroi, le réalisateur se penche sur le cas d'Alice, une jolie jeune femme accroc au sexe qui essaie de s'éloigner de l'homme qu'elle aime, Michael, lui-même déjà marié et père d'un fils. Là, déjà, on se dit, mince, ça va pas vraiment le faire. Mais mieux que de s'attarder sur toute une série de plans-cul entre les amants, Jon Knautz ajoute un troisième personnage qui dans l'ordre d'importance va très rapidement prendre la place de Michael. À l'issue de The Cleaning Lady, une chose au moins survivra à cette expérience particulièrement anxiogène : ''qu'il n'est pas toujours de bonne augure de proposer à une inconnue de venir faire le ménage chez vous deux fois par semaines pour la somme de cent billets''. L'arrivée dans l'existence d'Alice de Shelly qui dans l'immeuble est chargée de faire le ménage va avoir de très lourdes conséquences sur la jeune femme ainsi que sur son entourage. Relativement classique, le scénario est surtout renforcé par une interprétation et une mise en scène absolument remarquables que de légères invraisemblances ne parviendront cependant pas à miner...


Minuit, donc, cette heure plus ou moins tardive selon que l'on se couche tôt en début de soirée ou tard dans la nuit, et qui permet de vivre des expériences sous des apparences totalement différentes qu'exposées à la lumière du jour. Pour se faire une idée totalement objective de The Cleaning Lady, encore faudrait-il faire l'effort de le redécouvrir dans un contexte moins ''obscure''. Ce qui, n'en doutons pas, n'a aucune chance de révéler le même type d'angoisse. Le long-métrage de Jon Knautz s'avère alors réellement terrifiant. Car après une première partie que d'aucun considérera de superficielle, les spectateurs auront le plaisir ou la désagréable sensation de vivre auprès de Shelly et de son visage atrocement défiguré. Sorte de home invasion au féminin, l’œuvre de Jon Knautz n'est rien moins que cauchemardesque, le réalisateur s'entendant pour filmer l'un des caractères les plus gravement atteints psychologiquement de toute l'histoire du cinéma d'horreur. Shelly fait peur, terriblement peur. Et ça n'est pas tant le masque figé qu'elle porte en permanence que dans son comportement. Sa voix douce, ses litanies, répercussions d'un passé hautement traumatique auquel les spectateurs assisteront durant divers flash-back, ses silences même, et ses regards, l'actrice Rachel Alig porte en elle tous les stigmates d'une folie qui ne laisse entrevoir aucun espoir. Car lorsque une femme attentionnée, précautionneuse et aussi douce et délicate qu'Alice risque de ne pas survivre au contact de Shelly, c'est les yeux écarquillés et l'oreille attentive que l'on se positionne soit-même comme une victime potentielle de ce personnage tellement dément qu'il crève l'écran jusqu'à nous filer réellement la trouille...


Souvent sombre, The Cleaning Lady n'en est pas pour autant dénué de quelques rares défauts. Et parmi eux, le comportement de Michael lors d'une séquence particulièrement tendue qui voit Shelly lui verser de l'acide sur une cuisse, l'entrejambe puis dans la bouche. Hurlant à peine quand on imagine combien doit être intolérable la douleur, il s'agit là du seul véritable point noir du long-métrage. Pour le reste, l'expérience s'avère incroyablement sinistre, d'une noirceur parfois absolue (le passé de Shelly, note spéciale pour l'actrice JoAnne McGrath qui incarne la mère de la gamine. Un monstre d'infamie vraiment inquiétant), le duo Alexis Kendra/Rachel Alig fonctionnant à la perfection. Le film maintient certes un rythme plutôt lent, parsemé de quelques saillies graphiques et violentes mais parvient à tenir en haleine grâce à son climat de peur permanent qu'entretiennent l'obscurité, les jeux d'ombres et de lumières (la silhouette de Shelly dans le garage ou son reflet dans un miroir), ses deux héroïnes ainsi que la partition musicale de Russ Howard III. À noter qu'à l'origine, The Cleaning Lady fut d'abord un court-métrage déjà réalisé par Jon Knautz deux ans auparavant en 2016. Un réalisateur qui semble pour l'instant réussir tout ce qu'il entreprend. Vivement donc la suite...

 

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