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jeudi 29 avril 2021

New Rose Hotel d'Abel Ferrara (1998) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Attention ! Risque de Spoilers ! Jusqu'à ce que la fin du monde ne vienne mettre un terme à l'existence de tout être humain sur Terre avec son dix-septième long-métrage cinéma 4:44 Last Day on Earth réalisé en 2011, le cinéaste américain Abel Ferrara se fit le chantre d'une humanité déchirée et corrompue de quelque manière que ce soit, à la recherche de la rédemption. Dans un univers underground sans cesse en mutation parcouru par des individus déviants (du peintre-tueur à la perceuse de Driller Killer à la victime muette d'un double-viol se transformant en une justicière tueuse d'hommes dans L'ange de la vengeance jusqu'au flic corrompu de Bad Lieutenant), ce cinéaste particulièrement bien cerné dans le documentaire de Rafi Pitts Not Guilty fut un lion en cage libéré de ses entraves qui en dehors du circuit hollywoodien (hormis les deux longs-métrages Body Snatchers et Snakes Eyes tous deux réalisés en 1993) produisit une succession de films particulièrement sombres. Et qui trouvèrent pour la plupart d'entre eux, des fans pour ériger l'un ou l'autre au statut de chef-d’œuvre ultime. Certains citeront donc Bad Lieutenant, d'autres The King od New York, ou encore The Addiction. Il y en aura même pour évoquer New Rose Hotel, son treizième long-métrage, qui plutôt que de révéler l’œuvre maudite qu'aurait pu revêtir son classement dans la filmographie cinématographique d'Abel Ferrara, fut le signe d'une sensibilité élevant l’œuvre au rang de chef-d’œuvre... Ce qui au départ, n'est pas une mince affaire. Car en effet, New Rose Hotel semble n'avoir bénéficié que d'un budget des plus infime...


Ce que retranscrit l'image, sorte de compromis entre le grain très marqué de caméras de surveillance et l'horrible direct-to-video qui accorde à bon nombre de films un sort peu enviable. Pourtant, si l'on se réfère à l'historique de New Rose Hotel, le film a bien connu une sortie en salle, même limitée. L'aspect du long-métrage tranche bizarrement avec son casting que l'on considérera en partie de cinq étoiles. On y retrouve en effet l'acteur Christopher Walken, prodigieux chez le David Cronenberg de The Dead Zone en 1985 et icône du monstrueux The King of New York dans lequel Abel Ferrara lui offrit le rôle-titre cinq ans plus tard). La sulfureuse italienne Asia Argento (fille du maître du giallo Dario Argento), dont la côte est, faut-il le rappeler, hautement surestimée ( Le Livre de Jérémie, en 2004) et qui interprète ici la prostituée Sandii. Enfin, Willem Dafoe qui allait devenir l'un des fidèles interprètes du cinéaste avec pas moins de sept longs-métrages en commun, documentaire compris... New Rose Hotel est ici, plus sombre dans le traitement visuel que dans la thématique généralement développée par Abel Ferrara. Amour, passion, manœuvres et trahison sont au cœur d'une intrigue pas toujours intelligible au centre de laquelle sinuent nos trois principaux interprètes. Christopher Walken et Willem Dafoe y incarnent respectivement Fox et X, deux espions industriels. Et Asia Argento, la prostituée à laquelle il vont faire une très alléchante proposition : celle de gagner un million de dollars en séduisant un généticien japonais du nom de Hiroshi. C'est la base d'une intrigue qui laissera peu à peu entrevoir le jeu de séduction ET de trahison des uns et des autres, Fox et X faisant finalement figures d'apprentis plongés dans une affaire dont ils ne soupçonneront pas les ramifications...


Filmé comme un cauchemar intemporel situé dans un univers tortueux que les différentes approches visuelles et esthétiques empêchent de voir autrement que comme un mauvais rêve, New Rose Hotel cherche sans doute à se comporter comme une histoire d'amour underground tout en ayant comme résultat que d'apparaître comme un soap déliquescent peu aidé, il est vrai, par des moyens qui s'apparentent au mieux, à de la technique au rabais. On notera l'absence du fidèle compositeur Joe Delia qui après The Black Out l'année précédente ira faire carrière chez d'autres réalisateurs. En prenant comme principaux interprètes deux des plus charismatiques acteurs de leur époque en la personne de Christopher Walken et Willem Dafoe, Abel Ferrara fait le lien entre celui qui quittera l'aventure ''Ferrarienne'' et le second auquel sera transmise la lourde tâche de prendre le relais. Comme un salut à l'artiste, Christopher Walken disparaîtra alors derrière un sourire narquois et désabusé lors d'une séquence qui, si elle n'était pas si tragique, ferait sourire tant elle semble absurde. Séduisant non seulement Willem Dafoe/X, la caméra mais également le spectateur, Asia Argento envoûte littéralement le cadre, ce qui n'empêche pas le réalisateur d'en faire l'un des atouts essentiels d'un drame auquel X ne survivra peut-être pas. Prolongeant l'errance de son ''héros'', jusqu'à rendre douloureuse la séparation, Abel Ferrara signe sans doute effectivement, l'un de ses plus beaux films. Non dans le sens esthétique, mais bien dans l'humanisation de ses protagonistes...

 

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