Petit artisan du cinéma
d'horreur et d'épouvante nous ayant habitué à des œuvres de
sinistre mémoire d'un point de vue qualitatif (Supersonic Man
en 1979, Mil Gritos Tiene la Noche en 1982 ou le pire
d'entre tous, Los Nuevos Extraterrestres l'année
suivante), le réalisateur espagnol Juan Piquer Simón, auteur d'une
grosse dizaine de longs-métrages, signait pourtant en 1988,
l'adaptation d'un ouvrage culte écrit par le romancier britannique
Shaun Hutson connu sous le titre original de Slugs
et traduit chez nous sous celui de La mort
visqueuse.
Un ouvrage que les amateurs de littérature horrifique auront le
plaisir de découvrir en France à la toute fin de l'année 1986
grâce à la collection Gore
des éditions Fleuve
Noir.
Sans doute l'un des dix ou quinze plus importants romans parus dans
la dite collection entre 1985 et 1990. Signifiant limaces, Slugs
est sans doute également né des suites du succès rencontré par
Les dents de la mer
de Steven Spielberg en 1975 ou du Piranhas de
Joe Dante sorti trois ans plus tard mais très certainement plus
encore de toute la vague de films d'horreur mettant en scène
d'innombrables créatures de taille modeste mais qui par leur grand
nombre deviennent de véritables dangers pour de petites communautés.
D'un point de vue scénaristique et de mise en scène, Slugs
demeure des plus conventionnel. Rien de bien original, donc, le film
reprenant quelques aspects des classiques dont il s'inspire comme le
maire refusant de mettre en pratique une opération
devant permettre aux habitants de la ville de demeurer en sécurité...
L'action se situe donc
dans une petite localité des États-Unis généralement tranquille,
dont la sécurité est assurée par un shérif ventripotent, dirigée
par un maire ambitieux et dans laquelle les jeunes aiment faire la
fête. Rien que de très banal au fond. Sauf qu'une série de décès
particulièrement étranges éveille la curiosité de Mike Brady
(l'acteur Michael Garfield), un agent des services sanitaires qui se
rend sur les lieux pour constater le désastre. L'homme parvient à
faire le lien entre les morts et l'apparition sur les lieux des
faits, de traces de baves laissées par des limaces. Des légions de
gastéropodes qui bientôt vont s'en prendre à la ville toute
entière, passant par les égouts et s'introduisant chez les gens par
les canalisations. Aidé par un scientifique qui va pour lui
concevoir un agent chimique permettant de faire exploser les vilaines
bestioles au contact de leur humidité, Mike va devoir faire
également face à l'incrédulité du maire et du shérif... Comparé
à bon nombre de films d'horreur sorti durant cette décennie, Slugs
peut
paraître comme un accident de parcours. En effet, si on le compare
aux longs-métrages d'horreur, d'épouvante ou fantastiques sortis la
même année tels que le chef-d’œuvre de Jack Sholder Hidden,
Génération perdue de
Joel Schumacher, Prince des ténèbres
de John Carpenter ou Aux frontières de l'aube
de Kathryn Bigelow, Slugs
peut paraître anodin...
Sauf
qu'en fait, il en est tout autre. Alors, si bien entendu la mise en
scène et le scénario font quelque peu défaut en comparaison des
longs-métrage cités ci-dessus, lesquels ne bénéficient pas
toujours d'une écriture forcément très pointue, l’œuvre de Juan
Piquer Simón nous réserve quelques séquences gratinées dignes de
l'ouvrage dont il s'inspire. Reprenant le thème éculé de la nature
se vengeant d'une humanité pas vraiment à son écoute, nos gluantes
bestioles s'insinuent à peu près partout, et même dans les
organismes vivants, un peu à la manière de Frissons
de David Cronenberg sans qu'elles n'aient cependant de conséquences
sur la libido de leurs victimes. Tout l'intérêt de Slugs
provient en fait des quelques séquences gores que le réalisateur
espagnol nous offre généreusement. Pas toutes réussies, il en
demeure deux ou trois que les fans de petites séries B horrifiques
ne sont pas prêt d'oublier. L'un des sommets reste sans doute la
séquence lors de laquelle l'un des amis du héros meurt à la table
d'un restaurant, l'orbite droit explosant sous la pression de
dizaines de vers qui s'échappent alors de leur logement.
Rudimentaires et pourtant très efficaces, ces quelques saillies
sanglantes valent à elle seules l'intérêt de découvrir ce qui
demeure sans doute l'une des rares réussites de leur auteur. Et même
si Slugs
n'a jamais l'intensité du roman de John Hutson, le film vaut bien
mieux que tout ce que nous avait proposé jusque là le réalisateur
espagnol...
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