Alors que dans le
précédent volet La tanière de la bête
de Shun’ya Itō le réalisateur annonçait la fin des aventures de
Nami Matsushima, un autre cinéaste va remettre les pendules à
l'heure et en décider autrement après seulement quelques mois. À
l'issue du tournage de Mélodie de la rancune,
quatrième et dernier volet de la première série de longs-métrages
consacrés à la femme scorpion, l'actrice Meiko Kaji qui fut jusque
là l'interprète exclusive du personnage de Nami continuera vers une
longue carrière, la dernière information la concernant se situant
autour de l'année dernière sur le tournage de The
Voice of Sin
réalisé par son compatriote Nobuhiro Doi. Sans la moindre
fioriture, le réalisateur Yasuharu Hasebe reprend le flambeau avec
une Mélodie de la rancune
en totale concordance avec les trois précédents volets. Si celui-ci
sonne comme une certaine continuité dans l'écriture puisque Hirô
Matsuda et Tooru Shinohara y sont toujours aux commandes,ils sont
rejoints par le scénariste Fumio Kônami qui les avait quitté sur
le précédent volet. Yasuharu Hasebe accompagne d'ailleurs les trois
hommes sur l'écriture et tous les quatre mettent au monde un récit
qui démontre que le nombre ne fait pas forcément la force et qu'un
scénario écrit à huit mains n'est pas obligatoirement une valeur
sûre. Comme le prouve ce Mélodie de la rancune
qui
sans être mauvais ne surprendra jamais les fans de la franchise.
Demeure cependant une chose sûre. Yasuharu Hasebe conserve le goût
que cultivait Shun’ya Itō pour la violence la plus crue. Les viols
et les agressions n'ayant pas disparu, l'entourage de l'héroïne en
prend pour son grade. Mais malgré quelques séquences
particulièrement gratinées comme le viol en réunion d'une
gardienne de prison par des flics de plus en plus corrompus, Mélodie
de la rancune sonne
parfois comme un message d'espoir qui malheureusement ne tiendra pas
longtemps face au nihilisme de certaines séquences...
Car
oui, Nami Matsushima rencontre ici l'amour auprès d'un homme qui l'a
prise sous son aile et lui a offert un toit. Rare exemple de la gente
masculine qui dans l'univers de la femme scorpion a tendance à
marquer en permanence sa supériorité physique et sociale sur ses
congénères du sexe opposé. Autant dire que dans le contexte social
délirant qui parasite actuellement notre pays la projection d'un tel
film sur grand écran serait inenvisageable ! Sans être jamais
sensuelle ou appétissante, la sexualité est souvent vécu ici comme
un acte violent. La franchise nous aura dressé tout un panel de
déviances dont le viol collectif n'est pas des moindres. L'héroïne
n'est finalement désormais pas la plus à plaindre puisque autour
d'elle souffrent des individus dans des conditions encore plus
déplorables. Et à ce titre, son compagnon justement, Yasuo Kudo
(qu'interprète l'acteur Masakazu Tamura), un ancien activiste de
gauche victime de tortures de la part d'une police répressive (le
film semble d'ailleurs faire référence à l'armée rouge japonaise)
avec lequel elle va nouer une véritable amitié et une relation
intime réelle avant que sous la pression, celui-ci ne la trahisse.
Et donc, retour à la case départ pour Nami qui doit être exécutée
par pendaison dans les cinq mois à venir. On ne s'étonnera pas d'y
voir des gardiennes fouetter les geôlières tandis que Nami sera
menacée et violentée à plusieurs reprises par un flic qui l'accuse
d'être responsable de la mort de sa femme...
Incarné
par l'acteur Hiroshi Tsukata, l'inspecteur Hirose est un digne
descendant des crapules qui jusque là se sont succédé pour faire
vivre un enfer à Nami. Une femme scorpion capable cette fois-ci
d'enchaîner deux ou trois phrases sans imposer de longues minutes de
silence entre elles. Mais ne vous excitez pas. Les occasions
d'entendre la toujours aussi troublante Meiko Kaji se font rares. Si
mes souvenirs sont bons, on l'y entend s'exprimer à deux occasions
dont l'une est effectuée dans l'ombre et hors champ de la caméra.
Déjà que l'épisode précédent était avare en matière de délires
visuels, Mélodie de la rancune en
est carrément exsangue. Comparé aux trois premiers volets, celui de
Yasuharu Hasebe fait preuve d'un minimalisme et d'une totale absence
d'imagination qui l'empêchent de se distinguer du tout venant dans
ce type de production. Le film ne repose en fait que sur quelques
séquences bien tordues comme savait et sait toujours en produire le
cinéma japonais et sur la charismatique présence de Meiko Kaji bien
entendu. Le film se clôt sur le superbe Main
Theme
du compositeur Shunsuke Kikuchi qui jusque là a parcouru les quatre
longs-métrages. C'est donc avec regret que la première saga
s’interrompe et que l'actrice Meiko Kaji abandonne son
interprétation de la femme scorpion...
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