Disparu voici maintenant
quinze ans, le réalisateur américain Dan Curtis participa à plus
de trente projets cinématographiques et télévisés en trente-huit
ans de carrière. Mais si l'on ne devait retenir qu'un seul exemple
de l'un et de l'autre, sans doute évoquerions-nous tout d'abord son
Burnt Offerings
datant de 1976, cet authentique monument de l'effroi qui n'a
pratiquement aucun autre équivalent que le roman de Robert Marasco
dont il est l'adaptation, Notre
Vénérée Chérie,
paru trois ans auparavant et plus proche de nous, l'étouffant Festin
Séculaire
du français G.-J. Arnaud édité 1985 ou le tout aussi excellent
Haut-Lieu de Serge
Lehman sorti dix ans plus tard.
De ces demeures qui se contentent pas d'être hantées mais
véritablement vivantes. Concernant l’œuvre télévisuelle de Dan
Curtis, le choix est déjà beaucoup plus délicat, voire cornélien,
et fera sans doute appel à la mémoire de tout un chacun. Le premier
me venant à l'esprit n'est peut-être pas le l'exemple le plus
brillant, mais il évoque de terribles souvenirs d'enfance. Sans
doute faudra-t-il réévaluer ses qualités, mais à l'époque de sa
première diffusion sur les écrans de télévision français le 31
août 1983, le téléfilm La Malédiction de la
veuve noire (notamment
interprété par l'actrice Donna Mills de la série
Côte Ouest)
eu
j'en suis certain, autant d'effets chez les autres gamins que sur
moi. Mais pour l'heure, retour sur Night of Dark
Shadows,
fausse séquelle de House of Dark Shadows sortie
aux États-Unis l'été 1971. Déjà bien avant Burnt
Offerings
(connu chez nous sous le titre Trauma),
Dan Curtis convie les spectateurs à pénétrer une inquiétante et
imposante demeure familiale. Celle des Collingwood...
Comme
le thème et ses personnages le laissent supposer, la demeure des
Collingwood est au centre d'une intrigue fantastique où les fantômes
du passé ressurgissent. Mais ici, contrairement à Burnt
Offerings qui
veut que la maison se nourrisse littéralement de l'essence vitale
de ses locataires, celle de Night of Dark
Shadows
sert de catalyseur à une trame qui convoque les fantômes du passé.
Ceux de Charles et d'Angelique Collins auxquels va être rattaché
Quentin Collins qui aux côtés de son épouse Tracy viennent de
s'installer dans la demeure des Collingwood. Bien que d'origine
américaine, Night of Dark Shadows
possède tout le charme de ces vieilles bandes horrifiques
britanniques qui firent le charme de la Hammer
ou
de la Amicus.
Tout ou presque concourt pour faire de ce long-métrage aux allures
de téléfilm un réussite en matière de maison hantée/possession.
Le cadre de style victorien, ses murs tapissés de portraits, sa
campagne, sa tour/atelier, ses interprètes féminines au charme
vénéneux incarnées par Lara Parker (qui débutera sa carrière au
cinéma dans Hi, Mom ! de
Brian de Palma en 1970 avant de tourner dans le film catastrophe 747
en Péril
de Jack Smight en 1974) ou Grayson Hall, son intrigue mêlant
sorcellerie, romance, apparitions et possession ainsi que sa bande
originale signée de Bob Cobert...
Si
l'on est loin d'éprouver le même sentiment d'angoisse que pour
Burnt Offerings,
Night of Dark Shadows
promet tout de même quelques sympathiques séquences qui au vu des
piètres effets-spéciaux demeurent honorables. Pour un budget ne
dépassant pas les neuf-cent mille dollars, l’œuvre de Dan Curtis
repose tout d'abord sur l'interprétation de David Selby qui dans le
rôle de Quentin Collins inquiète lorsqu'il semble être possédé
par son ancêtre Charles. Et sur celle de Kate Jackson qui bien des
années avant d'interpréter le rôle de Sabrina Duncan dans la
célèbre série télévisée Drôles de dames
incarne
ici une Tracy fragile et touchante et qui surtout, dénote totalement
avec le cadre. Sans être tout à fait mauvais, Night
of Dark Shadows oscille
cependant entre le bon et le moins bon. Les séquences d'épouvante
s'intercalent entre des scènes dont l'utilité ne sert sans doute
qu'à rallonger la durée du long-métrage mais pénalisent le rythme
qui s'en trouve alors diminué. Reste quelques séquences
véritablement marquantes comme peut l'être notamment celle qui en
fin de bobine confronte Alex Jenkins (John Karlen) à un trio de
personnages (Quentin Collins, Carlotta Drake et Gerard Stiles) lors
d'une séquence qui se voudrait presque aussi puissante que le climax
terrifiant de Burnt Offerings.
Notons que malgré sa filiation avec la série Dark
Shadows (1967-1971),
le film de Dan Curtis n'entretient en réalité que peu de rapports
en ce qui concerne ses personnages et le récit...
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