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dimanche 30 mai 2021

Slugs de Juan Piquer Simón (1988) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Petit artisan du cinéma d'horreur et d'épouvante nous ayant habitué à des œuvres de sinistre mémoire d'un point de vue qualitatif (Supersonic Man en 1979, Mil Gritos Tiene la Noche en 1982 ou le pire d'entre tous, Los Nuevos Extraterrestres l'année suivante), le réalisateur espagnol Juan Piquer Simón, auteur d'une grosse dizaine de longs-métrages, signait pourtant en 1988, l'adaptation d'un ouvrage culte écrit par le romancier britannique Shaun Hutson connu sous le titre original de Slugs et traduit chez nous sous celui de La mort visqueuse. Un ouvrage que les amateurs de littérature horrifique auront le plaisir de découvrir en France à la toute fin de l'année 1986 grâce à la collection Gore des éditions Fleuve Noir. Sans doute l'un des dix ou quinze plus importants romans parus dans la dite collection entre 1985 et 1990. Signifiant limaces, Slugs est sans doute également né des suites du succès rencontré par Les dents de la mer de Steven Spielberg en 1975 ou du Piranhas de Joe Dante sorti trois ans plus tard mais très certainement plus encore de toute la vague de films d'horreur mettant en scène d'innombrables créatures de taille modeste mais qui par leur grand nombre deviennent de véritables dangers pour de petites communautés. D'un point de vue scénaristique et de mise en scène, Slugs demeure des plus conventionnel. Rien de bien original, donc, le film reprenant quelques aspects des classiques dont il s'inspire comme le maire refusant de mettre en pratique une opération devant permettre aux habitants de la ville de demeurer en sécurité...


L'action se situe donc dans une petite localité des États-Unis généralement tranquille, dont la sécurité est assurée par un shérif ventripotent, dirigée par un maire ambitieux et dans laquelle les jeunes aiment faire la fête. Rien que de très banal au fond. Sauf qu'une série de décès particulièrement étranges éveille la curiosité de Mike Brady (l'acteur Michael Garfield), un agent des services sanitaires qui se rend sur les lieux pour constater le désastre. L'homme parvient à faire le lien entre les morts et l'apparition sur les lieux des faits, de traces de baves laissées par des limaces. Des légions de gastéropodes qui bientôt vont s'en prendre à la ville toute entière, passant par les égouts et s'introduisant chez les gens par les canalisations. Aidé par un scientifique qui va pour lui concevoir un agent chimique permettant de faire exploser les vilaines bestioles au contact de leur humidité, Mike va devoir faire également face à l'incrédulité du maire et du shérif... Comparé à bon nombre de films d'horreur sorti durant cette décennie, Slugs peut paraître comme un accident de parcours. En effet, si on le compare aux longs-métrages d'horreur, d'épouvante ou fantastiques sortis la même année tels que le chef-d’œuvre de Jack Sholder Hidden, Génération perdue de Joel Schumacher, Prince des ténèbres de John Carpenter ou Aux frontières de l'aube de Kathryn Bigelow, Slugs peut paraître anodin...


Sauf qu'en fait, il en est tout autre. Alors, si bien entendu la mise en scène et le scénario font quelque peu défaut en comparaison des longs-métrage cités ci-dessus, lesquels ne bénéficient pas toujours d'une écriture forcément très pointue, l’œuvre de Juan Piquer Simón nous réserve quelques séquences gratinées dignes de l'ouvrage dont il s'inspire. Reprenant le thème éculé de la nature se vengeant d'une humanité pas vraiment à son écoute, nos gluantes bestioles s'insinuent à peu près partout, et même dans les organismes vivants, un peu à la manière de Frissons de David Cronenberg sans qu'elles n'aient cependant de conséquences sur la libido de leurs victimes. Tout l'intérêt de Slugs provient en fait des quelques séquences gores que le réalisateur espagnol nous offre généreusement. Pas toutes réussies, il en demeure deux ou trois que les fans de petites séries B horrifiques ne sont pas prêt d'oublier. L'un des sommets reste sans doute la séquence lors de laquelle l'un des amis du héros meurt à la table d'un restaurant, l'orbite droit explosant sous la pression de dizaines de vers qui s'échappent alors de leur logement. Rudimentaires et pourtant très efficaces, ces quelques saillies sanglantes valent à elle seules l'intérêt de découvrir ce qui demeure sans doute l'une des rares réussites de leur auteur. Et même si Slugs n'a jamais l'intensité du roman de John Hutson, le film vaut bien mieux que tout ce que nous avait proposé jusque là le réalisateur espagnol...

 

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