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dimanche 3 novembre 2019

Mon Chien Stupide d'Yvan Attal (2019) - ★★★★★★★★☆☆



Trois ans après avoir abordé la question juive à travers son identité, l'antisémitisme et la paranoïa du personnage qu'il interpréta lui-même dans Ils sont Partout, l'acteur, scénariste et réalisateur Yvan Attal revient en 2019 avec son dernier long-métrage Mon Chien Stupide. Un titre qui sous son apparence de comédie légère se révèle beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air. Mais alors qu'Yvan Attal adapte désormais le roman My Dog Stupid du romancier américain John Fante et non plus un scénario de son cru, Mon Chien Stupide prend des airs d'auto-psychanalyse. Le personnage principal incarné par l'acteur-réalisateur se retrouvant face à une crise de la cinquantaine, Yvan Attal y déploie toute une armada de principes faisant de Henri Mohen, écrivain qui depuis plus de vingt ans n'a rien écrit de bon, un individu accablé et contraint de mettre un nom sur son mal-être. C'est alors qu'arrive dans sa vie un énorme chien, sale, obsédé sexuel et pas très malin auquel Henri donne le nom de Stupide. Alors que toute la famille (son épouse et trois de leurs quatre enfants) n'en veulent pas chez eux, Henri choisit de le garder auprès de lui. La présence de Stupide va être révélatrice des dysfonctionnements qui régissent la famille Mohen dans laquelle va bientôt donner un grand coup de balai Henri...

Comme cela avait déjà pu être le cas avec Ils sont Partout qui oscillait entre le raté, le moyen et l'excellent, Mon Chien Stupide laisse tout d'abord une impression mitigée. Démarrant sous les allures d'une comédie aussi balourde que le chien qui s'invite dans la famille Mohen, le film d'Yvan Attal prend un virage à cent-quatre vingt degré au moment même où ma compagne et moi allions peut-être abandonné tout espoir envers une comédie française s'appauvrissant d'année en année (la veille, nous avions été littéralement anéantis par la médiocrité de l'infâme Les Municipaux, Trop c'est Trop des Chevaliers du Fiel). Pourtant, la dernière réalisation d'Yvan Attal finit par prend une tournure tout à fait inattendue. Car si Henri, son épouse Cécile (Charlotte Gainbourg) et leur quatre enfants Pauline (Adèle Wismes), Gaspard Panayotis Pascot), Raphaël (Ben Attal), et Noé (Pablo Venzal) ont dans un premier temps beaucoup de mal à faire rire les spectateurs en dehors d'un couple de femmes situé sur des longueurs d'ondes bien différentes des nôtres, le charme va finalement peu à peu opérer dès lors que le héros verra son entourage disparaître pour le laisser seul à la maison. L'occasion pour lui d'une introspection. C'est lors de cette étape fondamentale qui, on l'espère, lui permettra de se reconstruire, que Mon Chien Stupide prend tout son sens. De la comédie légère et pas vraiment amusante que l'on redoutait d'ingurgiter jusqu'au générique de fin, l’œuvre d'Yvan Attal se mue en une comédie tantôt acide, tantôt douce-amer.

Sur un scénario écrit à quatre mains par Yaël Langmann et Yvan Attal lui-même, Mon Chien Stupide révèle alors une puissance émotionnelle à laquelle nous n'étions sans doute pas préparés. Un changement de ton en douceur qui culmine durant la dernière partie révélant une très belle écriture. Si les différents protagonistes échangent entre eux des dialogues aussi savoureusement écrits qu'au résultat demeurant bizarrement stériles durant la première demi-heure, ceux que le spectateur gardera en mémoire sont ceux qu'il prononce en voix-off. Profonds, touchants et sincères, c'est à travers eux que l'acteur-réalisateur parvient à faire passer une émotion qui ne faiblit jamais. On ne sourit plus (en dehors du couple cité plus haut qui décidément, vit sur une autre planète ). Bien au contraire, on est ému, la gorge serrée, l’œil qui brille, totalement embarqués, chamboulés. On n'ose plus le moindre commentaire. Happés par les mots et les maux d'un Yvan Attal en état de grâce et des seconds rôles au diapason (excellent Éric Ruf dans le rôle du Professeur Mazard). Yvan Attal sauve à travers Mon Chien Stupide, une comédie française en perdition, vérolée par d'innombrables bouses. Une belle rencontre à faire en salle obscure. Ruez-vous au cinéma...

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