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mercredi 28 avril 2021

Torremolinos 73 de Pablo Berger (2003) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Marre des blockbusters ? Envie de se laver l'esprit et de se reposer la rétine ? Retour en 2003, et même pourquoi, dans les années soixante-dix lors desquelles se situe l'action de Torremolinos 73, premier long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur espagnol Pablo Berger. Bienvenue dans ce pays merveilleux qu'est l'Espagne, terreau fertile qui vit éclore nombre de génies du septième art tel le Alex de la Iglesia de El día de la bestia, La comunidad ou Crimen ferpecto. Exemple parmi tant d'autres même si l’œuvre de ces deux-là n'ont rien de tout à fait comparable. Ou bien le premier est-il en comparaison le pourvoyeur d'un humour tout en retenue, moins hystérique, mais sans doute pas moins passionnant et original. Comme son titre l'indique, l'action de Torremolinos 73 se situe dans la ville du même nom, sans doute en 1973 (année à laquelle semble faire référence une séquence lors de laquelle le héros du long-métrage est contraint de faire un prélèvement de semence). C'est dans ce contexte, cette reconstitution des années soixante-dix plutôt agréable à l’œil, qu'Alfredo Lopez et son épouse Carmen se retrouvent plongés. Petit vendeur d'encyclopédies à domicile, l'entreprise de son patron Don Carlos est en grande difficulté. C'est alors que ce dernier invoque une échappatoire des plus étonnante. Aux rares employés qui la composent, Don Carlos leur propose de passer à la vitesse supérieure en abandonnant la vente d'encyclopédies pour réaliser de petits films ''scientifiques'' en super 8 à l'adresse des pays scandinaves. Alors que leur propriétaire les menace de les faire virer de leur logement s'ils ne paient pas leurs trois mois de loyer de retard, Alfredo et Carmen vont accepter de réaliser chez eux, ces petits films dont la vocation sera d'exposer les mœurs sexuelles espagnoles...


Quelque part, le long-métrage de Pablo Berger évoque On aura tout vu que réalisa Georges Lautner en 1976 avec ce photographe publicitaire qu'incarnait Pierre Richard (époux, dans le film, de l'actrice Miou-Miou) dont le rêve était de réaliser un long-métrage sensible et touchant qui entre les mains du savoureux Jean-Pierre Marielle allait se transformer en œuvre pornographique ! Un film doux-amer en réalité, drôle et tendre à la fois, incarné par un Javier Cámara au charisme aussi particulier que pu l'être celui de Michel Blanc des Bronzés ou de Viens chez moi, j'habite chez une copine. À ses côtés, la délicieuse et touchante Candela Peña (notamment découverte chez Pedro Almodovar avec Tout sur ma mère) dont le personnage de Carmen rêve d'avoir un enfant, ainsi que Juan Diego dans le rôle de Don Carlos, un patron faussement aimable dont les intentions ne sont pas si nobles qu'elles en ont l'air. Si Torremolinos 73 semble dérouler avec la plus grandes des tranquillité son récit, il évoque cependant des thèmes très humains qui contrebalancent avec ce sujet apparemment central que constitue la réalisation de petits films érotiques. Car au delà du voyeurisme qui tendrait à faire de Torremolinos 73 une alternative récente aux comédies sexy des années soixante-dix auxquelles même le cinéma français ne put échapper, le long-métrage de Pablo Berger est d'abord l'histoire d'un couple et de son amour réciproque. Ce qui en terme visuel se manifeste par une œuvre plus cynique que véritablement amusante. Un chemin de croix qui trouve sa consécration lors d'une séquence finale qui aurait pu s'avérer insoutenable si la finesse de la mise en scène et du scénario (signé lui aussi de Pablo Berger) n'étaient pas venus s'interposer avec l'épouvantable et inextricable situation dans laquelle se sont positionnés Carmen etAlfredo...


Il y a dans Torremolinos 73 de ces répliques qui à elles seules valent le coup d’œil. Comme lorsqu'Alfredo reproche à Carmen d'avoir passé du temps avec une star du cinéma (Máximo Valverde, dans son propre rôle) lors d'une soirée, que celle-ci lui rétorque ''Arrête, Alfredo. Maximo est un gentleman'' avant que son époux ne lui assène un imparable ''Oui... Et Dracula, un comte !'' On notera la présence à l'écran de l'acteur danois Mads Mikkelsen, jeune étalon et acteur porno étonnamment sensible participant au leurre que revêt le premier vrai film que doit tourner Alfredo à partir de son propre scénario et que son patron est prêt à financer. Surtout, parfois formidable d'audace est le récit de Torremolinos 73, lequel trouve une justification qui dans ses derniers retranchements s'avère parfaitement indéboulonnable. Ou comment consolider le couple Carmen/Alfredo en leur octroyant à chacun leur part de rêve...

 

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