Lorsque l'on impose à une boite en métal grouillant de circuits
imprimés d'être au service des hommes sans réelle contrepartie,
faut surtout pas s'étonner qu'un jour, elle se révolte contre son
maître. Surtout si un génie de l'électronique s'est amusé à y
implanter une puce d'un nouveau genre permettant au robot ménager en
question de se muer en un tueur implacable. Voilà qu'onze ans après
Mondwest,
le scénariste et réalisateur américain Michael Crichton revient à
l'un de ses thèmes de prédilection. Après son robot-cow-boy
s'acharnant sur de riches touristes venus connaître le grand frisson
dans un parc d'attraction leur permettant de satisfaire le moindre de
leurs souhaits, le voilà qui nous revient en 1984 avec Runaway,
titre rallongé, augmenté, ''boursouflé'' chez nous par un
''L'Évadé du Futur''
sorti de l'esprit d'un type qui sûrement, ne l'avait même pas vu
avant cela. Une année 84 durant laquelle, robots, automates ou
androïdes ont le vent en poupe puisque à seulement quelques mois
d'intervalles sortiront sur le territoire américain, le film de
Michael Crichton, mais aussi et surtout le cultissime Terminator
de James Cameron. Quitte à faire le parallèle entre ces deux films,
il suffit de comparer les budgets puis les box offices des deux
longs-métrages pour comprendre à quel point le premier ne fait pas
le poids face au mastodonte que représente le second. En effet :
si le budget de Runaway
: L'Évadé du Futur se
monte à huit millions de dollars, il n'en rapporte qu'un peut moins
de sept. Autant dire que les producteurs s'avèrent perdants en ne
récupérant même pas la mise de départ. Terminator connaîtra un
destin beaucoup plus enviable puisque pour un budget de six millions
quatre-cent mille dollars, le film atteint presque les quatre-vingt
millions de recettes. Soit plus de dix fois la mise de départ !
Cette
différence se voit très clairement à l'écran. Mais alors qu'en
2021 l'on attend toujours de voir des robots, d'apparence humaine ou
pas d'ailleurs, nous remplacer dans les tâches ménagères les plus
ingrates, Runaway
: L'Évadé du Futur peut
se voir comme l'un des chaînons manquant entre cette vie que
certains d'entre nous rêvent de voir un jour sonner à leur porte et
ce sinistre futur imaginé par James Cameron et Gale Anne Hurd dans
le milieu des années quatre-vingt. En effet, comment ne pas voir
dans l’œuvre de Michael Crichton, cette petite étincelle qui
brille dans le cerveau tout de circuits imprimés vêtu de ces robots
qui n'ont pour l'instant rien d'humain, et qui laissent présager
d'une révolte prochaine ? Bon, bref... Mettons de côté
l’œuvre de James Cameron pour ne parler que de l'essentiel, celui
de Michael Crichton. Vedette du petit écran bien connu chez nous
pour avoir interprété le rôle de Thomas Sullivan Magnum durant les
huit saisons de la série Magnum
comprises entre 1980 et 1988, Tom Selleck est jeté dans un monde où
les robots font partie du quotidien. Loin du super-héros qu'aucune
adversité ne fait trembler, c'est parce que son personnage de flic a
le vertige qu'il a un jour laissé un meurtrier prendre la fuite
(lequel a ensuite tué une famille de six personnes) qu'il s'est
retrouvé relégué dans un autre service. Le sergent Jack Ramsay est
désormais chargé d'intervenir lorsque des robots dysfonctionnant
appelés déviants risquent de mettre en danger leurs propriétaires.
Alors que plusieurs partenaires masculins se sont succédé, c'est
désormais au tour de l'officier Karen Thompson de le suivre lors de
ses interventions. C'est lors de l'une d'elles qu'il découvre
bientôt, grâce à l'un de ses collègues le sergent Marvin James
(l'acteur Stan Shaw), que de nouvelles et très dangereuses puces ont
été implantées sur diverses machines robotisées. Aux côtés de
Karen, Jack se lance alors à la poursuite d'un certain Charles
Luther, l'homme derrière lequel se cache toute l'affaire...
Un
Charles Luther interprété par l'acteur américano-israélien Gene
Simmons, lequel n'est autre que le bassiste et l'un des deux
chanteurs du groupe de hard rock Kiss !
Une vraie gueule de méchant qui dès sa toute première apparition à
l'écran ne laisse aucun doute quant à ses intentions. Actrice,
mais aussi chanteuse et danseuse, on ne s'étonnera pas de trouver
parmi la poignée de longs-métrages dans lesquels apparaît Cynthia
Rhodes, des œuvres telles que Flashdance
d'Adrian Lyne, Staying Alive
de Sylvester Stallone ou encore Dirty Dancing
d'Emile Ardolino. Runaway
: L'Évadé du Futur sera
sa seule incartade dans la science-fiction dans le rôle de la
partenaire du héros. Si le film s'inscrit bien dans ce courant, il
s'agit aussi et surtout d'un film policier. Les effets-spéciaux se
résument à quelques robots cubiques peu complexes à mettre en
scène ainsi que des automates ressemblants fort à des araignées.
Si à l'époque le film avait des chances de pouvoir faire sensation,
aujourd'hui, il s'avère plutôt anecdotique malgré la présence
d'un Tom Selleck loin du cabotinage du personnage de série télévisée
qui le rendit célèbre dans le monde entier. Runaway
: L'Évadé du Futur n'en
demeure pas moins un long-métrage sympathique même si cette vision
anticipative de notre avenir s'offre la part congrue du récit. Le
film repose davantage sur quelques scènes de tension ou des
séquences d'action plutôt bien menées. Une œuvre qui a fait son
temps mais qui paraîtra aujourd'hui bien obsolète...
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