Le Train de 16 h 50
(Murder She Said) de George Bollock est la
première adaptation d'un roman d'Agatha Christie où le personnage
de Miss Marple apparaît comme héroïne. C'est également l'occasion
pour le réalisateur de se pencher pour la toute première fois de sa
carrière sur l’œuvre de la romancière britannique. La première
des cinq fois à vrai dire puisqu'il mettra en scène Miss Marple à
trois autres occasions avant d'achever sa carrière sur grand écran
en 1965 avec Les Dix Petits Indiens (Ten
Little Indians).
La principale différence entre Le Train de 16 h
50
et les trois prochains longs-métrages de George Pollock qui mettront
en scène la célèbre détective en 1963 et à deux reprises en 1964
se situe au niveau de la fidélité attachée au roman original
datant de 1958. En effet, Le Train de 16 h 50
sera
le seul a respecter d'une certaine manière l’œuvre d'Agatha
Christie puisque la seconde et la troisième ne mettront pas en scène
l'autre grand héros des romans de la britannique Hercule Poirot
comme cela est le cas dans les romans, mais Miss Marple elle-même.
Quant au quatrième, il sera issu d'un scénario écrit à quatre
mains par David Pursall et Jack Seddon sur la base du personnage
inventé par la romancière dans les années trente du siècle
passé...
Bien
qu'elle n'ait aucun rapport physique avec la fragile héroïne
décrite dans les romans d'Agatha Christie, c'est pourtant l'actrice
anglaise Margareth Rutherford qui sera engagée pour tenir le rôle
de la célèbre détective. Un choix qui pourra paraître étonnant,
voire considéré comme une trahison pour les fans de la romancière
mais qui somme toute s'avérera un choix judicieux puisque l'actrice
s'y révèle parfaitement à l'aise. Une légère touche d'arrogance
simulée, un caractère de vieille fille, curieuse et parfois
indiscrète et surtout, un physique pas vraiment avantageux de vielle
dame acariâtre qui fera le charme de cette enquêtrice en herbe
fascinée par les ouvrages policiers dont elle abreuve son quotidien
auprès de son fidèle bibliothécaire Jim Stringer (l'acteur
Stringer Davis), lequel apparaîtra également dans les trois autres
aventures de Miss Marple réalisées par George Pollock ainsi que
dans ABC contre Hercule Poirot
(The Alphabet Murders)
de Frank Tashlin pour lequel il ne sera cependant pas crédité.
L'histoire est bien connue : alors que Jane Marple se trouve à
bord du train de 16h50 qui doit la rapprocher de chez elle à St.
Mary Mead, elle assiste au meurtre d'une jeune femme à bord d'un
second train qui croise le sien. Une fois les autorités prévenues,
et devant l'inefficacité des agents de police qui croient
moyennement à son histoire, la vielle dame décide en compagnie de
Jim Stringer de retrouver la trace de celle qu'elle suppose être
morte mais dont le corps n'a pas été retrouvé par la police. Ses
recherches l'emmènent jusqu'à la luxueuse demeure des Ackenthorpe.
Là, Jane Marple s'y fait engager comme bonne, ce qui lui permettra
d'enquêter ''en toute discrétion'' auprès des différents membres
de la famille...
Pour
sa première aventure dans la peau de Miss Marple, Margareth
Rutherford fait des miracles. Si le récit et surtout la résolution
du meurtre ne font certes pas partie des plus subtils qu'ait écrit
la romancière britannique, l'actrice anglaise transforme son
personnage en un être profondément attachant bien qu'étant d'un
caractère difficile. Le scénario de David Pursall, Jack Seddon et
David D. Osborn apporte un certain nombre de différences dont l'une
s'avère fondamentale puisqu'alors que dans le roman, celle qui
assiste au meurtre n'est autre que Mrs McGillicuddy, une vielle amie
de Miss Marple et héroïne de l'ouvrage écrit par Agatha Christie
dont le titre original est 4:50
from Paddington, dans le film c'est la détective elle-même qui
assiste au meurtre.
De plus, vu l'âge avancé de celle-ci, elle y est aidé par la jeune
diplômée en mathématiques de l'Université d'Oxford, Lucy
Eyelesbarrow. La disparition de ces deux personnages dans
l'adaptation n'est en ce sens, pas vraiment remarquable puisqu'à
elle seule, la véritable héroïne du long-métrage s'en sort à
merveille. George Pollock injecte à son enquête une bonne dose
d'humour ''pince sans rire'' et quelques courts moments de tension,
notamment lorsque dehors la tempête fait rage et qu'à l'intérieur
de la demeure, Miss Marple doit composer avec l'absence de lumière
et la présence d'un meurtrier. Comme souvent dans les adaptations
d'Agatha Christie, le cadre est splendide, renforcé par un très
beau noir et blanc et une ambiance musicale due au compositeur Ron
Goodwin. Découvert à sa sortie par la romancière elle-même,
Agatha Christie trouva Le Train de 16 h 50
désolant
bien qu'elle s'attendit à ce que le personnage de Miss Marple ne
soit pas scrupuleusement fidèle à l'image qu'elle en avait. Force
est pourtant de reconnaître que cette première incartade de
Margareth Rutherford dans l'univers de la romancière britannique est
une franche réussite...
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