Nami Matsushima n'aura su
conserver sa liberté qu'un court instant. Tout juste le temps
d'assouvir sa vengeance puis, retour au bercail. Dans ce second volet
de la saga de La
femme Scorpion,
le réalisateur japonais Shun’ya Itō retrouve l'actrice Meiko Kaji
qui interprète donc pour la seconde fois l'héroïne de ce nouveau
récit. Sur un scénario écrit une fois encore par Fumio Konami et
Hirō Matsuda et auquel participe cette fois-ci le réalisateur
lui-même, Elle s'appelait Scorpion (Joshū sasori: Dai-41 zakkyo-bō)
se
déroule un an après les événements précédents bien que le film
ait été tourné dans la foulée du premier épisode. Et une fois
encore, Nami Matsushima se retrouve enfermée dans la prison toujours
dirigée par le directeur Goda (à nouveau interprété par l'acteur
Fumio Watanabe). Ce dernier éprouvant une animosité toute
particulière pour cette dernière qu'il rend coupable de la
mutinerie et de la perte de son œil droit décrits dans
La femme Scorpion
est bien décidé à se venger d'elle en la laissant croupir dans un
trou, sans compagnie, sans lumière et avec juste ce qu'il faut de
nourriture pour ne pas mourir. Mais alors que la prison reçoit la
visite d'un ministre, les prisonnières se rebellent et l'humilient.
Le directeur Goda décide alors de les punir. Si dans le premier
épisode la punition consistait à contraindre les prisonnières de
creuser de profonds trous dans le sol avant de les obliger à les
remplir à nouveau, dans ce second chapitre, elles doivent traîner
derrière elles de lourdes pierres. Le sort de Nami Matsushima n'est
pas plus enviable que celui de ses codétenues puisqu'elle est
attachée à un tronc d'arbre qu'elle porte tel un Christ au féminin
portant sa croix avant d'être violée par quatre de ses geôliers...
Si
les vingt premières minutes ressemblent ostensiblement à ce à quoi
nous avaient habitués les images de La femme
Scorpion,
très vite, Elle s'appelait Scorpion
prend une tournure différente. En effet, Nami Matsushima et six de
ses codétenues parviennent à prendre la fuite, laissant au passage
derrière elles, les cadavres des deux gardiens qui en avaient la
responsabilité. Ce second opus propose donc une aventure à ciel
ouvert et comportant quelques excellentes surprises. Alors que La
femme Scorpion
était une très bonne entrée en matière dans l'univers de Sasori,
cette séquelle surpasse de très loin l'épisode précédent. Les
petites touches d'érotisme de La femme Scorpion
disparaissent au profit d'un surcroît de violence qui trouve son
aboutissement lors de quelques plans gore du meilleur effet (le
gardien émasculé à l'aide d'un tronc d'arbre). Mais la valeur
ajoutée de ce second chapitre, et qui n'était survolée dans La
femme Scorpion,
se situe au niveau du visuel. Pratiquement sans interruption, et dès
lors que les jeunes femmes ont réussi à fuit leur condition,
Shun’ya Itō impose une patte visuelle absolument remarquable.
Qu'il s'agisse de certains décors, comme la fosse où est violée
l'héroïne, la rivière qu'elle et ses codétenues traversent et
plus encore le village abandonné, ou que cela concerne l'utilisation
de certains cadrages particulièrement ingénieux, Elle
s'appelait Scorpion est
bourré de plans superbes. Comme il l'avait tenté à une occasion
dans le premier épisode, Shun’ya Itō reprend le concept du
plateau tournant tout en inversant son principe.
En
effet, alors que dans La femme Scorpion les
décors d'arrière-plan bougeaient et permettaient à l'héroïne de
se retrouver dans des lieux différents tout en étant filmée au
premier plan et sans coupures, cette fois-ci, elle est à son tour
placée sur un plateau tournant sur lui-même, ce qui permet de
donner vie à de superbes travellings rotatifs... Jouant sur
différentes perspectives, sur les couleurs tantôt primaires, tantôt
monochromes et sur des décors se déplaçant comme ceux d'un
théâtre, le film prend des allures parfois psychédéliques, voire
fantomatiques, certaines séquences pouvant être rapprochées du
théâtre Nô. Sous sa forme, Elle s'appelait
Scorpion regorge
de créativité. Sur le fond, il oppose une cruauté masculine
systématique à une féminité qui ne l'est pas moins, surtout
lorsque vient l'heure de la trahison. Toujours aussi peu loquace,
Nami Matsushima ne prononce quasiment pas un seul mot, voire pas du
tout, mais joue par contre beaucoup du regard de celle qui
l'interprète : la toujours aussi charismatique Meiko Kaji. Bien
qu'étant de nouveau l'héroïne de ce second volet, on la verra
moins agir que certaines de ses codétenues dont une Harue Wagatsuma
(l'actrice Eiko Yanami) particulièrement entreprenante. Dans le
genre WIP,
et même si le plus clair du temps les personnages féminins évoluent
à l'air libre, Elle s'appelait Scorpion fait
partie du top trois. Une petite merveille...
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