Il y a d'abord le sujet.
Simple. Simpliste diront même certains. Puis vient le traitement.
Cette manière si particulière qu'a le réalisateur belge Fabrice du
Welz d'aborder chaque thématique depuis ses débuts. De Calvaire
en
2004, jusqu'à son avant-dernier coup de maître il y a deux ans et
dont il est question dans cet article, en passant par
l'extraordinaire Alléluia
en 2014,
que l'on présageait sans doute un peu trop rapidement en ces pages
comme étant l’œuvre la plus aboutie de son auteur. Que l'on
croyait définitivement inégalable. Et pourtant, il faut savoir
reconnaître ses erreurs, impatient que l'on est à vouloir hisser au
sommet d'une œuvre toute entière consacrée à la magie du cinéma,
l'une de ses pierres angulaires... Drôle comme Fabrice
du Welz peut être le sujet de critiques à ce point discordantes
avec les qualités réelles de son œuvre. D'aucun, et surtout pas le
fan du réalisateur que je suis comprendront l'acharnement dont
firent preuve certains critiques devant ses brillants Vinyan
et Colt 45,
dues sans doute au comportement parfois hautain de ce touche à tout
s'étant jusqu'à maintenant intéressé au survival, au drame, au
thriller, au policier et au film d'horreur. Tous ont ce même point
commun de l'amour pour l'image et celui pour ses interprètes et ses
personnages...
Message from the
King
ne déroge pas à cette règle qui cimente l’œuvre toute entière
de Fabrice du Welz. Car même s'il aborde chaque fois des thématiques
différentes, son œuvre est d'une cohérence rare. Dans le fond et
dans la forme. Simpliste, disais-je un peu plus haut. Le scénario
écrit à quatre mains par Stephen Cornwell et Oliver Butcher l'est
peut-être, mais ce qu'en a produit l'esprit créatif de Fabrice du
Welz est digne d'un auteur capable de marquer de son empreinte unique
chaque facette de son œuvre. Cette histoire toute simple, c'est
celle de Jacob King, membre d'un gang du Cap qui débarque à Los
Angeles après avoir reçu un appel désespéré de sa sœur Bianca qui lui
demande de lui venir en aide. Disparue depuis plusieurs semaines de
l'appartement qu'elle partageait avec son compagnon Alex et le fils
de ce dernier, Jacob enquête afin de retrouver Bianca. Mais un tour
à la morgue lui révèle la terrible réalité. Non seulement sa
petite sœur est morte, mais elle a subit de terribles tortures avant
de rendre son dernier souffle. Voulant venger la mort de Bianca,
Jacob va mettre à jour un réseau de drogue qui s'avérera en fait
n'être que la partie émergée de l'iceberg...
Trois
ans après le tétanisant Alléluia,
Fabrice du Welz revenait donc avec Message from
the King.
Un thriller... une banale histoire de vengeance... mais qui sous la
houlette du réalisateur belge prend d'effarantes proportions. D'une
violence rare, le film est une exploration de l'âme humaine dans ce
qu'elle peut avoir de plus sombre. Et l'on ne parle pas ici du héros,
formidablement interprété par l'acteur Chadwick Boseman qui livre
une composition absolument remarquable de justesse. L'acteur ne
dévoile pas qu'une partition tournant autour d'un homme ivre de
vengeance. Originaire de Anderson en Caroline du Sud, l'acteur
assimile parfaitement toute la palette d'émotions de son personnage.
Entre larmes retenues, blessures profondes, regrets et remords,
Chadwick Boseman est simplement extraordinaire et porte pratiquement
à lui seul le film de Fabrice du Welz. Comme toujours, le cinéaste
prend un soin méticuleux concernant les seconds rôles. C'est ainsi
donc qu'entre les méchants de services (Alfred Molina dans la peau
de Preston, Luke Evans dans celle de Paul Wenthworth pour ne citer
que ces deux exemples) et la fragile Kelly, superbe et touchante
rencontre interprétée par Teresa palmer, Fabrice du Welz s'offre un
casting en or. Mais ne choisissant jamais de se reposer sur ses
lauriers, le cinéaste réalise une œuvre d'un réalisme parfois
outré. L'un des nombreux points fort du film, c'est forcément son
univers. Dès les premières minutes, le belge parvient à instaurer
un climat de danger qui perdure jusqu'au dernier instant. Los Angeles
n'aura jamais parue aussi sombre, sale, sinistre et pessimiste. La
moindre enseigne prend des allures de coupe-gorge. Le moindre faciès
semble cacher de bien mauvaises intentions... Drogue, prostitution et
même, pédophilie... On tient sans doute avec Message
from the King,
le film qu'Abel Ferrara n'est désormais plus en mesure de nous
offrir. L’œuvre de Fabrice du Welz est sans doute le digne
successeur de Bad Lieutenant...
Une sacrée référence...
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