S'il ne fallait qu'une
seule preuve de la fascination de Dan Curtis pour l'actrice Karen
Black, son anthologie Trilogy of Terror
en serait sans doute la plus brillante démonstration. Un
long-métrage pour trois sketchs, tous interprétés par l'une des
divas du cinéma d'épouvante et du film catastrophe des années
soixante-dix et quatre-vingt concentrant tout son talent dans les
trois portraits que dresse l'auteur de Burnt
Offerings
sur la base de scripts originaux signés de l'écrivain Richard
Matheson. Trois récits d'épouvante mettant en avant et de manière
explicite trois héroïnes de caractères différents. De quoi mettre
en avant les aptitudes de Karen Black à s'adapter à tous types
d'interprétation. Curieusement traduit chez nous sous le titre La
poupée de la terreur
comme si cette étrange marionnette constituait le seul élément
horrifique de ce long-métrage et plus encore, le lien entre chaque
sketch, cette poupée vaudou originaire d'Afrique qui va mener la vie
dure à l'héroïne du troisième segment est invisible des deux
premiers qui concentrent leur intrigue sur des thèmes totalement
différents. Pourtant, chacun d'entre eux conserve un lien étroit
avec les deux autres puisque La poupée de la
terreur
constitue une trilogie sur l'emprise dont va être la victime Karen
Black qui à chaque occasion incarne le personnage-titre de chaque
segment. Julie,
Millicent and
Therese
ainsi que Amelia
constituent donc les trois chapitres de cette anthologie d'épouvante
durant lesquels l'actrice éprouve ses aptitudes en usant d'attitudes
diverses et variées. Lors du premier d'entre eux, elle incarne donc
Julie Eldrich, un professeur d'anglais qui va être la victime de
l'un de ses élèves totalement obnubilé à l'idée de découvrir ce
que peuvent cacher les vêtements amples de la jeune femme. Dans le
second, elle interprète le double rôle de Therese et Millicent,
deux sœurs qui se détestent copieusement. Enfin, dans le troisième
et dernier acte, Karen Black joue le rôle d'Amelia qui pour une fois
décide de faire une entorse à ses habitudes et de réserver sa
soirée à son fiancé plutôt qu'à sa mère : en effet, c'est
aujourd'hui l'anniversaire d'Arthur, un anthropologue auquel elle a
décidé d'offrir une bien curieuse statuette Zuni...
Tour
à tour, Karen Black interprète un professeur victime de chantage de
la part de l'un de ses élèves qui possède des photos d'elle
particulièrement compromettantes, deux sœurs dont l'une est
introvertie tandis que l'autre est extravertie et enfin une jeune
femme amoureuse tiraillée entre sa mère et son désir de passer la
soirée avec son compagnon. Si le thème de l'emprise est bien au
centre de ces trois intrigues, Dan Curtis et Richard Matheson mettent
les petits plats dans les grands. Et même si La
poupée de la terreur
n'est jamais d'une originalité folle, ces trois sketchs sont d'une
qualité plus que satisfaisante et conservent le charme typique des
anthologies que l'on pouvait découvrir alors dans les années
soixante-dix. Produit par Dan
Curtis Productions
et ABC Circle
Films,
La poupée de la terreur
est proche des anthologies fantastiques et horrifiques chères à la
Hammer Films.
Pourtant, ici, pas de vampires, de Loups-Garous, pas même de savants
fous reconstituant des corps à partir de morceaux d'organismes
humains, mais des femmes qui toutes vont être confrontées à des
situations très particulières ne se résolvant que dans les tous
derniers instants. Si Julie
ne laisse pas vraiment entrevoir sa conclusion, Millicent
and Therese
peut en revanche très rapidement se voir comme une alternative moins
aboutie de Sœurs de sang
(Sisters)
que Brian De Palma réalisa deux ans auparavant. Quant à Amelia,
il reprend le principe de la poupée diabolique à la sauce africaine
et donc, exotique. Sans être un chef-d’œuvre du genre, La
poupée de la terreur
est une excellent anthologie interprétée par une Karen Black
sublime et qui porte seule sur ses épaules les trois segments. À
noter, la présence à l'écran pour un très court instant de
l'acteur Gregory Harrison dans l'un de ses tout premiers rôles avant
qu'il ne devienne plus tard le célèbre Logan de la série télévisé
de science-fiction L'âge de cristal...
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