Pour la seconde fois de
sa carrière, le réalisateur britannique George Pollock se penchait
sur l’œuvre d'Agatha Christie un an après avoir mis en scène Le
Train de 16 h 50.
Une œuvre que les fans de la romancière purent décrire comme une
certaine forme de trahison puisque le réalisateur osait se
débarrasser de l'un des personnages principaux en la personne de
Lucy Eyelesbarrow. Un détail en comparaison du sacrilège qu'il allait
alors entreprendre en 1963 avec la sortie de Meurtre
au Galop (Murder
at the Gallop),
lui-même inspiré d'un ouvrage dont le titre à lui seul permet de
comprendre les largesses avec lesquelles George Pollock a choisi de
prendre des libertés avec le roman d'Agatha Christie. Drôle
d'hommage rendu à la romancière que cette adaptation
cinématographique qui occulte totalement le personnage d'Hercule
Poirot pour le remplacer par l'autre grande héroïne d'Agatha
Christie : Miss Jane Marple ! Non seulement le réalisateur
''oublie'' le détective belge, mais il lui préfère purement et
simplement son homologue britannique. Agatha Christie finira par s'en
remettre même si le procédé la dérangera très fortement. Les
fans sans doute vivront la chose comme de la haute trahison, mais
pour ceux qui découvrirent le personnage sur grand écran à travers
l'actrice britannique Margaret Rutherford, il n'en fut certainement
rien...
Les
Indiscrétions d'Hercule Poirot devenues
sur grand écran Meurtre au Galop,
les amateurs de la romancière n'eurent pas à attendre bien
longtemps avant de constater l'absence de leur personnage favori.
Dans cette seconde aventure de Miss Marple au cinéma, c'est donc
bien l'actrice Margaret Rutherford que l'on retrouve avec ce même
plaisir que deux ans en arrière. On peut dire que l'héroïne des
romans d'Agatha Christie a pris de la bouteille. Plus caricaturale
que jamais et donc encore plus attachante que dans Le
Train de 16 h 50,
elle n'est pas cette détective en fauteuil que certains prétendent.
Du moins, pas dans ce récit dont elle vole la vedette à Hercule
Poirot sur la décision des producteurs qui, allez savoir pourquoi,
la préfèrent au belge (le succès du précédent long-métrage la
mettant en vedette étant sans doute responsable de ce choix). Plus
impliquée que jamais puisqu'au cœur même de l'intrigue, voici
désormais notre vielle détective installée dans l'une des chambres
du luxueux hôtel ''Le
Galop''
afin d'enquêter sur la mort d'un certain M. Enderby dont elle
assiste à la mort tragique alors qu'elle effectue une collecte pour
une association caritative...
Chose
assez coutume dans ce genre de récit, tout tourne autour d'un
héritage et notamment d'un tableau que tentent de s'arracher les
membres de la famille Enderby. Dans cette seconde aventure de Miss
Marple, Margaret Rutherford est toujours aussi savoureuse.
Accompagnée pour la seconde fois par les personnages de Jim
Stringer, l'Inspecteur Craddock et du Sergent Bacon (toujours
respectivement interprétés Stringer Davis, Charles 'Bud' Tingwell
et Gordon Harris), elle est cette fois-ci séduite par l'un des
membres de la famille Enderby, un certain Hector Enderby
savoureusement incarné par Robert Morley. Dans Meurtre
au Galop,
on découvre les talents de cavalière de la détective, son
acharnement encore plus prononcé dans l’objectif de découvrir le
meurtrier (il faut voir à combien de reprises elle cherchera à
mettre la main sur les bottes qui ont laissé une trace au sol sur
les lieux du crime), mais également ses talents de danseuse lors
d'une séquence incroyablement drôle où elle se lance aux côtés
de son ami bibliothécaire, dans un twist endiablé. Irrésistible !
Outre l'enquête policière, Meurtre au Galop
offre un surplus d'humour marqué par la présence des musiques
composées par l'anglais Ron Goodwin qui après celles du Train
de 16 h 50,
fut chargé de celles du film présent. Suspens et humour font bon
ménage dans ce second long-métrage qui au final, ne fait absolument
pas regretter le choix des producteurs d'avoir opté pour le
personnage de Miss Marple plutôt que celui d'Hercule Poirot. Un
excellent cru !
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