Serge Leroy, l'un des
spécialistes du polar et du thriller à la française des années
70-80 revenait en cette année 1983 avec le policier L'Indic.
Un quatuor d'interprètes formé autour de Daniel Auteuil, Thierry
Lhermitte, Bernard-Pierre Donnadieu et Pascale Rocard. Si les deux
premiers s'étaient jusque là surtout distingués dans la comédie,
Bernard-Pierre Donnadieu se vit quant à lui offrir quelques rôles
dans des polars non moins passionnants réalisés par les maîtres du
genre en France, de Henri Verneuil à Georges Lautner. Quant à
l'actrice Pascale Rocard, la jeune femme n'a à l'époque tourné que
dans une poignée de long-métrages et fera par la suite, une
carrière beaucoup plus importante à la télévision que sur grand
écran avec, notamment, sa présence très remarquée dans le
feuilleton de Jean Sagols, Le Vent des Moissons
en 1988. L'Indic,
lui, est un thriller dans la tradition du cinéma français de
l'époque. Celui qui tentait avec plus ou moins de bonheur de
s'aligner sur un genre largement représenté et dominé par le
cinéma outre-atlantique (heureusement, les choses ont changé
depuis). Si Serge Leroy a parfois bien du mal ici à atteindre ses
objectifs, son septième long-métrage n'en est pas pour autant bon à
jeter aux ordures.
Bien
qu'il ait quelque peu vieilli sous certains aspects (le look de
Thierry Lhermitte/Dominique Leonelli étant plutôt ringard de nos
jours), le long-métrage de Serge Leroy est l'un de ces petits films
policiers sans prétentions qui gagnent à être vu au moins une fois
ne serait-ce que pour son ambiance austère, l’œuvre démarrant
très rapidement sur un ton mortifère. L'Indic
joue sur plusieurs niveaux de dualités. Entre Dominique Leonelli et
l'inspecteur Bertrand/Daniel Auteuil. Ou bien même ce dernier est la
belle Sylvia/Pascale Rocard qui même si ce détail est au départ le
fruit du hasard, a choisi le camp des voyous plutôt que celui de
l'autorité. Serge Leroy crée un climat dépressif accentué par la
partition musicale du compositeur Michel Magne. Surtout, il intègre
une romance entre le voyou Leonelli et Sylvia, quelque peu
déboussolée par la perte de sa tante.
Une
chose est certaine, on n'est pas là pour rire. Non pas que L'Indic
assène de manière intempestive les séquences de braquage, les
courses-poursuites ou les meurtres (qui se comptent sur les doigts
d'un manchot), mais même dans la relation qu'entretiennent les
divers personnages, des trois principaux protagonistes jusqu'à
l'inquiétant antagoniste incarné par Bernard-Pierre Donnadieu, il
se dégage un parfum de pessimisme qui transpire même dans la
relation intime entre Sylvia et Leonelli. Comme si la mort pouvait
venir frapper à leur porte à tout moment. Daniel Auteuil est de
ceux qui se fondent le mieux dans la peau de leur personnage. D'un
charisme peu évident, surtout en comparaison d'un Thierry Lhermitte
séduisant, il incarne à merveille ce petit flic nerveux et collant
ambitionnant d'arrêter le redouté truand, Ange
Malaggione/Bernard-Pierre Donnadieu. Si l'on s'ennuie quelque peu,
L'Indic
n'en est pas moins un polar à la française qui de nos jours possède
au moins le mérite de nous renvoyer à une époque où Paris
arborait un visage bien différent. A l'image de la gare de l'Est qui
à travers quelques plans éveilleront quelques bons souvenirs à
celles et ceux qui aimaient y flâner. Un détail, peut-être, sans
importance, sans doute, mais le film de Serge Leroy n'ayant pas la
puissance d'un Mort un Dimanche de Pluie
signé Joël Santoni, on lui accordera tout de même la troublante et
envoûtante faculté d'évoquer le Paris d'avant, sa police, et ses
voyous, sur fond de romance désespérée...




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