Depuis ses débuts, le réalisateur Christopher Landon s'est fait une
spécialité du mélange des genres. Nous eûmes droit en 2010 au
thriller comique Burning Palms,
en 2015 (après un énième volet de l'indigente saga Paranormal
Activity)
à une parodie de film de zombies avec le génial Manuel
de Survie à l'Apocalypse Zombie,
en 2017 et 2019 au diptyque Happy
Birhtdead 1&2
qui mêlaient tous les deux slashers et boucles temporelles. Pour son
dernier long-métrage, le fils de l'illustre Michael Landon (Charles
Ingalls dans La
Petite Maison dans la Prairie)
étire encore plus loin le concept et prend le risque de voir
l’élastique rompre sous le déploiement d'idées peut-être encore
plus folles que par le passé. Prenant le risque de démarrer les
hostilités de manière tout sauf ostentatoires en usant de ficelles
usées jusqu'à la corde, Freaky
démarre relativement mal et ressemble à s'y méprendre à ces nuées
de Slashers
sans doute pétris de bonnes intentions mais terriblement
impersonnels. Un tueur masqué plus proche de Jason Voorhees que de
Michael Myers, quelques morts en ouvertures qui ouvrent le compteur
de cadavres (ou Bodycount
pour les spécialistes), une université pleine de pom-pom girls et
d'étudiants footballeurs et puis, Millie Kessler (qu'interprète la
jeune actrice Kathryn Newton, intéressante Margaret dans la boucle
temporelle philosofico-poétique The
Map of Tiny Perfect Things de
Ian Samuels, 2021). Adolescentes entourée de quelques rares amis,
victime de quolibets permanents de la part de ses camarades, fille
d'une mère alcoolique, d'un père disparu et cadette d'une sœur
policière, Millie va faire une rencontre dont elle se serait bien
passée : celle du Boucher. Un tueur en série qui vient de
faire ses dernières victimes.
Un
soir, alors qu'elle attend patiemment que sa mère vienne la chercher
à la sortie des cours, elle tombe nez à nez avec le tueur qui lui
plante alors dans l'épaule la lame d'un étrange poignard. Parvenant
à échapper à son poursuivant, Millie se réveille le lendemain
dans le corps du Boucher tandis que lui se retrouve dans celui de
l'adolescente... Le Boucher en question est
interprété par l'acteur Vince Vaughn. Et c'est peut-être là
l'idée la plus brillante du scénario. Car en échangeant leurs
corps, les personnages qu'ils interprètent lui et Kathryn Nrewton
permettent à Christopher Landon de les mettre en scène dans des
situations pittoresques irrésistiblement drôles. La palme revenant
tout d'abord à Vince Vaughn dont la gestuelle, les cris et d'une
manière générale tout ce qui constitue son attitude, sont parfois
à hurler de rire. D'un point de vue qualitatif, Freaky
est donc tout d'abord à ranger aux côtés de Manuel
de Survie à l'Apocalypse Zombie
qui jusqu'à maintenant était (et reste tout de même) le meilleur
film de Christopher Landon. Freaky,
c'est un peu le concept de L'Un
dans l'Autre,
la comédie de Bruno Chiche sortie sur les écrans fin 2017 mais sous
une forme enrichie, ou en tout cas beaucoup plus convaincante en
terme d'humour. C'est d'ailleurs l'aspect que l'on retiendra en
priorité puisque le côté tueur en série poursuivant ses proies se
révèle malgré tout relativement classique. Ce qui l'est moins par
contre se situe surtout au niveau du jeu de Vince Vaughn qui dans la
''féminisation'' de son personnage s'en donne à cœur joie.
Offrant
une interprétation caricaturant l'attitude d'une jeune adolescente
dont l'esprit est censé avoir pris possession de son corps, l'acteur
gesticule ou crie comme le ferait une jeune femme prise de panique. À
contrario, Kathryn Newton se doit donc d'endosser l'attitude de celui
qui est censé avoir investi son corps. Ce qui
demeure déjà plus délicat à retranscrire pour la jeune actrice
qui n'a d'autre alternative que de froncer les sourcils pour que le
spectateur puisse intégrer de manière durable l'idée que l'on n'a
plus à faire face à Millie mais au Boucher... Freaky
a beau être une comédie, cela ne l'empêche pas d'offrir quelques
séquences d'action et surtout, quelques scène gore particulièrement
réussies : une surgélation instantanée avec pour conséquence,
la dispersion d'un corps en centaine de morceaux. Le corps d'un
professeur découpé en deux dans le sens de la longueur à l'aide
d'une scie circulaire... Christopher Landon se sert également de la
bande originale pour caricaturer certains comportements de société
comme la ''Biatch
attitude''
et ce, sur fond de rap ! Ce qui n'empêche pas la bande
originale de Freaky
d'avoir
été essentiellement composée par Bear McCreary qui fut avant cela
au générique de Godzilla :
Roi des Monstres
de Michael Dougherty ou de la série The
Walking Dead.
Freaky
est
une belle réussite dans le domaine de la comédie horrifique...
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