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dimanche 4 avril 2021

La Femme scorpion (女囚701号/さそり, Joshū 701-gō : Sasori) de Shun'ya Itô (1972) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

1972 est l'une des dates importantes dans l'histoire du cinéma japonais. Et si le long-métrage dont il est question dans cet article ne fait certes pas partie des plus longues sagas qu'aient produit le pays (parmi lesquelles on trouve notamment la saga Zatoïchi et ses vingt-sept longs-métrages!) ni des plus connus, La Femme Scorpion est de ces cycles qui s'avèrent absolument immanquables. Tout commence donc il y a presque cinquante ans. Le réalisateur japonais Shun'ya Itô débute sa carrière avec le tout premier volet d'une saga qui en comptera six entre 1972 et 1977. D'autres épisodes verront le jour beaucoup plus tard, à partir de 1991. Quatre nouveaux épisodes qui étendent leur champ d'action entre ce début des années quatre-vingt dix et 1998, sortie du dernier volet en date Scorpion: Double Venom 2 de Ryōji Niimura. Plusieurs cinéastes se seront partagés la tâche à travers un peu plus d'un quart de siècle mais c'est bien à Shun’ya Itō et aux scénaristes Fumio Kōnami et Hiroo Matsuda que l'on doit l'existence sur grand écran de la femme scorpion, de son vrai nom Nami Matsushima, personnage créé à l'origine par le mangaka Tōru Shinohara. Héroïne vengeresse, elle est dans cette première adaptation cinématographique une jeune femme trahie par Sugimi, un inspecteur de police dont elle est éprise et qui après lui avoir demandé d'infiltrer un groupe faisant partie de la mafia japonaise se retrouve enfermée en prison en compagnie de codétenues et de geôliers dont elle va être le souffre-douleur. Une martyre sur laquelle glisse les souffrances physiques et psychologique. Incarnée à quatre occasions dans la saga par l'actrice Meiko Kaji, Nami Matsushima surnommée ''Le Scorpion'' va tenter dans ce premier volet d'échapper à sa condition de prisonnière innocente afin de recouvrer la liberté et de retrouver son ancien amant afin de lui faire payer sa trahison...


Mais jusqu'à ce que l'héroïne parvienne à se libérer de ses entraves, le film de Shun'ya Itô va non seulement mettre à rude épreuve la jeune femme ainsi que les rares amies sur lesquelles elle peut encore compter mais aussi les spectateurs. Car La Femme Scorpion est WIP (Women In Prison, ou film de prison presque exclusivement interprété par des femmes) relativement violent qui ne nous épargne que trop rarement les sévices auxquels s'adonnent de lubriques gardiens de prison, mais également certaines (voire la majorité) des prisonnières qui en matière de brutalité redoublent d'imagination. Teinté d'un érotisme plus malsain que véritablement troublant, La Femme Scorpion enchaîne en effet les séquences violentes lors desquelles un sang bien rouge coule des jambes, des bras ou du visage des pensionnaires mais aussi parfois de l’œil d'un gardien, un énorme morceau de verre enfoncé dans l'orbite droit ! Si l'ensemble ressemble à un étalage d'atrocités gratuites, Shun'ya Itô les met en scène de manière relativement inventive et exerce un certain sens de la mise en scène. Voire Nami à terre, humiliée, trompée, filmée en gros plan, le décor en arrière-plan changeant, ou filmée par en dessous, allongée sur une plaque vitrée permettant d'assister à l'humiliation de son amant en plongée et sous divers éclairages...


Escaliers forçant les prisonnières à lever les jambes chaque fois qu'elles font un pas... un système permettant aux gardiens situés sous les marches de reluquer l’entrejambe de ces dames vêtues d'un uniforme plutôt léger et d'une culotte pour les plus chanceuses. Quelques séquences de nudité ça et là, quelques poitrines à l'air, une ou deux scènes de douches, du bondage et des coups de bâtons. Tout ceci peut paraître gratuit mais participe pourtant d'une certaine logique. Celle qui façonnera l'esprit et le corps de Nami Matsushima. Une héroïne, une Sasori (scorpion en japonais), dont la seule motivation deviendra alors, la vengeance. De son regard perçant, Meiko Kaji fige l'espace et le temps. De sa beauté toute juvénile, elle contraste avec le quotidien sordide qui est le sien. Si les décors sont on ne peut plus classique pour ce genre de long-métrage, la photographie de Hanjiro Nakazawa et la bande originale de Shunsuke Kikuchi font parfois des miracles. Le choix de certains cadrages et de certains éclairages apportent ce petit plus qui élève l’œuvre bien au delà du classique WIP. Plus que la violence extrême de certaines séquences manquant pourtant parfois de crédibilité ou de réalisme (que les interprètes retiennent leurs coups est une évidence un peu trop appuyée), La Femme Scorpion est une très belle réussite et une entrée en matière idéale dans l'univers de son héroïne...

 

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