Ah non ! Même pas
après une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie
d'une période de sûreté de 30 ans. Jenifer...
avec un prénom pareil, tu t'attends forcément à une jolie fille,
bien tanquée, silhouette de sirène, petits seins en forme de pommes
ou de poires, une paire de fesses plus ou moins charnues, une bouche
pulpeuse et une cambrure à damner un prêtre qui les trente
dernières années aurait respecté son vœu de chasteté... Comme
une Marilyn de magazines ou de podiums. Dégagée sa coiffure fauve
du visage, la Jenifer du titre n'est plus qu'un masque grotesque que
ne pourrait renier tout peintre surréaliste qui se respecte. Comme
si Salvatore Dali avait transposé ses montres molles sur la tronche
d'une pauvre jeune femme que s’apprêtait à dessouder une cloche
avant qu'un flic héroïque ne vienne à sa rescousse. Le dit homme
est flic, marié à une chaude épouse qui en nuisette cherche en fin
de soirée à satisfaire son désir et celui de son homme. Oui mais
voilà, se traînant un boulet à gueule de gargouille jusque dans
ses pénates, Frank Spivey (l'acteur Steven Weber, que l'on a
davantage l'habitude de voir sur le petit que sur le grand écran)
réussi involontairement à faire fuir son épouse et leur rejeton
(soit dit en passant, la rebelle progéniture ayant l'habitude de
vider le frigo plus souvent qu'à son tour, son départ s'avère en
définitive, une très bonne chose)...
Le
maître (ex?) italien Dario Argento, pour ce moyen-métrage à
l'attention de l'anthologie Masters
of Horror,
signait en 2005 un opus relativement plaisant même si l'on n'y
retrouve pas la beauté de ses chefs-d’œuvre d'antan. Vu les
purges auxquelles il a donné naissance les années précédentes, on
considérera Jenifer
comme une échappatoire à la morosité avec laquelle il s'acharne
désormais à pondre des œuvres indignes de sa légendaire
réputation. Adieu les Suspiria
ou Les frisson de l'angoisse.
Alors que part le passé tout ou partie était question d'esthétisme,
avec son look de téléfilm du dimanche après-midi Jenifer
pourrait
passer pour n'importe quelle merde insignifiante dont nous abreuvent
les chaînes nationales si ce n'était la gueule de travers de
l'étrange femme qui offre son prénom au titre. Si visuellement, ce
moyen-métrage d'une durée de cinquante-huit minutes ne fait pas de
vague, Dario Argento s'est offert les services de KNB
EFX Group, Inc. afin
d'assurer le maquillage de la jeune femme (l'actrice Carrie Anne
Fleming) et des effets gore parfois presque dignes de ce qu'était
capable de produire LE spécialiste du genre, Tom Savini. D'ailleurs,
Jenifer repose
presque exclusivement sur l'étalage de viande généreux dont il
nous abreuve. Si au départ le scénario s'avère original, le récit
stagne. Le détail de la blessure suppurant du héros n'est même pas
exploitée à fond. Comme une idée, peut-être pas très originale
mais présente quand même mais que le réalisateur aurait choisi
d'abandonner en cours de route...
Jenifer
sent le petit budget jusque dans la partition musicale du fidèle
Claudio Simonetti qui ici nous sert une soupe indigeste dont les
seuls soubresauts sonnent parfois comme du Bernard Hermann de
supermarché. C'est donc laid et pas toujours très inspiré.
Pourtant, Dario Argento fait tout ce qu'il peut pour rendre son
idylle la plus dérangeante possible, y arrivant parfois, mais trop
rarement. On ne sait d'où sort la donzelle et quel peut-être son
projet, au fond, à part celui de se nourrir de viande humaine et de
baiser avec son protecteur du moment. Mais cela revêt-il une
importance fondamentale ? Non, l'essentiel demeure dans ces
quelques saillies gore parfois très efficaces et qui détonnent par
rapport au visuel général ainsi que dans l'humour sans doute
involontaire de certaines séquences...
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