Parmi les centaines de
productions distribuées par la firme Troma
Entertainment
de Lloyd Kaufman, beaucoup demeurent du domaine de l'horreur, de
l'épouvante et du trash. Autant d’œuvres qui sans la passion de
l'auteur de Toxic Avenger
ou de Class of Nuke 'Em High
n'auraient sans doute pas eu les honneurs d'une distribution sous
divers formats tels que le DVD ou le Blu-Ray. Une majeure partie des
longs-métrages estampillés ''Troma''
s'avèrent être proprement indigestes et frisent le Z absolu.
Accompagnés d'une image absolument dégueulasse, il est rare qu'en
France il leur ait été donné l'occasion de pouvoir être
découverts autrement que par l'entremise de passionnés accordant du
temps à la conception de sous-titres faits maison. Le sort épargna
fort heureusement les plus fameuses bandes du distributeur et c'est
ainsi que l'on pu notamment découvrir dans un certain confort
quelques bobines cultissimes parmi lesquelles le Combat
Shock de
Buddy Giovinazzo ou le Bloodsucking Freaks de
Joel M. Reed, lesquels eurent les honneurs de voir le jours sous
diverses formes (les deux films ayant notamment été distribués
chez nous sous le label culte ''Haxan
Film''
dans les années quatre-vingt dix). Si donc une partie du catalogue
''Troma''
demeure une souffrance à tout point de vue (que l'image soit de
mauvaise qualité n'est pas tout. Souvent, la mise en scène ou
l'interprétation finissent d'achever ces pellicules underground), il
arrive parfois que Lloyd Kaufman ait ajouté à son imposant
catalogue des œuvres inattendues parmi lesquelles on trouve en
particulier Deadly Daphne's Revenge,
premier et dernier long-métrage du réalisateur Richard Gardner et
qui en comparaison d'un certain nombre de films disponibles dans le
répertoire de la ''Troma''
ferait presque figure de ''blockbuster''
tant ses qualités dénotent avec la pauvreté de certaines
productions...
Des
''qualités'' à mettre cependant entre guillemets puisque l'on est
ici encore très loin d'atteindre des sommets dans le genre thriller
dramatique qui semble intéresser son auteur. Typique de cette mode
qui veut que les jaquettes trompent sur la marchandise, celle de
Deadly Daphne's Revenge
constitue un véritable monument du genre. Car si l'inquiétante
femme armée d'un couteau qui trône en pleine première de
couverture fait bien partie de l'aventure, elle n'est en revanche que
la partie congrue du récit puisque ce dernier tourne en réalité
autour de quatre amis de sexe masculins compromis dans un viol dont
est victime la jeune Cindy Langely qu'interprète l'actrice Laurie
Tait Partridge. Si lors d'un procès pour viol il n'y a sans doute
rien de plus cruel pour une victime que d'être soupçonnée d'avoir
provoqué son ou ses bourreaux au moment des faits, Cindy contredit
tout ce que la morale réprouve. En effet, avec un luxe de détails
invraisemblables, la jeune femme se jette volontiers dans la gueule
du loup. Voyez par vous-même : alors qu'elle fait du stop,
Cindy accepte de monter à bord d'un camping-car transportant quatre
amis dont deux demi-frères (Charlie et Steve, respectivement
interprétés par Anthony Holt et le réalisateur lui-même). Contre
son avis, elle fait route jusqu'à la maison de campagne de celui qui
depuis quelques heures ne cesse de la harceler. Protégée par le
demi-frère du futur violeur, la jeune femme boit, fume, et ira même
jusqu'à coucher avec Steve avant que Charlie ne monte la violer en
compagnie de Bobo, l'un de ses employés. D'un caractère
particulier, grimaçant en permanence comme si elle souffrait
d'hémorroïdes, on ne peut pas dire que Laurie Tait Partridge
interprète une Candy fort agréable...
Si
Deadly Daphne's Revenge démarre
comme un drame, le film bifurque très rapidement vers le film
policier, les bourreaux de la jeune femme risquant un procès pour
viol. Puis arrive le suicide de l'un des quatre hommes, pourtant
innocent mais ne résistant pas à la pression exercée par son
épouse et par ce que pourrait avoir comme conséquences sur sa
carrière le procès. Puis interviennent des gangsters, un tueur à
gages et enfin, en toute dernière partie, la Daphne du titre dont on
apprendra le passé rocambolesque qui la lie à Charlie Johnson, le
principal violeur de Cindy. Un personnage insuffisamment exploité vu
le haut degré de folie que dégage ce personnage interprété par
Candy Castillo. Comme aucun réalisateur n'oserait l'entreprendre de
nos jours, Richard Gardner façonne avec le personnage de Charlie,
un être absolument abjecte. Sexiste, misogyne, négrophobe et
antisémite. Un être définitivement immoral et amoral dont on
n'attend plus alors que le funeste sort que choisi de lui accorder le
personnage de Daphne. Si Deadly Daphne's Revenge
ne
brille pas toujours par sa mise en scène ou son interprétation, on
a déjà vu bien pire ailleurs et même chez ''Troma''.
L'un des intérêts du long-métrage demeure dans les divers chemins
que prend le récit et qui empêchent le spectateur de s'ennuyer ne
serait-ce qu'un seul instant. Une œuvre où la frontière entre le
Bien et le Mal devient complexe à définir. Un bon divertissement.
Bien que la jaquette arbore fièrement une Daphne fort inquiétante,
Deadly Daphne's Revenge
n'est pas du tout le film d'horreur à tendance slasher qu'il semble
être. Donc, méfiance, mais un ''Troma''
dans le haut du panier...
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